C’est une nouvelle qui relance l’espoir d’un retour à la paix au Soudan, pays en guerre depuis avril 2023. Alors que les combats font rage et que ce pays d’Afrique du Nord est au bord de la scission, quatre pays viennent de signer une déclaration commune, pour entreprendre une sortie de crise. Il s’agit de l’Egypte, des Emirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis.
Ces Etats s’engagent à déployer les efforts nécessaires pour soutenir une résolution négociée du conflit qui débouchera sur l’élection d’un gouvernement civil, avec en priorité l’obtention d’une trêve de trois mois, pour faciliter l’entrée en urgence de l’aide humanitaire. Réussiront-ils à calmer les ardeurs des belligérants, notamment l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah Al-Burhane et les forces paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo ?
C’est la question qui est sur toutes les lèvres actuellement, dans ce Soudan abonné aux coups d’Etat et aux guerres, qui en donne à nouveau l’illustration avec le conflit des généraux. En s’associant à cette initiative, l’Egypte et les Emirats arabes unis, le premier pays soutenant l’armée régulière et le second soupçonné d’aider les forces paramilitaires, démontrent la nécessité de ramener la paix en terre soudanaise, au-delà des intérêts égoïstes. Il faut espérer que la déclaration commune, qui tient lieu d’engagement, puisse produire l’effet escompté en permettant d’aboutir à une paix durable.
Les quatre pays signataires du document pourraient user de leur poids et influence, avec les Etats-Unis en tête, pour amener les acteurs de la crise à faire taire les armes et donner la chance à la paix. Les Soudanais souffrent dans leur chair du fait de cette nième guerre pour le pouvoir et ne bouderaient pas leur plaisir à vivre à nouveau cette paix tant chérie. Il y a de quoi être optimiste, au regard des pays à la manœuvre, mais le pessimisme aussi demeure, vu les accords de paix en souffrance. Le souhait est que cette nouvelle initiative ne piétine pas comme les autres.
En effet, jusque-là, des efforts ont été déployés par la communauté internationale, avec à la clé plusieurs actions pour la paix, mais la guerre au Soudan ne recule pas. L’accord de Djeddah de mai 2023 et celui de Doha de 2024, censés respectivement favoriser un cessez-le-feu entre les parties et protéger les civils et les opérations humanitaires, n’ont pas été respectées par les acteurs du conflit.
Les deux factions, qui se disputent le pouvoir, sont responsables d’une situation chaotique, avec environ 150 000 morts et près de 13 millions de déplacés depuis le début des hostilités, selon des estimations de l’Organisation des Nations unies (ONU). Les nombreux appels au cessez-le-feu se sont noyés dans le crépitement des armes et c’est triste pour le Soudan, pays complètement à genou. Si la situation socioéconomique de ce pays est très inquiétante, le pire pourrait venir de sa scission qui se dessine.
Les forces paramilitaires, qui ont échoué à garder le contrôle de Khartoum, la capitale, règnent en maitre au Darfour dans l’Ouest et dans le Centre-Sud et comptent exploiter cette position. Aussi ont-ils nommé, en juillet dernier, un Conseil présidentiel et un Premier ministre, sous prétexte de venir en aide aux populations sous leur contrôle. De toute évidence, le Soudan va à vau-l’eau comme une barque et la déclaration des quatre pays vient à point nommé, si elle ne constitue pas une lueur d’espoir. A quand la paix dans ce pays qui n’arrive pas à rompre avec son cycle d’instabilité ?
Kader Patrick KARANTAO