Salam du Ramadan : les relations de commerce

Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux. Louanges à Allah, qui a fait du commerce un moyen de subsistance licite et qui a béni ses fruits. Il en a fait, également, un des moyens de la préservation de la dignité de l’homme. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur le Messager de miséricorde, envoyé à l’univers comme tel et sur l’ensemble des croyants de tous les temps. Le commerce, en principe, est une activité licite par laquelle l’homme subvient à ses besoins, à ceux de sa famille et contribue au développement de sa société. Il met en relation un commerçant et un acheteur qui doivent s’interdire de léser l’autre dans la transaction afin qu’Allah la bénisse ainsi que ses fruits. Il dit, en effet, dans Son noble Coran : « Ô vous les croyants ! Que nul d’entre vous ne mange les biens d’autrui illégalement » (S04 V29).

L’objectif, pour le commerçant ou l’acheteur musulman, ne saurait être l’amas des richesses par cette activité. Dans tous les cas, à quoi servirait le monde à l’homme le jour où il ne pourra lever le moindre doigt ? Il s’agit, pour eux, par le commerce, de chercher à plaire à leur Seigneur à travers le respect des normes qu’Il a édictées. Une fois les normes respectées, Allah bénit leurs avoirs.

Le Prophète, interrogé sur le meilleur gain, répondit « ce que l’homme acquiert par le travail de ses mains et tout commerce licite ». C’est pourquoi, la quête de la satisfaction d’Allah conduit le musulman commerçant ou acheteur à s’interdire la vente ou l’achat de ce qu’Il a prohibé. C’est dans ce sens que les transactions commerciales ne peuvent concerner la vente de porc, d’alcool, des jeux de hasard, la bête morte … A ce sujet, le Prophète a dit : « Certes, Allah et Son Messager ont interdit la vente d’alcool, de la bête morte, du porc et des statues ». Le musulman doit s’interdire une telle vente quel que soit le gain apparent qu’il pense perdre. La satisfaction d’Allah n’a pas de prix. Rappelons-nous le cas de Ousmane, 3e Calife après le Prophète. Il envoya certains de ses servants faire du commerce. A leur retour, ils l’informèrent : « nous avons ramené un commerce, qui lorsqu’on investi un seul dirham, en rapporte dix ».

« Qu’est-ce que c’est ? » leur demanda-t-ils. Et ils répondirent : « le vin ». Il répliqua : « Le vin ! Alors qu’il nous a été interdit de le boire et de le vendre ! ». Il ouvrit les bouchons des récipients, sans se soucier de ce qu’il perdait comme investissement encore moins le gain qu’il pourrait rapporter, et renversa tout le vin. Aujourd’hui, l’insouciance de certains s’appréhende à travers leurs paroles. Ils disent que même le haram (ce qui est illicite), ils cherchent et ne trouvent pas. Il n’est point question, pour eux, de se fatiguer pour trier entre haram et halal (ce qui est licite). Ainsi, le musulman cherche la bénédiction d’Allah dans sa vie, dans sa famille, dans ses activités. Il se doit, pour cela, observer un certain nombre de valeurs. D’abord, le musulman doit être une miséricorde dans tout ce qu’il fait au profit des autres. Il s’oblige à la miséricorde dans ses transactions commerciales qu’il soit commerçant ou acheteur.

En tant que commerçant, le musulman s’interdit la spéculation et le surenchérissement. Contrairement à beaucoup de commerçants, à l’approche du mois de Ramadan, avec les produits de grande consommation comme le sucre, le riz, l’huile, le musulman ne doit créer, expressément, la pénurie afin de les sortir progressivement avec un surenchérissement inestimable. Ils abusent de la nécessité de consommation, de la naïveté et de l’ignorance des gens pour vendre. A ce sujet, le Prophète prévient : « Ne surenchérissez pas sur une marchandise afin de tromper les autres ». Comme si ces agissements ne suffisent pas comme péchés, on a l’impression, dans certains de nos marchés et yaars, d’être dans des mosquées, tellement on entend par-ci, par-là jurer au nom d’Allah « wallah » pour convaincre les clients alors qu’ils sont souvent sur du faux. « Le serment (le fait de jurer par Allah) aide à écouler la marchandise mais en détruit le profit », nous a, pourtant, dit le Prophète. Le musulman ne doit pas être moins miséricordieux en tant qu’acheteur. Certains profitent des déboires, des ennuis et souffrances des autres pour leur acheter des choses à vils prix. Afin de pouvoir faire face aux frais de traitement d’un membre de sa famille, quelqu’un peut se retrouver dans la contrainte de vendre sa propre parcelle d’habitation. Aucun musulman ne doit penser faire une bonne affaire s’il profite de la situation pour acheter le terrain à un prix insignifiant même s’il y va du consentement du vendeur qui est dans la contrainte de vendre.

C’est, aussi, pourquoi le système bancaire classique est décrit par rapport à certaines de ses pratiques qui ne présentent aucun signe de miséricorde à l’égard des clients. Soulignons que l’achat peut être une occasion de venir en aide, de préserver la dignité de certains vendeurs. C’est le cas, par exemple, de certaines vieilles personnes, de certains marchands ambulants qui peinent à joindre les deux bouts, à satisfaire leurs besoins. Sans trop discuter sur les prix proposés, le musulman acheteur pourrait même, afin de s’attirer les grâces d’Allah, payer plus que le prix ou laisser simplement la monnaie pour leur venir en aide. Le Prophète a prié pour celui qui agit ainsi en disant : « Qu’Allah fasse miséricorde à un homme conciliant lorsqu’il vend, lorsqu’il achète et lorsqu’il réclame son dû » et Allah de dire dans le Coran « Sois bienfaisant envers les autres comme Dieu l’a été envers toi. Ne favorise pas la corruption sur Terre, car Dieu n’aime point les corrupteurs » (S28 V77). Ensuite, la sincérité doit être de mise dans toute transaction commerciale afin qu’elle soit bénie par Allah. Commerçant comme acheteur doivent être sincère car « la religion, c’est la sincérité ». Aucun des deux ne doit chercher à tromper l’autre parce que cela ne saurait être l’attitude du musulman ; le Prophète ayant dit que « celui qui nous trompe n’est pas des nôtres ». La sincérité a beaucoup de mérites. Elle met le commerçant à un rang élevé comme le souligne le Prophète : « Le commerçant sincère et honnête sera avec les prophètes, les véridiques et les martyrs ».

La sincérité doit conduire le commerçant à faire preuve de bonne foi et de transparence par rapport à tout ce qu’il vend. Il doit préciser la qualité de son bien, ses défauts apparents comme cachés. C’est pourquoi le Prophète a dit : « Il n’est pas permis à une personne de vendre quelque chose sans en préciser les vices cachés ». La sincérité, dans beaucoup de cas, fait énormément défaut dans nos marchés et yaars. Beaucoup de commerçants abusent de l’ignorance des consommateurs. Sachant que ces derniers ne peuvent faire la différence entre les produits de première qualité de ceux de seconde et troisième qualité, ils les vendent tous sans distinction au prix de la première et en jurant qu’ils sont de cette qualité. Concrètement, ils te font acheter un produit de seconde qualité en te précisant qu’il est de la première qualité. Et à la fin, ils se disent satisfaits parce qu’ayant engrangé beaucoup de bénéfices alors qu’auprès d’Allah, ils commettent un grand péché. Ils altèrent, par de tels agissements, la qualité des relations entre les hommes. Très souvent, l’argent gagné ne les sortira pas de la pauvreté et leurs affaires risquent de ne pas prospérer. Que beaucoup de commerçants qui se plaignent toujours s’interrogent par rapport à leur respect des principes et valeurs qui encadrent leurs activités commerciales. Nous devons tous savoir que la foi ne consiste pas seulement à observer la prière ou le jeûne. Elle englobe, également, nos relations avec nos semblables. C’est dans ce sens que le commerçant et l’acheteur doivent prêter attention et agir avec la crainte d’Allah pour que leurs actions soient bénies de Lui. Seigneur Allah, donne-nous la clairvoyance de mettre la quête de Ton amour au-dessus de tout autre. NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.

Dr Inoussa COMPAORE Imam à l’AEEMB et au CERFI

Laisser un commentaire