Production cotonnière dans la zone SOFITEX : L’«or blanc» reprend pied

Des techniques de traitement du cotonnier sont enseignées par les ATC

Après une campagne cotonnière 2018-2019 peu reluisante, les producteurs se sont remis à la tâche en vue d’une relance de la production. Le constat dans la zone SOFITEX à la mi-juillet est rassurant : l’or blanc domine les cultures.

Fini le rejet de la culture du coton dans les villages de N’Dorola et de Kourouma dans le Kénédougou. Ces deux localités de la zone SOFITEX, réputées dans la production cotonnière, constituaient le foyer d’où était parti le vent de révolte contre «l’or blanc». Sur ces terres, des sacrifices avaient été faits pour condamner tout contrevenant au mot d’ordre de «zéro coton» produit.

Fort heureusement, en cette campagne 2019-2020, les notables ont mis de l’eau dans leur vin et les producteurs ont retrouvé le chemin de la culture du coton. Karim Sanou, rencontré dans son champ, est responsable d’une coopérative de production cotonnière. Il a rassuré que tout est rentré dans l’ordre et que le coton est produit sur plus de 60% des terres cultivées dans la zone.

Il a réaffirmé la détermination des producteurs à rattraper le temps perdu. Pour M. Sanou, la production cotonnière est dans le «sang» des habitants de ces villages. «Nous sommes prêts à lutter pour la survie de la filière, pourvu qu’il y ait de la transparence dans l’appui institutionnel et financier aux producteurs», a-t-il relevé. Vendredi 5 juillet 2019, alors que nous slalomions sur la route départementale reliant le village de Sara à Wakuy en passant par Béréba, dans la province du Tuy, des deux côtés de la voie, des champs de coton s’étendaient à perte de vue.

La forte pluie, qui s’est abattue sur le grand Ouest ce jour-là, a pratiquement envoyé tous les producteurs dans leurs champs. Certains étaient en plein semis, d’autres en labour, ou en séance de traitement des mauvaises herbes à base d’herbicides. La physionomie des champs de coton diffère d’une superficie à une autre. Pendant que certains cotonniers sont au stade de levé, d’autres sont encore dans les creux des poquets. L’emblavure du coton dans la zone SOFITEX est une réalité.

Dans les prévisions, 800 mille tonnes de coton graine sont attendues sur le plan national. Un défi que les cotonculteurs réunis au sein de l’Union nationale de producteurs de coton (UNPCB), comptent relever. Ce qui va tourner la page de la crise née du boycott à la base d’un déficit de production lors de la campagne passée.

«La crise est derrière nous»

En début juillet, le président de l’UNPCB, Bambou Bihoun, disposait de 50 hectares de coton au stade de préfloraison.

Pour encourager les «soldats de la terre» à une relance véritable, le gouvernement a pris diverses mesures. Il s’agit de l’apurement des impayés internes et externes, du relèvement du prix planché du kilogramme du coton graine de 15 F CFA, ce qui porte le prix de 250 à 265 F CFA, la baisse de 7% des prix de cession des engrais (NPK et Urée), etc.

Mieux, des produits phytosanitaires à large spectre d’action (insecticides de spécialité) ont été mis à la disposition des producteurs pour combattre les ravageurs du cotonnier. A ce jour, les résultats sur le terrain semblent être à la hauteur des attentes pour peu que la pluviométrie soit au rendez-vous. A Wakuy, dans le département de Béréba, province du Tuy, le champ principal du président de l’UNPCB, Bambou Bihoun, est situé sur un vaste plateau.

Il est parsemé majoritairement de karités et s’avère très fertile. A la date du 5 juillet, sur environ 50 hectares, le coton de Bihoun était au stade de préfloraison. Une vingtaine de jeunes repartis en deux groupes assuraient ce jour-là, le traitement phytosanitaire sous la supervision de techniciens de la SOFITEX.

Au volant d’un pickup, le producteur assure les contrôles de routine de ses champs disséminés à travers le département. Chaussé de bottes, il nous reçoit dans l’un de ses champs accompagné de deux Agents techniques coton (ATC). Bambou Bihoun soutient que le Burkina Faso va reprendre la première place de pays leader dans la production du coton en Afrique.

Et d’ajouter qu’au regard de l’appui du gouvernement aux cotonculteurs, ces derniers vont démontrer leur capacité de production. «La crise est derrière nous. Au cours de mon mandat, vous allez constater un relèvement du niveau de production. Nous sommes décidés et nous allons prouver ce dont nous sommes capables», a rassuré le président de l’UNPCB.

«La terre est notre salut»

La physionomie des champs varie d’une zone à une autre.

Abordant les questions relatives aux impayés internes et externes au sein des coopératives, M. Bihoun a fait savoir que le gouvernement a pris des dispositions pour soulager les producteurs des dettes qui pesaient sur eux individuellement, mais aussi sur leurs organisations locales. Au passage, il témoigne sa reconnaissance au nom des acteurs de la filière à l’exécutif et a déclaré que les usines d’égrenage auront du mal à absorber les récoltes de la campagne en cours.

En ce qui concerne le nouveau tarif d’achat du kilogramme de coton graine, il a salué l’engagement des partenaires, notamment l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) qui a bien voulu réduire les frais de cession des fertilisants et des produits d’entretien du cotonnier. Au regard de ces efforts, M. Bihoun a invité l’ensemble des producteurs à la tâche.

Car, dit-il, «la terre est notre salut, et le coton notre principale source de revenus. En le produisant, nous bâtirons l’avenir, et nous construirons l’économie du pays». Pour la campagne 2019-2020, le fils de Wakuy a emblavé 150 hectares de coton ; ce qui est suffisant pour faire tourner l’usine de Houndé pendant plusieurs mois.
Sur l’axe Bobo-Dédougou, le constat est le même, surtout dans les villages de Bondoukuy et Ouarkoye. Producteur de la zone, le vieux Panka Boni ironise en ces termes : «Qu’allons-nous manger l’année prochaine ?». Pour lui, les céréales ont fait place au cotonnier.

De bons intrants

Quant à Yézouma Coulibaly, l’un des meilleurs cotonculteurs du département de Bondoukuy, par ailleurs président du «GPC Bossan», il affirme que l’absorption des impayés a donné le courage aux producteurs d’enterrer la «hache de guerre». Avec sa trentaine d’hectares, il envisage ajouter une dizaine pour espérer un haut rendement. «Dans mon groupement, tous les membres ont doublé leurs superficies habituelles», a-t-il dit.

Des techniques de traitement du cotonnier sont enseignées par les ATC

Parlant de la qualité de la semence, des engrais et des insecticides, M Coulibaly relève qu’aucune anomalie n’a été constatée et que les semences poussent normalement. «Il n’y a pas eu de re-semis dans mes champs, nous sommes satisfaits des intrants distribués», s’est-il réjoui. Une appréciation, qui a été corroborée par l’ATC de Wakuy, Salifou Ouattara. Selon ce technicien, leur rôle est d’encadrer les producteurs avec des conseils et de signaler les difficultés à la SOFITEX.

Ainsi, il a attesté que le matériel mis à la disposition des producteurs est de belle facture. «Nous assurons un suivi du déroulement des activités cotonnières. Nous sommes en permanence avec les producteurs. Nous constituons la courroie de transmission entre les sociétés cotonnières et les producteurs. Si nous constatons des difficultés, nous rendons immédiatement compte à la SOFITEX», a confié M. Ouattara.

Dans le même ordre d’idées, Bidingou Youin, ATC du village de Tiombio, précise qu’il surveille la croissance des plants, ordonne l’épandage des engrais à bonne date et élabore une périodicité des traitements phytosanitaires en fonction des attaques parasitaires. Dans un des champs, il venait d’ordonner une reprise de traitement, le premier passage ayant été lessivé par la pluie. Selon lui, la connaissance scientifique du champ et le respect des conseils des ATC permettent un bon rendement. «Nous soignons les plantes tout en formant les producteurs», a résumé M. Youin.

Wanlé Gérard COULIBALY

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