Rakiatou Balboné, entrepreneure : de la vente de bouillie à la transformation agricole

Rakiatou Balboné est une femme pluridisciplinaire. Entrepreneure agricole, présidente du Groupement d’intérêt économique (GIE) de la Maison de l’entreprise, coordonnatrice de l’association Komalé, dame Balboné, ambitieuse et déterminée, force l’admiration. Elle constitue également une source d’inspiration pour la jeune génération. Sidwaya est allé à sa rencontre. Portrait !

Sur les lieux de commerce de Rakiatou Balboné, situés au secteur 6 de Tenkodogo, plusieurs variétés de produits alimentaires y sont exposées : des biscuits faits à base de maïs, de manioc, de riz, de sorgho rouge, de petit mil,…du couscous de maïs jaune et blanc, des grumeaux de petit mil pour bouillie, de l’huile et des savons à base de graines de neem, de balanites et de beurre de karité. Dame Balboné, la cinquantaine bien sonnée, a commencé, d’abord, ses activités par le commerce de savon, appelé communément ‘’kabakourou’’, du kaolin et de la bouillie avant de se lancer dans l’entreprenariat agricole après son Brevet d’études du premier cycle (BEPC). « J’ai aimé l’entreprenariat depuis mon bas âge », confie-t-elle. L’aventure de la femme battante commence lors d’un de ses voyages à Ouagadougou. Alors qu’elle s’y est rendue dans une alimentation de la place, Rakiatou Balboné a vu l’exposition de couscous en sachet fait à base du maïs jaune qu’elle en a acheté et a expérimenté la fabrication une fois chez elle à domicile. Cette première expérience, selon elle, a été un grand succès. En 2016,à la suite d’un communiqué de la Maison de l’entreprise invitant des volontaires à postuler à un projet sur l’agroalimentaire, l’entrepreneure en herbe y participe.

Dans la boutique de vente de dame Balboné, on y trouve, entre autres, des biscuits faits à base de maïs, de manioc, de riz mais aussi de l’huile et du savon à base de graines de neem.

Parmi les 20 meilleurs projets retenus, le sien y figure. L’infatigable business woman reçoit alors une formation du Centre d’incubation féminin en entrepreneuriat agricole (CIFEA) qui lui permet de bien démarrer ses activités. Elle dit avoir également bénéficié d’une aide du Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF). Aujourd’hui, la présidente du Groupement d’intérêt économique (GIE) de la Maison de l’entreprise est un modèle qui doit inspirer la jeune génération. Cette battante, mère de deux enfants, qui fait de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, son cheval de bataille, est la coordonnatrice de l’association Komalé. Cette amicale, qui existe depuis 2002, compte aujourd’hui 560 membres. Elle vise à lutter contre la pauvreté, l’ignorance, les Violences basées sur le genre (VBG), la déscolarisation des jeunes filles. Au sein de l’association, les membres sont formés à la fabrication et à l’utilisation de la fumure organique, des foyers améliorés, des insecticides biologiques à travers les graines de neem, à l’élevage des petits ruminants, à la volaille et à des nouvelles techniques agricoles comme les diguettes. Ils sont également sensibilisés à la lutte contre la coupe abusive du bois.

Le 8-Mars, une opportunité

Mme Balboné emploie six personnes dans son entreprise de transformation des produits agroalimentaires. Elle dit avoir réussi à concilier son rôle de femme de foyer à ses multiples activités. « Mon mari m’a donné carte blanche pour exercer mon commerce », confie-t-elle. Pour elle, l’on ne mélange pas l’entrepreneuriat à la vie conjugale. La mère de deux enfants indique que son parcours n’a jamais été un long fleuve tranquille. Il a été marqué, à l’écouter, par des situations tant heureuses que malheureuses. Elle se souvient encore d’une forte somme d’argent qui avait été volée dans la caisse de son association dont elle était la trésorière. « Des gens ont posé cet acte croyant que j’allais me décourager et baisser les bras. J’ai prié en demandant à Dieu de faire des miracles afin qu’ils soient démasqués. Un jour, j’ai surpris les malveillants qui discutaient du partage de l’argent et ils ont été sommés de rembourser la somme volée », se rappelle-t-elle. Selon Rakiatou Balboné, la journée du 8-Mars devrait être une opportunité pour les femmes de mener des réflexions autour des thématiques bien définies pour aider leurs maris, les FDS et par ricochet, la nation entière dans la lutte contre l’insécurité.

« Le 8-Mars ne doit pas se limiter aux festivités. A n’importe quel moment de l’année, si on est en harmonie avec son mari, on peut faire la fête », laisse- t-elle entendre. La femme battante estime qu’il y a une égalité entre l’homme et la femme. D’après elle, cette parité réside dans les actes. La cinquantenaire souhaite qu’à l’avenir ses produits franchissent les frontières burkinabè. Pour ce faire, elle demande l’accompagnement des partenaires financiers afin que chaque mois, elle puisse participer à des foires internationales pour exposer ses produits. L’entrepreneure a égrené quelques difficultés qui freinent le développement de son entreprise. Elle note la cherté des emballages, les problèmes de financement et d’écoulement de ses produits. Qu’à cela ne tienne, Mme Balboné conseille les futurs entrepreneurs de ne jamais céder au découragement. « Dans le domaine entrepreneurial, l’on doit toujours accepter la défaite sans laquelle on ne peut pas aller de l’avant. On ne peut pas également faire une activité sans la moindre critique », conclut-elle.

Noufou SAWADOGO

Laisser un commentaire