Qu’est-ce qu’être Burkinabè ?

Un commerçant burkinabè qui en âme et conscience, mélange du granite à du sorgho pour le vendre à ses concitoyens. Ce sorgho serait acheté, moulu et préparé pour nourrir d’autres Burkinabè en quête de pitance et de bien-être. Ce sorgho serait acheté au prix fort avec ses brisures de granite et le commerçant refuserait de diminuer le prix en prétextant la crise sécuritaire et économique. Il dirait qu’il a dû faire des pieds et des mains pour collecter ce sorgho. Il pourrait même dire qu’il a dû franchir des zones rouges pour revenir avec les céréales et les mettre à la disposition de ces concitoyens par amour pour la patrie. Il pourrait même s’autoproclamer patriote au regard de son engagement à mettre à disposition des populations, des produits vivriers pour que la Nation mange et reste debout. C’est peut-être un fervent croyant qui ne manque jamais à ses obligations confessionnelles. Bref et hélas. Il marchait dans la peau d’une intégrité usurpée. Combien ont déjà acheté ce sorgho au granite ?

Combien l’on écrasé au moulin sans l’avoir bien trié ? Combien l’ont déjà mangé ?

Quelles conséquences sanitaires pourraient en découler chez les consommateurs victimes ? Ces questions n’ont jamais préoccupé les véreux commerçants. Leur conscience n’a pas bronché. Tout ce qui les intéressait, c’était le profit. Le profit aux dépens de la santé des consommateurs. « Tant pis s’ils mangent et s’ils en crèvent. Ce n’est pas mon problème. L’essentiel pour moi, c’est de gonfler mon chiffre d’affaires. Les affaires, ce sont les affaires ! L’enfer, c’est les autres ! », se sont-ils certainement dit, sans vergogne pour se donner bonne conscience et échapper à leurs propres scrupules. C’est malsain, c’est inhumain ! Si seulement le contraire de « patriote » existait ! Il paraît qu’il y en a même qui utiliseraient du formol pour conserver certaines denrées périssables destinées à la consommation humaine, pendant que d’autres transformeraient les huiles de vidange en huile alimentaire. Comment passer sous silence le murissement accéléré de certains fruits par le carbure ?

Que dire de la cuisson rapide de certaines viandes ou céréales dures avec un certain type de comprimés de pharmacie ou de la rue ?

Qu’en est-il de toutes ces cargaisons de poulets surgelés, parfois avariés, importés et vendus moins chers mais à la qualité douteuse ?

Chaque année, des tonnes de ces produits illicites sont saisis et détruits, mais la récidive à la peau dure. Il suffit de voir l’eau utilisée pour arroser certains légumes pour se rendre compte que nous mangeons nos maladies. Il suffit de voir que certains utilisent des pesticides non homologués, c’est-à-dire non conformes aux normes requises pour se rendre compte que le bout du tunnel n’est qu’un mirage.

Et si seulement on connaissait les risques sanitaires liés à l’usage de certains produits édulcorants qui relèvent le goût ou remplacent le sucre dans certaines boissons ! Si on pouvait tout savoir sur la qualité sanitaire de certains conservateurs censés maintenir propres à la consommation et pendant longtemps certains produits alimentaires ! Et à qui cache-t-on les effets nocifs de certains colorants artificiels parfois contrefaits ou mal utilisés dans la fabrication de certains produits alimentaires ?

Ces produits sont parfois frauduleusement importés et vendus dans nos marchés ou trônent sur les rayons de certaines boutiques. Ce ne sont pas des extraterrestres qui déversent ces produits à risques chez nous, mais des Burkinabè.

Y a-t-il une différence entre le terroriste qui tue à bout portant et le trafiquant qui extorque et tue à petit feu via l’hypertension, l’accident vasculaire cérébral, l’embolie pulmonaire, l’insuffisance rénale, le cancer ?

Taisons le phénomène de la drogue « biberonnée » à l’école sous toutes ses formes et alimenté par des bandits au col blanc parfois donneurs de leçons. Y a-t-il des sanctions et sont-elles vraiment appliquées ?

Qui devons-nous protéger et quels moyens leur sont alloués ? Un Burkinabè qui vend du carburant aux terroristes afin qu’ils se déplacent pour commettre des attaques contre d’autres Burkinabè. Oui, il le vend à prix d’or et empoche l’argent de la compromission, puis circule la tête haute en se vantant de vivre à la sueur de son front. Chaque attaque dans sa zone porte le sceau de sa responsabilité pénale, mais il s’en fout. Il continue de livrer sa marchandise aux ennemis de sa patrie. Le plus important pour lui, ce n’est pas le nombre de victimes des bourreaux dont il est le sponsor.

Le plus important pour lui, c’est ce qu’il gagne dans cette guerre qui génère les affaires et il souhaite même que la crise perdure et que l’enfer le rende plus prospère. Parce que, de toute façon, pour lui, la crise est une opportunité qu’il faut savoir saisir avec habileté. Et la morale n’est qu’un son de chorale obsolète qui cloche sans refrain dans le vent des illusions. Pendant que des familles endeuillées crient à tue-tête leur désarroi face à la perte d’un pilier, le trafiquant de carburant et ses complices se frottent les mains en palpant des liasses tachées du sang de leurs frères. Chaque bilan macabre porte la goutte inflammable de sa cupidité ou de sa complicité blâmable, mais il s’en fout. Il continue de mettre le feu à sa propre patrie en riant sous cape de l’hécatombe qui fait fructifier son business. Lui aussi, c’est un Burkinabè « sain d’esprit et de corps », parfois fervent croyant, sensible et généreux devant les hommes. Mais au fond, c’est un félon masqué, adulé par les siens et parfois encensé pour rien. On ne parodie pas avec la vérité, parce que l’intégrité est plus « inflammable » que la cupidité.

Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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