Originaire d’Amérique latine, la jacinthe d’eau est une plante aquatique présente dans les cours d’eau et barrages. Très répandue en saison pluvieuse, elle pollue l’eau, étouffant la vie aquatique et empêche la navigation sur l’eau.
Chaque année, en période de saison pluvieuse, la jacinthe d’eau est présente dans les cours d’eau et barrages du Burkina Faso. Cette plante aquatique originaire d’Amérique latine choisit ce moment pour se développer plus rapidement. C’est le cas présentement au barrage N°2 de Ouagadougou où elle a pris ses quartiers. Ce végétal, tapi sur la surface de l’eau, s’étend sur toute la largeur du barrage. A vue d’œil, cette plante de couleur verdâtre se laisse admirer.
Malheureusement, la jacinthe d’eau est une des plantes les plus envahissantes au point qu’elle constitue un obstacle pour la biodiversité et l’activité de pêche. Selon des études scientifiques, la présence de cette plante dans les plans d’eau cause de nombreux problèmes. En effet, elle pollue l’eau en étouffant la vie aquatique. En d’autres termes, certaines espèces comme le poisson ne supportent pas sa présence en ce sens qu’elle empêche la reproduction. Les pêcheurs éprouvent des difficultés pour se déplacer sur l’eau avec leurs pirogues parce que l’abondance de ce végétal aquatique constitue un véritable obstacle à la navigation.
De plus, la jacinthe d’eau accélère l’assèchement des barrages. Selon le président du comité local de la cellule Nord de l’agence de l’eau du Nakanbé, Kalifou Sam, chaque plante consomme environ cinq litres d’eau par jour.
Important dans l’équilibre de l’écosystème
Compte tenu du rôle capital du barrage N°2 dans l’équilibre de l’écosystème dans une capitale comme Ouagadougou, un regard particulier doit être accordé dans sa gestion. Dans sa communication sur « Les environnements urbains et leurs ressources en eau » au cours de l’atelier des journalistes sur « les enjeux de l’eau » tenu du 15 au 19 août 2022 à Dakar au Sénégal, l’expert de ONU Habitat, Pireh Okieno, a suggéré que l’on intègre l’eau et l’assainissement dans le cadre global du développement urbain. C’est pourquoi l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) engage, chaque année, environ une centaine de personnes pour débarrasser le barrage de cette plante envahissante et nocive pour l’eau. Cela, pour éviter, à en croire M. Sam, qu’elle ne se retrouve dans des barrages ou des fleuves plus importants au risque de créer une catastrophe.
Pour éviter de polluer la nature, la jacinthe d’eau sortie barrage est transformée en biogaz au niveau des services de l’ONEA. Ce biogaz va servir dans la production de l’électricité. Selon des études, la jacinthe d’eau peut être transformée en engrais organique phytosanitaire pour permettre aux jardiniers et aux agriculteurs de produire des produits bio sans apport chimique. Elle peut être aussi transformée en fibre dépolluante capable d’absorber l’hydrocarbure ainsi que des fibres d’acide et les polluants divers. Elle absorbe l’hydrocarbure et les métaux lourds (uranium, plomb, mercure, asianique). Pour un gramme de fibre, on peut absorber entre 10 grammes d’hydrocarbures d’huile de vidange. Dans le même ordre d’idées, cette plante invasive sert dans la fabrication des emballages biodégradables et aussi dans la protection hygiénique.
Paténéma Oumar OUEDRAOGO
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