Côte d’Ivoire : l’indispensable dialogue

Les Ivoiriens se sont retrouvés dans un processus de paix, dont le plus important demeure les retrouvailles entre acteurs de premier plan qui se sont boudés jusqu’à la mort, il y a juste quelques temps. Ce, en attendant les facteurs déterminants qui scelleront un processus plus profond pour ramener la paix dans ce pays, leader économique en Afrique de l’Ouest. Se parler est donc possible quelles que soient les vicissitudes de la vie. Quel que soit le degré d’animosité. Ces retrouvailles entre fils de Côte d’Ivoire, sous l‘égide du gouvernement, avec quatorze partis politiques et une quinzaine d’acteurs de la société civile ivoirienne, est un bon point à l’actif de tous les Ivoiriens.

Il y a dans la vie, des moments, où il faut cesser de parler, pour se parler, des moments où il faut s’oublier pour les autres. Les Ivoiriens l’ont-ils compris ? Vont-ils l’admettre ? En tout cas, en attendant la suite des travaux, il y a lieu de saluer cette détente qui survient après des échauffourées qui ont émaillé la vie politique et fait trembler la nation ivoirienne dans tous ses bastions. Les Ivoiriens vont-ils alors pouvoir mettre au-dessus de tout, les intérêts, particuliers, « égoïstes », pour s’entendre ? Rappelons que dans ce genre de situation, les regards sont tous braqués sur le pouvoir.

En d’autres termes, Alassane Ouattara est celui qui captive tous les espoirs dans ces moments d’incertitudes. S’il s’érige en père de la nation, garant de la sécurité de tous les Ivoiriens. Il lui faudra donc trouver les mots justes, les décisions justes pour éloigner le spectre d’une vie à la limite entre guerre et paix dans un pays, qui a fait du credo de la paix, sa religion. Le troisième mandat n’est plus à vrai dire la question qui fâche, mais, si elle revient comme des miasmes de rappels, le souci de la classe politique reste aujourd’hui, quelle suite pour les leaders de l’opposition.

Après avoir installé un ministre en charge de la Réconciliation, Alassane Ouattara doit œuvrer à donner un contenu au concept. Pourra-t-il par exemple exonérer ses compatriotes qui sont sous mandats de dépôt, pour gagner la bataille de la paix ? En permettant à Maurice Kakou Guikahuet, secrétaire exécutif du PDCI, de partir se soigner, hors du pays, c’est un pas. Il doit œuvrer à élargir les hommes et femmes politiques qui dorment dans les prisons pour fait de position politique.

Il doit aller plus loin, en recevant son premier allier devenu farouche adversaire, en se conduisant comme Houphouët, son mentor. Pourquoi pas, sans que cela ne s’apparente à la politique fiction, Alassane peut pardonner à Soro. Ils ont tellement d’amis communs, que ce courant de paix, peut se faire, en supprimant déjà tout ce qui est passé. N’oublions pas, toutes les grandes figures de la classe politique par des jeux de dominos, ont flirté un jour comme alliés, ou comme adversaires, heureusement jamais comme ennemis. Donc, il est toujours possible de renouer le fil des retrouvailles.

Sur la question des législatives, sans s’autoflageller, le régime de Ouattara doit pouvoir lâcher du lest, en examinant avec moins d’œillets, les « solutions » de l’opposition pour une paix post-électorale, sinon, une trajectoire de paix en Côte d’Ivoire. Cette classe politique a le devoir de ne pas laisser l’impression, que le pays sans Houphouët Boigny n’est pas capable de se surpasser. Et puis, de l’intérêt du pouvoir RHDP, si l’opposition est inexistante, les enfants du parti, comme Cronos dans la mythologie grecque, cherchera ses provisions dans la cour familiale. Alors vivement que le pouvoir d’Abidjan fasse balle à terre, vivement aussi que l’opposition enterre définitivement son idée d’un CNT, et que chaque parti politique se regarde dans le miroir vers la paix. La Côte d’Ivoire en a besoin, ses voisins aussi.

Jean Philippe TOUGOUMA

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