Le Forum africain sur les systèmes alimentaires (AFSF 2025) se tient sur le thème : « La jeunesse africaine : fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes agroalimentaires », du 31 septembre au 5 septembre 2025, à Dakar, au Sénégal.
La jeunesse du continent est au centre du (AFSF 2025) qui se tient du 31 septembre au 5 septembre 2025, à Dakar, au Sénégal, sur le thème : : « La jeunesse africaine : fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes agroalimentaires ». La cérémonie d’ouverture de cette rencontre a eu lieu, le 1er septembre 2025, sous la présidence du Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, en présence du Président Rwandais, Paul Kagamé.
Selon le directeur de AFSF, cette conférence qui réunit 6 000 participants de plus de 80 pays et plus de 2 000 jeunes se veut un forum d’affaires, d’investissements, qui offre l’opportunité de faire le mélange et le point sur l’agenda continental, l’état des financements, la recherche, les partenariats, le leadership, mais également de partager les bonnes pratiques.
Le Commissaire à l’agriculture, au développement rural, à l’économie bleue et à l’environnement durable à la Commission de l’Union africaine (UA), Moses Vilakati, a indiqué que l’agriculture africaine fait face à des contraintes liées à la baisse des financements extérieurs, aux tensions géopolitiques, aux chocs climatiques ; mais le continent doit transformer ces défis en opportunités. Pour lui, l’Afrique a les moyens de réussir la transformation de son agriculture, de réduire ses importations alimentaires et de se nourrir, pour peu qu’elle s’inscrive dans la mise en commun de ses énergies et potentialités. L’U.A, à travers la déclaration de Kampala qui consacre la nouvelle stratégie et le plan d’actions du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA, 2026-2035), s’inscrit dans cette vision.
Le Président Bassirou Diomaye Faye a rappelé le rôle central des petits producteurs dans les systèmes alimentaires africains, en soulignant que pendant que se tient ce forum, ils sont des millions à être à la tâche dans les champs dans l’ultime but de nourrir leurs familles. Selon la FAO plus de 700 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde en 2024, en particulier en Afrique.
« Cette situation nous éloigne davantage de l’atteinte de l’objectif de développement durable N°2, c’est-à-dire zéro faim à l’horizon 2030 », a-t-il déploré. Pire, si les tendances actuelles persistent, plus d’un milliard de personnes seront sous-alimentées de manière chronique en 2030 et dont la moitié vivra en Afrique, faisant d’elle le continent le plus exposé au risque de l’insécurité alimentaire.
L’agriculture, le moteur la souveraineté alimentaire
Pourtant, avec 65% des terres arables du monde, d’importantes ressources hydriques et une main d’œuvre abondante qui lui confère la jeunesse de sa population (dont 60% ayant moins de 25 ans), l’Afrique a tout le potentiel qu’il faut pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, a souligné le chef de l’Etat du Sénégal. Pour lui, avec 2,5 milliards d’habitants en 2050, dont 600 millions de jeunes supplémentaires en âge de travailler, placer la jeunesse au centre des politiques agricoles est un impératif. Cette transformation du secteur agricole, a poursuivi le Président Faye, nécessite de la formation pour les jeunes, des investissements massifs.
Et le Sénégal s’inscrit dans cette trajectoire à travers l’Agenda national de transformation 2050 qui vise à faire de l’agriculture le moteur central pour atteindre la souveraineté alimentaire, le développement économique et le bien-être des populations. « Pour se nourrir, l’Afrique devra compter d’abord sur elle-même. Elle doit s’inscrire dans une dynamique de solutions endogènes, en s’appuyant sur son énorme potentiel », a martelé Bassirou Diomaye Faye.
Saluant cette orientation politique, la société civile a rappelé la nécessité pour l’Afrique de produire et transformer sur place pour se nourrir, au lieu d’être productrice de matières premières agricoles qui vont alimenter l’industrialisation d’autres continents. « Nous devons faire en sorte que tout ce que nous produisons en Afrique, puisse être transformé sur le continent pour y créer de la valeur ajoutée », a souligné le directeur exécutif de CICODEV Africa, Amadou Kanouté. Pour lui, l’Afrique n’atteindra pas sa souveraineté alimentaire sans un soutien conséquent aux jeunes, aux petits producteurs et sans une réelle prise en compte des systèmes de productions durables qu’offre l’agroécologie.
« Il est impossible de contrôler notre politique agricole et alimentaire si nous ne la faisons pas sur des bases durables, c’est-à-dire avec des facteurs de production que nous maîtrisons, notamment nos semences, nos terres, l’eau, etc. Il nous faut mettre en place des politiques articulées autour d’une vision et sortir de l’esprit de projets qui engendre une dépendance des porteurs de ces projets, des bailleurs de fonds qui sont derrière ces projets », a conclu M. Kanouté.
Mahamadi SEBOGO
(Depuis Dakar, Sénégal)