La politique, l’incurable mal

Vous voulez vraiment mon point de vue sur la politique ? Il y a longtemps que la politique me fait rire jusqu’à l’agacement. Depuis que le politicien est devenu défenseur de chapelle et d’intérêts égoïstes, je me méfie des vendeurs d’illusions. Depuis que la politique consiste à mentir vrai, pour duper le naïf et manger sur son dos, j’ai une phobie pour l’espèce politique. Depuis qu’en politique, la fin justifie les moyens, tout se justifie et se défend.

La vérité n’existe plus. Même les évidences sont remises en cause pour réinventer la vérité. La politique descend parfois très bas et même plus bas que la poussière de nos talons. Il y a trop de boue dans le sérail ; même les plus respectés pataugent dans la fange. Leur parole n’est que du vent. Leur promesse est en poudre, soluble face à la raison. Leur vérité n’a pas de graine, stérile même dans l’humus.

Même quand ils mentent, on acquiesce ostentatoirement. Malgré la puanteur de leur propos, il y aura toujours des thuriféraires pour encenser leurs discours fétides. Peu importe leur niveau intellectuel, leur rang social ou leur envergure, les hommes politiques se ressemblent. Ils parlent tous au nom du peuple, mais ils sont prêts à user du même peuple pour rester au-dessus du peuple. Seul leur destin change ; leur mode de vie tranche avec l’austérité tant prônée ; en période de vache maigre, leur embonpoint nargue le famélique désabusé. Mais on applaudit quand même les bévues.

On crie hourra sur les gravats d’une postérité sans héritage. Demain, c’est aujourd’hui ; chacun se bat pour soi au nom du peuple. Chacun vient se servir au service du peuple. Il y en a même qui se sacrifient comme on se suffit, sans sueur ni sang. Notre mal vient de la politique, cette politique du ventre et de l’égo. Si sous d’autres cieux, les gens vont en politique pour un idéal et par conviction, chez nous, ils y vont pour assouvir leur faim et amasser le surplus superflu. L’heure des héros qui se privaient de tout pour le peuple est révolue. Le temps des leaders charismatique est derrière nous.

Ceux qui sont morts hier pour le peuple sont utilisés aujourd’hui comme des gadgets publicitaires. Leur nom fait élire, leur nom fait prospérer, leur nom fait épanouir. Ils ne sont pas morts pour rien certes, mais ils se sont trompés de combat et de sacrifice. En regardant aujourd’hui la politique, il y a de quoi désespérer. En suivant les agissements des uns et des autres, la déception est grande. L’homme politique a fait de la politique un métier, une profession sans déontologie ni éthique.

Regardez les scandales qui éclosent tous les jours sans que rien ne se passe et dites-moi si vous avez encore la foi. Parfois, avec des pièces à conviction certains sont épinglés, mais jamais jugés. Dans les coulisses, on s’arrange, on se protège, on pactise. L’ancien président américain Harry Truman a dit un jour ceci : « on ne peut pas devenir riche en étant politicien, à moins d’être un escroc ». Parce que pour ce président-penseur, on ne peut pas être au service de la cité et dépouiller la même cité. Pour lui, nous ne pouvons pas nous consacrer aux autres en privant les autres de ce qu’ils attendent de nous. Notre démocratie est une ploutocratie.

Il suffit d’être riche pour être respecté et avoir droit au chapitre. Il suffit d’être riche et « généreux » pour marquer des points et être exonéré de tout. Voilà pourquoi, le riche homme fait la cour au politique pour échapper à la justice. Voilà pourquoi, le richissime donateur sans frontière peut tout faire et tout avoir en faisant fi des restrictions. Très souvent, un coup de téléphone suffit pour sceller un destin ou dénouer un goulet d’étranglement. Il y en a même qui sont toujours sur les premières places à l’église ou à la mosquée. Même quand ils mentent ou se trompent, la populace applaudit la méprise, oublie et tait les contre-vérités.

Quand ils donnent aux pauvres au nom de Dieu, ils appellent tous les médias pour donner une large visibilité à la générosité de la vanité. En politique, on ne fait rien pour rien. Même le nom de Dieu fait partie de leur stratégie de communication. Les bénéficiaires disent amen, mais est-ce que ça monte vraiment au ciel ? Heureusement, ou malheureusement, beaucoup ne donnent pas vraiment au nom de Dieu. Ils donnent pour les demi-dieux qu’ils sont. Ils cherchent la reconnaissance des hommes et se moquent des béatitudes virtuelles, fussent-elles spirituelles et éternelles.

Ils font campagne pour être à la tête de la communauté. Ils se donneront des crocs-en-jambe pour y rester ad vitam aeternam. Si Dieu était un politicien, il y a longtemps qu’il avait détruit la terre et peuplé Mars de ses dignes fils. Notre perception de la politique frise parfois l’hérétique. La politique mène à tout. Malheureusement, l’homme politique se fait toujours prendre dans son propre piège.

Il appartient donc à chacun de s’engager véritablement pour le peuple. Et il ne faut pas toujours attendre la campagne électorale pour actualiser son discours à la tête du votant. Mais encore faut-il que le peuple ne soit pas oublieux du passé. Car comme disait Karl Marx : « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Et rien ne sert de toucher du bois !

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

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