Polycarpe Naré : L’architecte des quartiers Petit Paris et Zone du bois

A la faveur de la célébration du 11-Décembre 2019 à Tenkodogo, la Nation burkinabè a rendu hommage, à travers une exposition photos, à des personnalités qui ont marqué de leur empreinte la vie de leurs concitoyens et qui sont originaires de la région du Centre-Est. Nous revenons dans cet article sur le parcours de Polycarpe Naré, tour à tour instituteur, directeur des domaines et qui, sous la houlette du général Tiémoko Marc Garango, va réaliser dans les années 1970, «Petit Paris» ou zone résidentielle de Gounghin et la zone résidentielle du Bois.

Naré Polycarpe est né le 11 septembre 1932 à Yorgho, à quelques encablures de Koupèla, chef-lieu de la province du Kourittenga. Après avoir fréquenté le petit séminaire de Pabré et celui de Nasso, il deviendra plus tard instituteur puis directeur d’école.
Titulaire du Baccalauréat en 1954, il se retrouvera à la direction des domaines à Bobo-Dioulasso.

En 1957, il est nommé chef de cabinet du capitaine Dorange au ministère de l’Intérieur.
Il sera l’adjoint de monsieur Icard Dellamonica, directeur des domaines.
Après ses études à l’école des impôts de Paris, il sera nommé par décret du 17 juin 1965, directeur des domaines de l’enregistrement et du timbre. Il est considéré comme le premier directeur des domaines autochtone.

Le 17 mars 1966, il sera nommé par décret, membre de la commission de vérification des deniers publics. «Le chef de l’Etat requiert toutes les autorités constituées, civiles et militaires à prêter à monsieur Naré Polycarpe , aide , appui et protection dans tout ce qui se rattache à l’exercice des fonctions qui lui sont confiées». C’est ce que l’on pouvait lire dans son décret de nomination.

Selon plusieurs témoignages, Polycarpe Naré se révèlera un haut fonctionnaire talentueux, comme l’écrira André Aubaret , l’un des fondateurs de la Chambre de Commerce du Burkina et Sénateurs des Français de l’étranger, après son décès le 26 septembre 2006 : «C’était un homme de haute qualité , de droiture, d’honneur et de parole. Le général Garango l’appréciait également pour son action efficace au service des domaines. Le Burkina perd un directeur du service des finances d’une grande envergure. Nous regrettons un ami fidèle, accueillant et chaleureux. Nous gardons le souvenir d’un homme de bien», avait-il écrit en lui rendant hommage.

Au ministère des Finances, sa compétence et son talent vont engendrer une confiance inégalée de Tiémoko Marc Garango, pendant son passage à la tête de ce département, à son endroit (cf allocution de monsieur KI Edmond, ancien Haut Fonctionnaire des finances et ancien ministre des Finances, le 20 avril 2008 lors de ses funérailles catholiques). Ainsi, sous la houlette du général Garango, il va réaliser dans les années 1970, «Petit Paris» ou zone résidentielle de Gounghin et La zone résidentielle du Bois.

Après la direction du Patrimoine Foncier (ancienne direction des domaines), Polycarpe Naré aura d’autres responsabilités dans le privé, notamment à Brakina et à Burkina PAT).
Le journal «L’Observateur Paalga» du 18 avril 2008, stipule que «Naré Polycarpe était une figure titulaire parmi tant d’autres de l’intelligensia koupélienne ».
Il a aussi tâté du journalisme en tant que rédacteur en chef du journal «Volta Presse L’Incorruptible» du Dr Joseph Conombo en 1958.

Gérard Kango Ouédraogo écrira ceci après sa mort : «Polycarpe Naré par sa droiture, sa valeur intrinsèque, fut désigné à l’unanimité par les jeunes du Mouvement de Regroupement Voltaique, le MRV, parti né de la fusion du MDV (Mouvement démocratique voltaïque ), du PSEMA (Parti social d’émancipation des masses africaines) du MPA (Mouvement populaire africain), rédacteur en chef du journal «Volta Presse L’Incorruptible. Il fut le premier représentant du MDV dans toute la région de Koupèla».
En 1958, Naré Polycarpe sera au congrès de Cotonou auprès de Nazi Boni, Gérard
Kango Ouédraogo et du Docteur Joseph Conombo. Ce congrès votera pour l’indépendance totale et immédiate de toute l’Afrique.

Polycarpe Naré s’est vraiment impliqué dans la vie politique de son pays et de sa région d’origine surtout entre 1956 et 1960 ( cf Mémoire de maîtrise de Ouango Paul, département d’histoire et d’archéologie, 1ère partie , année universitaire 1989-1990) Polycarpe Naré était aussi un chrétien engagé, impliqué dans les Communautés chrétiennes de base (CCB) des quartiers Zogona nord. Il était un homme de principe, généreux, d’une grande modestie et vivant de moeurs simples pour ne pas dire austères. Il est décédé le 26 septembre 2006 à Ouagadougou. Polycarpe Naré était Chevalier du mérite burkinabè depuis les années 1970.
Au regard d’un tel parcours élogieux, il n’est pas prétentieux de demander à la mairie de Ouagadougou de baptiser une rue en son nom.

 Dayang-Wendé SILGA

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