Comme son homologue français, Emmanuel Macron, le Président malgache, Andry Rajoelina, vit des moments difficiles, voire cauchemardesques. En cause, sa gouvernance fortement décriée par nombre de ses compatriotes, à travers le mouvement Generation Z. Depuis deux semaines, des Malgaches prennent d’assaut les rues de la capitale, Antananarivo et d’autres localités, pour dénoncer les coupures d’eau et d’électricité à répétition, la corruption, le népotisme et d’autres maux qui minent l’administration.
La société nationale d’eau et d’électricité, JIRAMA, est particulièrement dans le collimateur des manifestants, qui n’en peuvent plus de ses contreperformances. Pour calmer les tensions, le chef de l’Etat malgache, réélu en 2023 pour un second mandat de 5 ans, multiplie les actions, mais il est loin d’avoir trouvé une thérapie de choc. Rajoelina
a d’abord sacrifié le ministre de l’Energie, avant de faire tomber tout le gouvernement, et de propulser, en ce début de semaine, le général Ruphin Fortunat Zafisambo à la Primature, avec pour mission de rétablir l’ordre et la confiance.
L’ex-chef de cabinet militaire du Premier ministre sorti, Christian Ntsay, a six mois pour faire ses preuves, faute de quoi, il sera purement et simplement remercié par Rajoelina. Le chef de l’Etat malgache est sur un siège éjectable et il le sait, et tente le tout pour le tout pour calmer la rue très en colère.
En tous les cas, le mouvement Generation Z ne voit pas d’un bon œil la promotion du Gal Zafisambo, qu’il assimile à une sorte de diversion politique. Les pourfendeurs du régime ne promettent-ils pas d’ailleurs de durcir le ton, pour se faire entendre par rapport à la nomination du nouveau Premier ministre ? Rajoelina est sous pression et la tension n’est pas visiblement prête à retomber, vu l’enthousiasme des manifestants à garder le cap. Le président malgache a beau accusé des forces étrangères de soutenir les manifestations contre son pouvoir, il doit des comptes à ses compatriotes, qui n’ont plus confiance à sa gouvernance.
En nommant un général, Rajoelina tente de reprendre la main en s’appuyant sur l’armée, mais pourra-t-il atteindre son objectif ? Selon certaines indiscrétions, certaines forces de l’ordre épousent la position des manifestants, mais n’osent pas l’afficher, devoir de réserve oblige. Et si le rapprochement avec l’armée du chef de l’Etat malgache visait à
anticiper un coup d’Etat, sa popularité étant en berne dans le pays ?
De toute évidence, Rajoelina semble avoir le dos au mur et devra rétablir la confiance avec une bonne partie de ses compatriotes qui le voient désormais comme le problème de Madagascar et non la solution à leurs problèmes. Régler les coupures d’eau et de courant s’impose comme une urgence, dans ce contexte explosif. Rajoelina a-t-il encore le temps de changer la donne, après tant de promesses vaines de lendemains meilleurs ? Le diable est déjà dans la maison Madagascar et il faut espérer qu’il ressorte vite…
Kader Patrick KARANTAO