Le carême, une démarche de pardon, de conversion

Le but du carême, faut-il le rappeler, c’est de nous préparer à la vie nouvelle que le Christ nous offre à travers les mystères de sa mort-Résurrection : Pâques ! Il s’agit alors pour nous de prendre conscience de notre être de chrétien, autrement dit de celui qui vit du Christ ‘‘par Lui, avec Lui et en Lui’’. Pour ce faire, le Seigneur, à travers cette quarantaine, nous appelle chaque année à faire le vide en nous afin de nous recentrer sur l’essentiel. Nous sommes donc tous invités à nous mettre continuellement sous son regard pour ainsi prendre conscience de son amour immense pour chacun de nous. D’où la nécessité de nous ouvrir à Dieu et aux autres. C’est l’une des raisons d’être ‘‘des confessions pascales’’, chemins de conversion…

Faire ses pâques

La pénitence, comme nous l’avons si souvent dit, est l’un des trois piliers de carême. Il est donc un temps privilégié pour se faire pardonner ses fautes et pour arriver à Pâques avec un cœur renouvelé. C’est du reste la marque du thème pénitentiel, empreint de gravité, qui est à l’origine de la couleur violette utilisée pendant le temps de carême, ainsi que de la surpression des acclamations joyeuses que sont le gloria et l’alléluia. Pour recourir un peu à l’éclairage de l’histoire, il est bon de savoir que les chrétiens au Moyen âge communiaient rarement. Et pour cause, un sentiment d’indignité personnelle qui les empêchait de recevoir leur venait de l’insistance excessive sur la divinité du Christ au détriment de son humanité. Il devint alors habituel de regarder et d’adorer le Saint-Sacrement plutôt que de recevoir le Christ dans la communion eucharistique. Ce faisant, communier devint une pratique si rare que l’Eglise a dû légiférer sur la communion obligatoire au moins une fois l’an, le dimanche de Pâques. C’est l’application de cette disposition du Concile de Latran qu’on appelait alors ‘‘faire ses Pâques’’. Et une telle disposition finit par s’étendre sur une période allant du premier dimanche de carême au premier dimanche après la Pentecôte, en la fête de la Trinité. Bien entendu, il allait de soi que la confession annuelle faisait partie des obligations pascales. Mais disons-le tout net : Le lien particulier entre Pâques et la confession est récurent, étant donné que la confession est la possibilité magnifique de demander pardon pour nos fautes et de renouveler notre lien d’amour avec le Père. En réalité c’est Dieu qui, le premier, pardonne. Il nous demande de faire de même car le pardon libère. Il fait vivre. Se convertir, c’est changer son cœur pour aimer comme Jésus. Le temps du Carême y est particulièrement propice. C’est pourquoi il est organisé dans toutes les paroisses, des temps de prédications, de célébrations pénitentielles et de confessions individuelles pour donner à chacun l’opportunité de se libérer de ses péchés et de se rapprocher ainsi de Dieu et des autres à travers le sacrement de réconciliation et le pardon.

Proche de Dieu, proche du frère

En réalité, le sacrement de la pénitence et de la réconciliation prend sa source dans le mystère pascal. En effet, le soir même de Pâques, l’évangile de Jean rapporte que le Seigneur apparaît aux disciples, enfermés au cénacle, et, après leur avoir adressé son salut « Paix à vous ! », souffle sur eux et dit : « Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (Jn 20, 21-23). C’est dire que ce sacrément prend sa source dans le mystère pascal. Or quand on sait que Jésus est mort afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés, il ne peut en être autrement. Par la libre offrande de lui-même, le Christ transforme la mort qu’il subit en puissance de résurrection pour le monde, tout le monde sans exception. A sa suite, le disciple entre dans cette dynamique pascale qui passe par une démarche de pardon et de réconciliation. L’amère expérience que nous fait vivre l’effritement de notre tissu social, jadis harmonieux et convivial, nous enseigne d’ores et déjà que la vie n’est possible que si nous savons pardonner, nous réconcilier avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Le sacrement de la réconciliation nous invite à reconnaître que l’amour de Dieu nous permet de dépasser les conflits. Bien vécu, le carême comme démarche de pardon et de conversion, peut y contribuer. De toute façon, carême ou pas, peut-on vraiment être proche de Dieu sans l’être des autres, et vice-versa d’ailleurs ?

Abbé Paul DAH

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