COVID-19 : La pauvreté guette un demi-milliard de personnes dans le monde

La pandémie du coronavirus aura un impact sur la pauvreté et les inégalités sociales.

L’ONG OFXAM a publié un rapport sur l’impact du COVID-19 sur la pauvreté, les inégalités sociales, le 9 avril 2020. Dans son document intitulé « plan de sauvetage pour tou-te-s », elle dégage des pistes de solutions pour une sortie de crise durable et sur la nécessité de construire un monde égalitaire et plus juste.

La crise du COVID-19 risque d’aggraver la pauvreté, de creuser davantage le fossé des inégalités entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, a indiqué l’ONG OXFAM dans son document d’information médias du 9 avril 2020 sur son rapport intitulé Le prix de la dignité, «plan de sauvetage pour tou-te-s » pour endiguer les ravages économiques de la crise du coronavirus et rebâtir un monde plus égalitaire.

Selon une nouvelle analyse de l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’Université des Nations unies (UNU-WIDER), citée par OXFAM, du fait du coronavirus, environ d’un demi-milliard de personnes pourraient sombrer dans la pauvreté, soit 8 % de la population mondiale.

Et quel que soit le seuil de pauvreté considéré, cette hausse du nombre des pauvres pourrait représenter un recul d’une dizaine d’années, voire de 30 ans, sur les progrès réalisés pour réduire la pauvreté. Selon le pire scénario de l’étude, c’est-à-dire une diminution des revenus de 20%, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté dans le monde pourrait subir une augmentation de 434 à 611 millions. En Afrique subsaharienne, cette flambée des pauvres pourrait varier entre 44 et 111 millions.

Les pauvres, les plus affectés

En matière de pertes d’emplois, le rapport d’OXFAM indique que les prévisions de 25 millions de l’Organisation internationale du travail sont vite dépassées, des expert-e-s avançant désormais que 37 millions d’emplois pourraient disparaître rien qu’aux Etats-Unis. En Afrique, c’est près de la moitié des emplois qui pourraient être perdus suivant les estimations du PNUD. « A l’échelle planétaire, on estime que les pertes de revenus pour la main-d’œuvre pourraient atteindre 3 400 milliards de dollars », peut-on lire dans le rapport.

Pour OXFAM, ce sont les populations les plus pauvres qui vont payer le plus lourd tribut de cette crise de la maladie à coronavirus. Vivant au jour le jour, cette catégorie sociale n’a pas le loisir d’arrêter temporairement de travailler ou d’amasser des provisions, de bénéficier d’une protection effective du droit du travail, de disposer d’une épargne et de pouvoir s’isoler dans un logement sûr et connecté tout en étant en mesure de télé travailler et d’assurer l’instruction des enfants à la maison, note l’ONG.

C’est le cas des conducteurs et conductrices de taxi, des agents de nettoyage dans les hôtels, des balayeurs et balayeuses de rue, des livreurs et livreuses, des serveurs et serveuses, des employé-e-s des boutiques, des commerçant-e-s, des vendeurs et vendeuses sur les marchés et de rue, des agents de sécurité.

L’impact négatif de cette crise sanitaire et socioéconomique va encore être plus ressenti chez les femmes. Elles représentent 70% des personnels de santé à travers le monde, et qui sont les plus exposés au virus. Le fardeau des activités de soin non rémunérées qu’elles assurent à 75% va augmenter du fait des mesures de confinement. Sans oublier le risque de violences domestiques et sexuelles auquel femmes et filles confinées sont exposées, souligne le document.

Dans l’optique de contenir de manière durable les effets de cette crise et de construire un monde égalitaire, OXFAM propose un « Plan de sauvetage économique pour tou-te-s » autour de six mesures. D’abord, tirant leçon de la crise de 2008, l’ONG invite les gouvernements à mettre l’accent sur les subventions à travers des transferts monétaires à ceux qui en ont le plus besoin.

Imposer les grosses fortunes

Et d’ajouter qu’il est temps de prendre des mesures audacieuses en faveur d’une protection sociale universelle sensible aux chocs, surtout que quatre milliards de personnes ne bénéficient d’aucune protection sociale formelle et sont les plus durement affectées par la crise économique qui se dessine.

Le soutien financier accordé aux entreprises doit être conditionné par des mesures en faveur d’une économique plus équitable pour toutes et tous, le respect de l’environnement ; il doit être utilisé pour maintenir les salaires. La priorité doit être accordée aux petites entreprises et aux autoentrepreneurs, aux travailleurs vulnérables.

Pour ce qui est du financement du plan, « les gouvernements du monde entier doivent mobiliser au moins 2 500 milliards de dollars pour aider les pays en développement à arrêter la pandémie et à empêcher un effondrement économique mondial ». Ces ressources pourraient venir de la suspension et de l’annulation de la dette, dont le remboursement par les pays à revenu faible ou intermédiaire pour cette année s’élève à environ 400 milliards de dollars.

« L’ensemble du capital, des intérêts et des frais sur la dette extérieure souveraine dus en 2020 doit être annulé de façon définitive, sans report. L’annulation des remboursements de la dette constitue le moyen le plus rapide de garder l’argent au sein des pays et de libérer des ressources pour gérer les crises économiques, sociales et sanitaires d’urgence découlant de cette pandémie mondiale », préconise OXFAM.

Mieux, vu que la pandémie nécessitera d’injecter massivement des ressources pour soutenir les économies, l’ONG trouve aberrant le transfert de ressources vitales des pays plus pauvres vers les pays riches. L’émission des droits de tirage spéciaux par le FMI, l’augmentation de l’aide des pays donateurs à hauteur de 0,7 % de leur PIB, l’impôt sur les grosses fortunes, les produits de luxe et à forte intensité de carbone font également partie des solutions à la crise née du COVID-19. En tout état de cause, OXFAM appelle à se servir des leçons de cette crise « afin de construire une économie plus humaine et un monde plus juste ».

Mahamadi SEBOGO

Sources : Document d’information médias d’OXFAM, 09 avril 2020

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