C’est la fin des spéculations sur les ambitions présidentielles du général Mamadi Doumbouya. S’il a gardé le suspense un bon moment, le président de la Transition en Guinée s’est finalement porté candidat à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Il a choisi le dernier jour de dépôt des candidatures, lundi 3 novembre, pour soumettre son dossier à la Cour suprême de Conakry, accompagné de plusieurs membres du gouvernement. En posant cet acte, l’ex-commandant des forces spéciales guinéennes, le Gal Doumbouya, tombeur d’Alpha Condé en septembre 2021, revient sur sa promesse de rendre le pouvoir aux civils à l’issue de la période transitoire.
Les opposants, qui voyaient ce scénario se dessiner depuis longtemps, crient au scandale, mais le chef de l’Etat guinéen peut légalement s’appuyer sur la nouvelle Constitution pour briguer la magistrature suprême. Si le texte contenait au départ une interdiction faite aux membres de la Transition de se présenter aux élections, cette disposition a été finalement enlevée de la loi fondamentale, ouvrant la voie au Gal Doumbouya. Ses partisans, qui n’avaient de cesse l’appeler à se jeter à l’eau, eux jubilent, espérant voir leur leader consolider son pouvoir avec le vote au suffrage universel.
Si la candidature alimente les conversations, elle ne saurait faire ombrage aux efforts consentis par les autorités de la Transition pour un retour à un ordre constitutionnel normal, après des années d’incertitude. Certains observateurs en étaient arrivés à dire que la Guinée n’allait plus renouer avec la démocratie, tant que le Gal Doumbouya démontre le contraire. Quitte à ce que le processus électoral ne soit pas exempte de tout reproche. Une dizaine d’autres candidats ont aussi fait acte de candidature pour défier l’homme fort de la Guinée, mais les figures politiques marquantes de ces dernières années vont manquer à l’appel.
Les ténors de l’opposition, tous en exil, notamment l’ex-Président Alpha Condé qui ne s’avoue toujours pas vaincu, Celloun Dalein Diallo et Sidya Touré ne seront pas sur la ligne de départ. Des dispositions relatives à la limite d’âge ou à la présence sur le territoire national les empêchent de proposer leur candidature. Si sa candidature est validée, ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute, Doumbouya sera donc sur un boulevard, face à des adversaires qui ne pourront pas arrêter son élan, tant il a réussi à asseoir son autorité dans son pays.
A l’épreuve du pouvoir, bon nombre de Guinéens voient en lui, la personne à même de conduire le pays vers des lendemains plus radieux, tant les défis socioéconomiques constituent une montagne. De toute évidence, Doumbouya est parti pour rester aux affaires. Sauf cas de force majeure, on ne voit pas quel obstacle pourrait empêcher le président de la Transition guinéenne de sortir vainqueur des urnes. Son premier mandat constitutionnel de sept ans (c’était 5 ans dans l’ancienne loi) semble être à portée de main, quitte à ce qu’il se fasse réélire si ses compatriotes lui font confiance. En tous les cas, la Guinée retrouve peu à peu le chemin d’un ordre constitutionnel normal et nous osons croire qu’elle ira jusqu’au bout, pour écrire de nouvelles pages de son histoire.
Kader Patrick KARANTAO




















