Violences basées sur le genre: des journalistes outillés

Le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité, en partenariat avec le Programme d’appui au développement sanitaire (PADS) et le soutien financier de la Banque mondiale, a formé des journalistes sur les violences basées sur le genre (VBG), du 1er au 3 décembre 2025, à Koudougou (région de Nando).

La thématique des Violences basées sur le genre (VBG) n’est plus un secret pour des journalistes burkinabè. En effet, une trentaine d’entre eux ont été formés à la question par le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité, en partenariat avec le Programme d’appui au développement sanitaire (PADS) et le soutien financier de la Banque mondiale, du 1er au 3 décembre 2025, à Koudougou (région du Nando).

Selon les organisateurs, l’atelier de formation au profit des professionnels des médias s’inscrit dans le cadre des « 16 jours d’activisme » 2025 qui est une campagne mondiale pour lutter contre les VBG.

Pendant trois jours, les participants se sont familiarisés avec les concepts clés de genre, les différents types de violences et les bonnes pratiques journalistiques pour une utilisation responsable de ces notions. A l’ouverture des travaux de la formation, le directeur régional de l’action humanitaire et de la solidarité de la région de Nando, Roland Kelem, a indiqué que les VBG au Burkina Faso constituent une véritable préoccupation. Il en veut pour preuve, l’enregistrement de 30 000 cas de VBG dont plus de 85 % concernent des femmes, par les services sociaux sur la période de 2021 à 2023.

Pour lui, ces statistiques ne sont qu’une partie visible de l’iceberg, du fait que beaucoup de survivantes ou victimes n’ont pas accès ou ignorent même les mécanismes ou canaux de dénonciation. « Ces données chiffrées cachent de nombreuses disparités, car derrière elles s’affichent des femmes et des filles fragilisées, des vies brisées et perdues ainsi que
des communautés entières touchées », a expliqué M. Kelem. Un premier module intitulé « Généralités sur le genre et les Violences basées sur le genre », a été animé par le juriste, expert des questions de genre, Désiré Tiendrebeogo.

Il a rappelé que le genre ne signifie pas l’égalité mathématique homme-femme, mais renvoie à l’ensemble des rôles, normes, inégalités et disparités construits socialement. Il a ajouté que les VBG regroupent toutes les violences exercées sur une personne en raison de son genre. Il a aussi présenté les différentes formes de violences qui sont physiques, morales, sexuelles, culturelles, économiques, patrimoniales, etc. qui résident dans les abus de pouvoir et les normes sociales discriminatoires qui perpétuent les inégalités
de genre.

Des conséquences individuelles et familiales

Le formateur a porté à la connaissance des apprenants, les conséquences des VBG qui sont individuelles (traumatismes physiques et psychologiques, problèmes de santé, grossesses non désirées) et familiales (éclatement de la cellule familiale, déscolarisation des enfants). Désiré Tiendrebeogo a également rappelé l’existence de plusieurs textes nationaux et internationaux, dont la Convention relative aux droits de l’enfant et la Résolution 1325 des Nations unies (Femmes, Paix et Sécurité).

Il a évoqué l’action de nombreuses structures étatiques et non étatiques, telles que le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), œuvrant sous la coordination du ministère en charge de l’action humanitaire. « La lutte contre les violences basées sur le genre se poursuit dans vos rédactions, dans vos reportages et dans vos choix éditoriaux. Vous êtes désormais des acteurs clés de ce combat », a-t-il déclaré.

La seconde communication, intitulée « Les journalistes sensibles au genre », a été livrée par le journaliste Tanga Kafando. A partir d’une analyse de contenus médiatiques, il a montré la faible représentativité des femmes dans les reportages, qui sont estimées
à seulement 20 % contre 80 % pour les hommes. Cette situation, a-t-il relevé, est liée aux pesanteurs sociales, la réticence de certaines femmes à s’exprimer publiquement ou encore la nécessité d’obtenir des autorisations familiales dans certains cas. Tanga Kafando a invité les journalistes à rechercher des sujets alternatifs, à valoriser les initiatives féminines et à créer un environnement favorable à la prise de parole des femmes.

Les participants, à travers leur représentante, la directrice régionale de la RTB de la région de Bankui, Fomie Marie Yé, ont exprimé leur satisfaction et salué l’initiative qui, selon eux, renforcera la qualité de leurs productions journalistiques sur les droits humains et l’égalité de genre. Ils ont été appelés à être des relais essentiels, à travers les reportages et les analyses dans l’optique de déconstruire les stéréotypes ou clichés, relever des victimes ou survivantes, rompre le silence et promouvoir une société de paix.

Boukary BONKOUNGOU

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