Coronavirus, sors de ce corps !

Depuis que le corona virus nous a rendu visite, c’est le remue-ménage au sein de la cellule de veille et si l’on croît aux spécialistes, les mesures de la riposte sont au beau fixe. Des efforts ont été faits et sont toujours en cours pour sécuriser les populations et chaque jour est un défi à relever face à un virus qui a été couronné à l’étranger. Selon les autorités sanitaires, il ne faut pas paniquer ; il faut bien adopter les mesures de prévention à travers l’observance des bonnes pratiques hygiéniques : éviter de tousser ou d’éternuer à ciel ouvert; couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou avec un mouchoir. En cas de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires, consultez dans un centre de santé ; éviter le contact avec les animaux et la consommation de produits d’origine animal crus ou mal
cuits ; éviter les contacts rapprochés avec les personnes présentant  une toux et un rhume ; se laver régulièrement les mains avec du savon ou utiliser une solution hydroalcoolique. Mais une autre épidémie est en cours et se propage chaque jour plus vite que le coronavirus : la RUMEUR. Certains Burkinabè, par ignorance ou par arrogance, sont à la quête de ces rumeurs, les oreilles dressées en satellites, ils captent toutes sortes de rumeurs qu’ils transforment en tumeur pour intoxiquer nos humeurs et gangrener notre mental.
Il paraît que le virus a peur de la chaleur, mais il ne faut pas perdre de vue nos plus belles tares en matière d’hygiène individuelle et collective. Un usager de la route qui déroute en crachant au vent en pleine circulation ; il éclaboussera les autres avant de faire pétarder ses narines pour arroser sa bêtise. Un autre motocycliste transportera une carcasse de bœuf suspecte sous la selle de sa moto ; les pieds posés à même la viande, il balayera le macadam poussiéreux et crasseux de microbes jusqu’à la boucherie de tous les dangers. Cela se passe au vu et au su du ministère de la Santé et de la mairie. Il y en a qui font tonneau avec ces cargaisons de viande, entre les flaques d’eau sale, la poussière ou la boue crasseuse de nos quartiers. Au pied des carcasses du boucher clandestin, un commando de vautours dépouillent à la sauvette les abats de l’animal inconnu. Entre les toilettes et le grilleur de viande, il n’y a qu’un pas mais d’hilares « carnivores » s’y délectent de l’infect en rotant en cascade. Lui, fait de bonnes affaires avec sa soupe pili-pili aux mouches bleues. Entre les rognons et les abats qui nagent dans la mare au soumbala, d’intruses bestioles se baignent dans la soupe de la goutte. Quid de ce gaillard barbu à l’affût qui effectue une « vidange » nauséabonde au coin du barrage ? On continue d’étaler au marché les légumes à même le sol entre les crachats de clients vénimeux et les ordures aux senteurs de merdier. Dans les stations de pompage de bière locale, c’est la totale : on sert les clients en esquivant les vols planés des mouches qui se mouchent et finissent souvent par s’écraser et se noyer dans la mare à boire. Ne parlons pas du vendeur ambulant de brochettes à la poussière ; le visage en sueur, les mains sales, il palpe les morceaux de viande « couchée » et découpe la pourriture pimentée pour le vorace qui bave. Sans se laver les mains, le « carnivore » dévore sa proie, en se léchant les doigts pimentés. Des toilettes à la brochette en passant par les poignées de main et autres contacts interpersonnels, nous trimballons pas mal de microbes et de virus. Et cet agent de santé qui s’apprête à vous palper et à vous injecter un produit sans même porter des gants, sans enfiler une blouse, sans asperger ses mains sales d’alcool ? Sur la pointe des pieds, lui, ratisse les chambres de passe et les trottoirs, à la recherche de « crudités » prêtes à être épluchées, taillées sur mesure pour une partie de luxure avec tous les risques de mésaventures.
Il y en a qui ont fait du coronavirus un fonds de commerce. Le prix du masque et du gèle hydro alcoolique est passé du simple au triple. Il y a même une pénurie de ces consommables. Comme les pénuries d’essence, des Burkinabè ont tout raflé pour stocker et attendre la flambée du mal pour se faire « bander » leur chiffre d’affaires. En vérité, il y avait déjà des « coronavirus » parmi nous. C’est bien de suspendre les manifestations d’envergure nationales et internationales ; mieux vaut prévenir que guérir ! Mais entre nous, le verre n’est-il pas à moitié vide ou à moitié plein ? Qu’en est-il de nos grands marchés qui brassent tous les jours autant de monde que de désordre? Rien ne sert de tourner autour du pot, qu’en est-il de nos mosquées, églises et autres temples où l’on se frotte et « se respire » nez à nez dans une promiscuité « spirituellement correcte » mais « raisonnablement discutable » en termes de santé publique ? Qu’en est-il des innocentes cours de récréation poussiéreuses et des amphis bourrés et pleins à craquer ? Qu’en est-il du dispositif sanitaire dans le Burkina profond ? Question de curiosité, peut-être de priorité !

Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr

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