Génocide au Rwanda: La flamme du souvenir rallumée pour 100 jours

Cette flamme du souvenir restera allumée pendant 100 jours, correspondant à la durée du génocide.

Vingt-cinq ans après, le Rwanda se souvient de la page la plus sombre de son histoire : le génocide perpétré contre les Tutsis. Les commémorations des massacres qui ont coûté la vie à plus de 800 000 personnes ont commencé, le dimanche 7 avril 2019, à Kigali, avec un moment toujours très symbolique quand le président Paul Kagame a rallumé la flamme du souvenir.

Le président rwandais, Paul Kagame, et son épouse, en compagnie de Moussa Fakir Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine, et du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont rallumé en milieu de matinée d’hier dimanche, la flamme du souvenir.

Un événement qui marque ainsi le début des 100 jours de commémorations. Cent jours comme la durée des massacres en 1994. Les flambeaux ont été apportés au président par trois jeunes, âgés de 25 ans. «Voici la flamme du souvenir de la mémoire de la vie», a ensuite scandé une jeune femme, symbole de cette génération post-génocide qui est cette année au centre des commémorations.

Avant cela, la cérémonie avait débuté par un dépôt de gerbes sur les caveaux qui abritent 250 000 victimes du génocide. Un premier temps fort qui s’est déroulé en présence de plusieurs chefs d’Etat africains : le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Tchadien Idriss Déby, ainsi que le Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh.

Les commémorations se sont poursuivies avec une cérémonie au centre des congrès de Kigali et le discours du président Kagame. Une marche du souvenir a ensuite été organisée entre le Parlement et le stade Amahoro (Paix, en kinyarwanda), un stade où 30 000 personnes attendaient en fin d’après-midi pour une veillée de recueillement.

Ce stade dans lequel s’étaient réfugiés en 1994, des milliers de Tutsis pour échapper aux tueries, sous la protection de l’ONU, est souvent le lieu de crises traumatiques chez le public bouleversé qui revit le drame. Le président français, Emmanuel Macron, a décliné l’invitation, officiellement pour des raisons d’agenda et s’est fait représenter par un député d’origine rwandaise.

Son absence est une déception pour les Rwandais, qui espéraient le voir exprimer des excuses de la France pour son rôle en 1994. Emmanuel Macron a, toutefois, annoncé, le vendredi 5 avril dernier, l’ouverture à une commission d’historiens de «toutes les archives françaises» sur la période 1990-1994, un engagement pris en mai 2018 à l’issue d’une rencontre avec Kagame.

A l’instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, le génocide a coûté la vie entre avril et juillet 1994, à au moins 800 000 personnes, selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité Tutsi, mais aussi parmi les Hutu modérés. Le déclencheur du génocide a été l’assassinat au soir du 6 avril 1994, du président rwandais, Juvénal Habyarimana, un Hutu.

Le lendemain, les Forces armées rwandaises (FAR) et les miliciens extrémistes Hutu Interahamwe ont donné le signal des massacres. Encouragée par les autorités et les «médias de la haine», dont la fameuse radio des Mille collines, une partie de la population, de toutes les couches sociales, a prêté son concours à l’extermination, à coups de gourdin ou de machette, d’hommes, de femmes et d’enfants partout dans le pays.

Des Hutu ayant refusé de s’associer aux tueries ou soupçonnés de sympathie envers les Tutsi ont aussi été tués. Le carnage n’a pris fin que grâce à l’entrée le 4 juillet à Kigali de la rébellion Tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), avec à sa tête un jeune chef militaire de 36 ans, Paul Kagame.

Jean-Marie TOE

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