Sécurité et développement : la résilience des populations au cœur d’un atelier

La Fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS), en partenariat avec le bureau d’étude INDABA international, a organisé, les 9 et 10 octobre 2020 à Ouagadougou, un atelier sur la sécurité et le développement autour des « Vulnérabilités et résilience des populations face aux actions des groupes armés non formels ».

Les attaques récurrentes des groupes armés auxquelles font face le Burkina Faso depuis 2015, ont entrainé une crise humanitaire qui a rendu les populations vulnérables. En attendant une sortie de crise, la Fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS) pose le débat sur le lien entre sécurité et développement lors d’un atelier, les 9 et 10 octobre 2020, à Ouagadougou, en partenariat avec le bureau d’étude INDABA internationaux. Des experts en sécurité et développement et des responsables communales et associatifs venus des régions en proie aux attaques (Sahel, Centre-Nord et l’Est) et du Centre ont échangé autour des «Vulnérabilités et résilience des populations face aux actions des groupes armés non formels». Le premier paneliste, Dr Emile Ouédraogo, ancien ministre de la Sécurité, est revenu sur les liens entre sécurité et développement dans le contexte sahélien. Pour lui, la question sécuritaire n’était pas prise en compte dans les projets de développement. Selon ses dires, l’insécurité peut donc être la cause du sous-développement, parce qu’affectant les activités sur le plan des investissements, impactant négativement la croissance. En retour, selon les explications de l’expert en sécurité, « trop de pauvreté, peut être source d’insécurité et de violences ». « De nos jours, on ne peut parler de développement sans parler de sécurité, ce qui fait que ça devient un binôme intrinsèquement lié », a affirmé Dr Ouédraogo.

Quatre autres panélistes se sont focalisés sur les « perceptions et conséquences des récentes attaques des groupes armés terroristes sur la société burkinabè ». Ce sont le gouverneur du Centre-Nord, Casimir Segda, le secrétaire général du Collectif de lutte contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), Dr Daouda Diallo, le maire de Fada N’Gourma, Jean-Claude Louari et celui de Baraboulé, Boureima Dicko. Tour à tour, ils se sont prononcés sur les habitudes, les mouvements de personnes, la vie quotidienne, la sécurisation, l’administration, les tensions intercommunautaires. A cela, ils ont ajouté les débats au sein de la société, les milices ou groupes d’autodéfense, les actions de l’Etat, les perceptions vis-à-vis des forces étrangères. Un autre panel s’est intéressé aux « options pour renforcer la résilience : comment s’organiser pour amener la société à rejeter les idéologies véhiculées par des extrémistes violents et de dénoncer ceux qui défendent ces idéologies ? ». A ce niveau, les discussions ont porté sur les « manières et modalités d’implication effective et réelle des populations dans la prévention et la lutte contre la propagande des idéologies violentes».

Les médias piégés

Les communications ont été faites par le coordonnateur de l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC), François de Paul Ramdé, la représentante du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), Fatoumata Vicens, la responsable de Think Tank Burkina international, Salimata Nébié, le Directeur général (DG) du cabinet Beta concept SARL, Boukary Tapsoba et le directeur général des Editions Sidwaya, Mahamadi Tiégna.

Pour le DG des Editions Sidwaya, les medias se trouvent piégés entre couvrir ou ne pas couvrir les actions des groupes armés. « Sinon, les medias peuvent jouer un rôle propagateur dans la médiation des actes terroristes. Pour amoindrir le choc des attaques terroristes sur la population, les medias ont un grand rôle à jouer, en allant dans la positivité pour ne pas servir la cause des entreprises terroristes », a-t-il dit. Les efforts en cours dans la prise en charge des victimes du terrorisme étaient aussi au menu des échanges. Salimata Nébié a rappelé que les activités terroristes constituent des actes criminels. Elle a précisé que le Système des Nations unies, reconnaît les droits et le rôle des victimes, dans sa Stratégie antiterroriste adoptée en 2008. A ce titre, les Etats- membres doivent instituer des systèmes nationaux d’assistance, en privilégiant les besoins des victimes du terrorisme et de leur famille afin de faciliter leur retour à une vie normale.

En plus des échanges, les acteurs intervenants dans les zones en proie aux terrorismes ont donné de « riches témoignages » sur la situation de leurs localités. Au terme des travaux, le PDG du bureau d’études INDABA, Laurent Kibora, a salué la contribution et l’engagement des participants. Il a exhorté les différents experts à poursuivre les recherches pour un Burkina prospère et affranchi du terrorisme, de violences et d’insécurité.

Mariam OUEDRAOGO
mesmira14@gmail.com

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