La commission technique indépendante chargée de proposer des textes et un agenda de la transition politique a rendu les conclusions de ses travaux, le 23 février 2022 au Président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba. Environ 10 000 contributions citoyennes ont été enregistrées et ont permis d’élaborer « une Charte constitutionnelle » et un agenda pour encadrer la conduite de la Transition.
C’est ce lundi 28 février 2022, selon le chronogramme annoncé à la conférence de presse du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), samedi 26 février dernier, qu’ont lieu les Assises nationales réunissant des représentants des composantes des forces vives de la Nation en vue de faire des recommandations et ‘’ valider ’’ les documents finaux ( la Charte, l’Agenda et les Valeurs de la Transition) qui baliseront le chemin de cette période transitoire jusqu’à la tenue des prochaines élections présidentielle, législatives et municipales et en soutien à l’œuvre de refondation entreprise par le MPSR.
Le substrat de cette refondation repose sur une conscience citoyenne accrue mettant en avant des valeurs de référence telles que le patriotisme, l’intégrité, l’exemplarité, la justice, la vérité, l’impartialité, la transparence, la redevabilité, le sens du sacrifice, le respect, l’humilité, l’amour du travail (bien fait) et le mérite. C’est à ces valeurs, semble-t-il, que le projet de Charte de la Transition qui sera soumis à l’examen des délégués aux Assises nationales, a été nourri.
Si les ‘’ transitaires ’’ de 2015 n’ont pas expressément gravé dans le marbre les missions de la Transition, celle en gestation a pris le soin d’en préciser les contours. La mission de la Transition sera donc d’assurer progressivement la sécurisation du pays et le rétablissement de l’intégrité du territoire, de répondre efficacement à la crise humanitaire, d’engager des réformes ‘’ ardues ’’ contre la corruption, de débarrasser la vie politique de « ses dérives et pratiques indignes » et d’œuvrer à la réconciliation nationale.
Les propositions d’organes de transition (un président de Transition qui est le président du MPSR, un gouvernement de Transition, une Assemblée législative de Transition (ALT) et un Conseil d’orientation et de suivi de la Transition (COST)) ont tenu compte des valeurs de référence et du souci d’une réduction du train de vie de l’Etat.
« L’administration publique que nous voulons mettre en place doit constituer en elle-même, par son mode de fonctionnement et par les valeurs morales des premiers responsables, un outil qui dissuade… Dans l’esprit des aspirations de notre peuple, je m’engage à gouverner par l’exemple et dans la sobriété, loin du faste des temps de paix », avait indiqué le Président Damiba à l’issue de sa prestation de serment, le 16 février dernier.
Ainsi, le prochain gouvernement devrait être composé tout au plus de 20 ministres contre une trentaine dans le précédent. Ils seront payés conformément au décret 2008 portant rémunération du Premier ministre, des membres du gouvernement et des présidents d’institution même si cela ne résout pas la question de la prise en charge de certains ‘’ appelés ’’ du secteur privé et des organismes internationaux.
L’Assemblée législative de Transition devrait être composée de cinquante et un membres (soit une réduction de près de la moitié comparée au CNT de 2015 qui avait 90 membres désignés) qui devront se contenter des frais de session. A l’image de l’ALT, le mandat au sein du Conseil d’orientation et de suivi de la Transition est aussi gratuit.
Ce nouvel organe a pour rôle de définir les grandes orientations sur les questions de paix, de stabilité et de sécurité nationale, les grandes orientations de la politique de l’Etat. Comme par anticipation à la dissolution programmée du MPSR, le COST « hérite » une partie des prérogatives du Mouvement qui est, jusqu’à l’adoption de la Charte, l’organe central de définition et d’orientation de la politique sécuritaire, économique, sociale, de développement et de la restauration de l’intégrité du territoire.
Assaillis de toute part par les attaques terroristes, les Burkinabè tiennent le MPSR aux mots de sa première déclaration et n’attendent rien de moins des organes de la Transition que la relance rapide véritable de la machine administrative, sécuritaire, économique… et les jalons de la refondation.
Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr