Le récent complot déjoué au Mali et dont certains des protagonistes se recrutent dans les plus hautes sphères de l’Etat malien intervient après la série de pronunciamentos étouffés dans l’œuf au Burkina Faso ainsi que les agitations fébriles observées au niveau de certains syndicats nigériens réputés « faiseurs de rois ». Ce complot est symptomatique de la peur qui s’est emparée des puissances jadis tutrices de ces Etats depuis l’avènement des militaires patriotes et progressistes à la tête de ces pays qui présage de la fin de cette férule humiliante. Une peur qui s’est accrue depuis la mise en place de l’instrument par excellence de cette souveraineté à savoir la Banque confédérale pour l’investissement et le développement en juillet dernier à Bamako, si l’on convient que l’argent et donc son contrôle est le premier levier de cette souveraineté en gestation.
En effet, tout Etat qui n’a pas un contrôle immédiat sur son secteur financier et monétaire, ne peut prétendre mener une révolution socialiste au profit du plus grand nombre dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux du système capitaliste monopolistique dont les banques demeurent le moyen de domination par excellence. C’est ainsi qu’à coup de réajustements structurels et de faux moratoires sur la dette, les institutions financières internationales sont parvenues à maintenir nos Etats dans leur arriération sociale et économique actuelle, avec une pauvreté galopante malgré les indicateurs de croissance « réjouissants ».
Pendant ce temps, ces « templiers » de la finance, avec leurs relais locaux, réalisent des profits exorbitants sur le dos des masses travailleuses. Une mondialisation prédatrice loin des schémas présentés dans les cercles dirigeants mondiaux que Sankara avait voulu circonvenir en prônant le non-paiement de la dette et en lançant une réflexion prospective sur la création d’une monnaie africaine. Il le paiera au prix de sa vie tout comme le colonel Kadhafi qui avait dépassé le stade des bonnes intentions sur la question en hâtant la création de l’Union africaine à Syrte en 1999, avec pour objectif premier, la mise en circulation d’une monnaie africaine.
Les dirigeants du Sahel central sont dans cette optique avec cette banque qui va leur permettre d’enclencher un véritable développement endogène sans injonctions ni plan de route qui s’apparente à des lignes d’horizon. Des Objectifs du millénaire pour le développement aux actuels « mots d’ordre », les concepts sophistiqués se succèdent en pure perte. Seuls les sophistes bourgeois peuvent être contre ces mesures révolutionnaires urgentes, pratiquement tout à fait mûres, réalistes et réalisables au regard du potentiel économique des trois Etats qui est nettement supérieur à celui des Etats qui les maintiennent sous leur coupe.
Le fait qu’elles portent atteinte à leurs intérêts justifie leur ire et le capitaine Ibrahim Traoré ne se trompait pas lorsqu’il affirmait lors de la rencontre avec les forces vives de la région de Oubri (Ziniaré), que cette bagarre allait soulever la poussière. Cela la rend d’autant plus exaltante dans la mesure où à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire. Nous sommes donc en révolution, et, la lutte des classes qu’elle engendre sera âpre comme partout ailleurs jusqu’à la victoire des forces du progrès. Car, partout où il y a oppression, il y a résistance et lutte, comme nous l’enseigne la dialectique.
Boubakar SY