La reconstitution de la vie du père de la Révolution du 4-Août 84 est en marche. En effet, la remise au ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, jeudi 16 janvier 2024, des archives et des artefacts du Président Isidore Noël Thomas Sankara, par le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, traduit la volonté de tout un pays de rétablir la mémoire de l’une des illustres figures de son histoire contemporaine.
Cet acte du chef du gouvernement s’inscrit dans le sens de l’appel solennel adressé à toute personne physique ou morale qui détiendrait des témoignages oraux, écrits, sonores ou audiovisuels sur le capitaine Sankara qui a écrit l’une des pages les plus importantes de son pays, avant de connaître un destin tragique, un jeudi 15 octobre 1987.
Il fait partie des personnages dont le parcours enseigne à souhait que la qualité de la vie d’un homme ne dépend pas forcément de sa (longue) durée sur terre. Tant il est de plus en plus évident, en ce qui le concerne, que les idées et les actes survivent au temps et transcendent les adversités.
Pour avoir vécu utile, Thom Sank, 38 ans après sa disparition, entretient la nostalgie d’une fierté chez les personnes l’ayant bien, peu ou à peine connu, tout en suscitant l’audace, l’engagement, le don de soi et l’intégrité au sein de la jeune génération. La restitution progressive de ses archives et artéfacts est donc un acte de solidarité pour que la postérité découvre ses héros en Afrique, non plus dans les bibliothèques ou musées d’outre-mer.
De son école primaire à Gaoua, son empreinte au « Grand LOC » (Lycée Ouezzin Coulibaly) de Bobo-Dioulasso, son admission au Prytanée militaire du Kadiogo (PMK) et son séjour à Antsirabé (Madagascar) pour sa formation d’officier, Sankara a véritablement marqué son temps et certainement laissé des souvenirs insoupçonnés.
Chef militaire à la détermination et au courage inouïs, secrétaire d’Etat, Premier ministre et président du Faso, il a radicalement changé le visage de son pays dès son accession au pouvoir. De ses vastes chantiers de développement, aux réformes institutionnelles en passant par la diplomatie et ses « sorties » mémorables aux tribunes africaines et des Nations unies, Thomas Sankara a permis à son pays de prendre son destin en main, en empruntant la voie du développement endogène et de l’indépendance totale, sans occulter son combat sans merci contre l’impérialisme et le néocolonialisme.
Les documents officiels, les archives personnelles, les enregistrements audio et vidéo, les témoignages oraux et les archives internationales sont donc essentiels dans le vaste chantier de réhabilitation du héros national et panafricain.
La reconstitution de la vie du père de la Révolution du 4-Août doit servir de tremplin pour forger un Burkinabè nouveau. Figure emblématique du panafricanisme et de la lutte contre l’impérialisme, il continue d’inspirer des générations à travers le Burkina Faso, l’Afrique et le monde. Les archives jouent un rôle central dans la préservation de la mémoire collective. La constitution et la préservation de ses archives sont alors un devoir historique et moral pour l’Afrique et l’humanité. Elles permettent non seulement de protéger la mémoire d’un leader visionnaire, mais aussi d’éclairer les générations futures sur les enjeux de justice sociale, de souveraineté et d’autonomie africaine.
Face aux défis, il est crucial que les gouvernements, les organisations internationales et les citoyens s’investissent dans cette mission de collecte pour faire de l’héritage de Sankara, un outil d’éducation et d’inspiration durable.
Assetou BADOH