Dr Jean Charlemagne Kondombo, médecin de santé publique, incident manager du COVID 19

Dans cette interview réalisée hire 12 mars 2020, le Dr Jean Charlemagne Kondombo, médecin de santé publique, incident manager du COVID 19, donne des éclaircissements sur la prévention et la riposte de la maladie.

Sidwaya (S): Deux patients atteints de coronavirus sont actuellement prise en charge au CHU de Tengandogo. Quel est leur état de santé ?

Jean Charlemagne Kondombo (JCK): Les deux cas diagnostiqués positifs sont en isolement et pris en charge au CHU de Tengandogo par une équipe pluridisciplinaire. A la date d’aujourd’hui, leur état de santé s’améliore et est stable.

S: Cet établissement sanitaire est-il adapté à donner des soins appropriés aux malades ?

JCK: Le choix s’est porté sur un site qu’il fallait réaménager. C’est ainsi que les premières autorités ont pris les dispositions pour que le site soit vite réaménagé et soit accessible. Tous les patients qui seront détectés vont bénéficier de la prise en charge dans ce centre. Ce dernier est réellement habilité à prendre en charge de manière correcte tous les cas.

S: Mais concrètement, quel type de soins peut-on administrer à un malade souffrant de COVID 19 ?

JCK: La population doit être rassurée. Le COVID 19 est une maladie qui est très peu connue, parce qu’elle a subi des mutations. Mais je peux garantir que les soins administrés aux malades peuvent les permettre de guérir. Donc, ce sont des soins adéquats. Et pour lesquels, en dehors de ceux qui ont des facteurs de comorbidité, tous les autres malades sont parfaitement gérés. Il y a une réponse qui est apportée de manière efficiente à chacun des patients qui viendrait à être diagnostiqué et qui pourrait bénéficier des soins à tout moment. Ce sont les traitements asymptomatiques qui sont administrés aux malades, parce qu’il n’y a pas de traitements spécifiques et ces derniers doivent être adaptés aux signes du malade. Pour les patients qui ont des facteurs de comorbidité, il faut prendre en compte les différentes maladies qu’ils avaient auparavant avant d’être touché par le coronavirus. C’est un traitement purement symptomatique et qui est très efficace pour tous les cas détectés.

S: Donc, on peut guérir du COVID 19 ?

JCK: Oui! C’est possible si vous êtes bien pris en charge. Si, vous respecter toutes les mesures de confinement, vous avez de fortes chances de guérir.

S. : De manière générale, ce sont les personnes âgées qui sont les plus atteintes, est-ce à dire que les enfants sont à l’abri ?

JCK : Aucune personne n’est épargnée par cette maladie. Aussi bien les personnes âgées que les enfants peuvent être touchés à tous les niveaux. C’est donc la prévention qui prime. Et en termes de prévention, c’est notamment le lavage régulier des mains à l’eau et au savon, l’utilisation de gels hydro alcooliques, l’usage de pochette pour éternuer ou dans le pli du coude afin d’éviter que des gouttelettes se propagent autour de vous. Il faut aussi faire très attention à la viande sauvage mal cuite.

S. : Selon une certaine rumeur, les fortes chaleurs des pays du Sahel peuvent empêcher le virus de prospérer. Qu’en dites-vous ?

JCK : Je ne suis pas virologue, donc je ne peux pas vous dire assez sur la sensibilité du virus. Ce que je sais est qu’il ne vit pas longtemps à l’air libre et à l’air sec. Il a une durée de vie de deux à trois heures dans ces deux milieux. Ce faisant, s’il y a de la chaleur, cela peut encore réduire de manière conséquente la durée de vie du virus.

S. : Un plan de riposte de neuf milliards de F CFA a été adopté par le gouvernement, comment sera-t-il déployé ?

JCK : Ce plan de préparation de riposte ne concerne pas seulement le Burkina mais l’ensemble des pays. Il permet de prévoir à court, moyen et long termes tout ce qui doit être mis en œuvre pour réagir. En d’autres termes, on peut le qualifier comme étant des activités qui seront menées pendant la phase pré-épidémique, la phase épidémique et la phase post-épidémique.
Nous parlons de court, moyen et long termes parce que nous devons pouvoir réagir contre cette maladie pour éviter sa propagation dans notre pays.

S. : Un appel à la population ?

JCK : Que les populations restent en étroite collaboration avec les services de santé. Il faut observer les mesures de prévention et de contrôle, en appliquant les mesures citées plus haut, en portant les masques de protection et en se mettant à distance des personnes qui toussent. Lorsque vous rentrez d’un pays touché par le coronavirus, il faut transmettre un relevé de température à un rythme de deux fois par jour aux services compétents, et observer les mesures d’auto confinement en évitant d’exposer votre environnement immédiat. Que la population suive les messages diffusés à travers les médias et à se les approprier pour bien se préparer pour éviter cette maladie.

Interview réalisée par Abdel Aziz Nabaloum

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