
En marge du premier colloque des journalistes économiques de l’UEMOA, tenu du 25 au 27 juin 2025, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, sur le thème : « Le journalisme économique à l’ère des mutations technologiques et de l’intégration régionale : défis, opportunités et perspectives pour l’UEMOA », Sidwaya s’est entretenu avec Léonard Dossou, coordonnateur de la Plateforme des médias de l’UEMOA, structure initiatrice et organisatrice de cet évènement. Dans cette interview, M. Dossou revient sur les raisons de l’initiative du colloque, les principales conclusions qui en sont issues, ainsi que les défis à relever pour permettre à la presse économique et financière de contribuer pleinement à l’intégration régionale et au développement socioéconomique de l’espace communautaire ouest-africain.
Sidwaya (S) : Vous avez organisé pour la première fois un colloque des journalistes économiques de l’UEMOA, du 25 au 27 juin 2025, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui a motivé une telle initiative ?
Léonard Dossou (L. D) : Au vu de tout ce que nous avions entendu lors des panels, des
débats, des échanges, nous croyions que nous ne nous sommes pas trompés en initiant la
première édition de ce colloque qui avait pour thème : « Le journalisme économique à
l’ère des mutations technologiques et de l’intégration régionale : défis, opportunités et
perspectives pour l’UEMOA ». La presse économique opère dans notre espace communautaire depuis des années. Et face au vaste mouvement de changements, de
mutations technologiques, économiques, etc. De ces dernières années, il était important que nous réfléchissions ensemble sur la contribution pratique des médias, de la presse économique au développement économique et social de notre espace communautaire. Et au vu des résultats, des rapports, de l’apport des débats dynamiques auxquels nous avons assisté, nous pouvons nous réjouir de l’avoir initié.
S : Concrètement, de quoi a-t-il été question au cours de ce colloque ?
L. D : Durant ces deux jours, nous avons eu des débats intenses grâce au soutien des
universitaires, des journalistes spécialisés, des experts, des consultants qui sont venus
des huit pays de l’UEMOA. Avec plus de 100 participants, les débats ont tourné
essentiellement autour du besoin crucial de la formation continue, de la spécialisation
des journalistes économiques, de l’encadrement éthique de l’usage des
technologies numériques, de l’introduction de l’Intelligence artificielle (IA) dans nos
rédactions, comme c’est déjà le cas avec certains médias.
Aujourd’hui, il est important de profiter de cet outil qu’est l’IA dans le bon sens, afin que cela serve notre espace communautaire. Le financement des médias, le nouveau modèle économique de nos médias, la diversification ou les stratégies de diversification des sources de financement de nos médias, la faible représentation des femmes dans le journalisme économique dans notre espace communautaire, le rôle clé de la presse dans la vulgarisation des réformes politiques et des projets régionaux étaient également parmi les sujets cruciaux dont nous avons débattu. Et il y avait un grand intérêt qui s’est traduit par la participation active et efcace des uns et des autres, visant à renforcer le rôle dynamique
de la presse économique dans le développement économique de notre espace
communautaire.
S : Après deux jours d’échanges, de réflexions, de partages d’expériences, quelles sont les principales conclusions ou recommandations issues de ce premier colloque ?
L. D : Nous allons faire sortir bientôt le rapport et les recommandations que nous
allons transmettre à notre partenaire principal, à savoir la Commission de l’UEMOA. En attendant, il est recommandé d’insister sur le renforcement des capacités des médias. Car, face aux mutations technologiques, il est très important de renforcer les capacités de nos médias pour mieux les préparer à affronter les défis technologiques qui se présentent aujourd’hui, à revoir les modèles économiques de nos rédactions. Aujourd’hui, les médias sont de véritables entreprises qui doivent être gouvernées, gérées en bonne et due forme comme toute autre entreprise. Et c’est de là qu’est né le débat sur la fiscalité à appliquer aux médias, aux entreprises de presse.
La principale conclusion est que dès l’année prochaine, nous allons, avec l’appui de nos
partenaires, organiser le prix du meilleur journaliste économique de notre espace
communautaire. Et cette recommandation est revenue plusieurs fois.
Grâce au partenariat avec la Commission de l’UEMOA, nous allons organiser, avec
l’ensemble de tous les médias des huit pays, par le truchement de la Plateforme des
médias de l’UEMOA, un forum économique à l’issue duquel nous allons distinguer les
meilleurs journalistes de notre espace communautaire qui essaient de travailler, de
manière professionnelle, intelligente et avec une intégrité recherchée.
S : Est-ce, à travers ce prix, une façon pour la Plateforme d’amener les journalistes à s’intéresser aux sujets liés à l’économie, à l’intégration sous régionale ?
L. D : Naturellement, comme vous le devinez, c’est l’objectif essentiel. Car, les médias
spécialisés économiques ne courent pas les rues, comme on l’a vu lors du panel sur l’état
des lieux, la cartographie de la presse économique dans notre espace
communautaire, ses forces et faiblesses. Dans les diférents pays de notre Union, les gens
préfèrent aller aux médias généralistes, souvent orientés politiques.
Car, en journalisme économique et financier, c’est plus compliqué, plus difcile. Nous voulons
encourager les gens à s’orienter vers cette spécialisation. Aujourd’hui, le rôle d’un média
économique dans le développement d’un pays n’est plus à démontrer. Les médias
sensibilisent, informent les citoyens, fait la promotion de la gouvernance et de l’intégrité,
accompagnent le développement des investissements, du marché financier, du
marché régional, du secteur privé. Après tout, l’information économique est capitale aujourd’hui. Il est donc très important d’inviter les gens, surtout nos jeunes journalistes à s’intéresser à la chose économique.
S : Peut-on conclure que ce premier colloque des journalistes économiques a été une réussite ?
L. D : Au sortir ce colloque, nous pouvons dire bravo à toutes et à tous. Ce n’est pas seulement le succès ou la réussite de la Plateforme des médias de l’UEMOA, mais de tous les confrères qui sont venus des huit pays de notre espace communautaire ; c’est grâce à
leur soutien que ce colloque a été un succès éclatant, reconnu par tous. Nous sommes fiers
et très contents d’avoir initié ce colloque, au vu de la qualité des débats et de la
contribution des uns et des autres.
S : Ce premier colloque a été rendu possible grâce à l’appui de la Commission de l’UEMOA. Avez-vous un message à l’endroit de partenaire stratégique ?
L. D. : Naturellement ! Cela a été clairement dit dans tous les discours, toutes les interventions. La presse économique de notre espace, a eu une seule chance : celle d’avoir un président de la Commission de l’UEMOA qui a une écoute attentive à son égard et qui s’est approprié notre vision d’améliorer, de renforcer notre contribution en tant que
médias au développement socioéconomique de notre sous-région. A travers votre média, je
tiens à remercier la Commission de l’UEMOA avec à sa tête, le président Abdoulaye Diop,
pour tout ce qu’il fait pour la presse économique de notre espace.
Toutes les fois que nous nous rapprochons de lui, que nous lui soumettons nos préoccupations, nos difcultés, il a toujours été à notre écoute, nous a toujours appuyés. Nous tenons également à remercier le représentant-résident de la Commission de l’UEMOA à Abidjan, Gustave Diasso, qui a été avec nous durant tout le colloque. Il est l’un des acteurs de la réussite de ce colloque, surtout grâce à son dynamisme.
Sans oublier les autorités ivoiriennes pour leur accueil de tous les participants et le comité
d’organisation piloté par madame Emeline Amangoua, qui ont fait un travail remarquable
; ainsi que tous les confrères qui sont venus de diférents horizons de l’espace
communautaire pour qu’ensemble, nous puissions réfléchir sur le développement de
nos médias, notre contribution, participation au développement économique de notre sous-région, afin de rehausser l’image de marque de la presse économique de la zone UEMOA.
Nos remerciements vont également à tous les partenaires, à tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont assistés, appuyés, nous ont conseillés.
S : Une question qui est également revenue lors de ce colloque est celle du nécessaire soutien des médias économiques et financiers par les organisations et institutions sous régionales, à l’image de cet exemplaire et salutaire accompagnement que fait la Commission de l’UEMOA…
L. D : Au regard de tout ce que la Commission de l’UEMOA fait aujourd’hui pour la presse
économique dans notre région, il y a lieu d’inviter les autres institutions à lui emboîter
le pas. Nous invitons nos partenaires stratégiques comme la BCEAO, la BOAD, la
BRVM, l’AMF-UMOA, l’UMOA Titres à nous accompagner, à s’intéresser aux activités de la
Plateforme des médias de l’UEMOA. Nous invitons également les grands groupes, les
grandes entreprises qui sont dans notre sous-région, comme Coris Bank International,
Ecobank, NSIA Banque, etc. à nous appuyer, car aucun développement n’est possible sans
la presse économique, sans le quatrième pouvoir en général.
Nous avons besoin de ces partenariats pour mieux jouer notre rôle. Il est aussi revenu
plusieurs fois, qu’entre médias spécialisés, nous devons renforcer la collaboration, la
coopération, pour mieux impacter notre sous-région. Ensemble, on est fort. Comme on le dit, quand vous voulez aller vite, vous pouvez aller seul, mais quand vous voulez aller sûrement loin et réussir, c’est ensemble que nous pouvons le faire. Nous invitons tout le monde à nous rejoindre. La Plateforme des médias de l’UEMOA est ouverte à tous, sans
discrimination. N’importe quel média, n’importe quel journaliste qui opère dans
notre espace et qui est spécialisé et qui pense qu’il peut apporter quelque chose, la porte est ouverte, afin que nous puissions travailler ensemble l’atteinte de nos objectifs communs.
Interview réalisée par
Mahamadi SEBOGO
windmad76@gmail.com