Allaitement maternel : Un levier de santé publique, de justice sociale et de durabilité

Pour Dr Soliou Badarou, médecin spécialiste en santé publique et en santé maternelle et infantile, nourrir un enfant aujourd’hui, c’est construire un adulte capable demain.

Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), en partenariat avec l’UNICEF, a organisé le mercredi 7 août 2025 un webinaire autour du thème : « Et si l’allaitement maternel m’était conté ? ».

À l’occasion de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), en partenariat avec l’UNICEF, a organisé le 7 août 2025 un webinaire intitulé : « Et si l’allaitement maternel m’était conté ? ». Cette rencontre virtuelle a permis d’explorer les multiples facettes de l’allaitement exclusif, grâce aux éclairages du Dr Soliou Badarou, médecin spécialiste en santé publique et en santé maternelle et infantile.

Il a expliqué que l’allaitement maternel dépasse largement le cadre nutritionnel. Il mobilise des mécanismes hormonaux complexes, notamment la prolactine, qui inhibe l’ovulation. Selon lui,  cette hormone produite par le cerveau agit comme une méthode naturelle de contraception, souvent ignorée mais précieuse, surtout dans les milieux où la planification familiale est difficile d’accès. Il a insisté sur le fait que le corps féminin est biologiquement conçu pour espacer les naissances, à condition que les femmes soient accompagnées et soutenues dans leur démarche.

Sur le plan économique, le Dr Badarou a cité un rapport d’Oxfam datant de 2023, selon lequel « chaque seconde, environ 60 personnes basculent dans la pauvreté, en grande partie à cause des dépenses de santé ». Il a souligné que les enfants allaités tombent moins souvent malades, ce qui permet aux familles d’économiser sur les soins médicaux. Il affirme que  promouvoir l’allaitement, c’est renforcer la résilience économique des ménages et alléger la pression sur les systèmes de santé.

Le spécialiste a également évoqué l’impact de l’allaitement sur le développement du capital humain. En Afrique subsaharienne a-t-il fait savoir, l’indice moyen est de 0,5 sur 1, ce qui signifie que la moitié des enfants n’atteignent pas leur plein potentiel. Il a déclaré que l’allaitement exclusif constitue une base essentielle pour améliorer durablement la santé, les capacités cognitives et les performances futures des enfants.

Un geste écologique

Le Dr Badarou a mis en avant les avantages environnementaux de l’allaitement. Il a noté que contrairement aux substituts lactés industriels, il ne génère aucun déchet, ne nécessite ni transport, ni emballage, ni énergie. Il le qualifie de « geste zéro déchet, zéro carbone, entièrement renouvelable ». Promouvoir l’allaitement, selon lui, revient à  protéger l’environnement et réduire l’empreinte écologique des pratiques alimentaires infantiles.

L’environnement social joue un rôle crucial dans la réussite de l’allaitement. « Allaiter est une responsabilité collective, et non individuelle. Impliquer les hommes, c’est renforcer la chaîne de solidarité autour des mères », a-t-il affirmé.

Enfin, le Dr Badarou a tenu à déconstruire une idée reçue : le faible taux d’allaitement exclusif n’est pas propre à l’Afrique. Il a rappelé que  dans plusieurs régions du monde, la pratique stagne, souvent à cause de la publicité agressive pour les laits artificiels. Il a cité l’exemple de certaines maternités européennes qui ont supprimé les berceaux pour favoriser le peau-à-peau et l’initiation précoce de l’allaitement.

Le Dr Badarou a indiqué que promouvoir l’allaitement maternel exclusif, c’est agir en faveur de la santé publique, de l’équité sociale, de l’autonomie économique et de la transition écologique. C’est un acte simple, naturel, mais à haute valeur stratégique-t-il signifié.

Wamini Micheline OUEDRAOGO

 

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