Wilfried Léandre Houngbédji, Porte-parole du gouvernement béninois : « Il n’y aura pas de 3e mandat pour Patrice Talon »

En marge de la célébration de la Fête nationale du Bénin, le Secrétaire général adjoint (SGA) et Porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, a accordé un entretien à Sidwaya. Il a évoqué, entre autres sujets d’actualité, les coups d’Etat en Afrique, la question du 3e mandat, la lutte contre le terrorisme et la montée du sentiment anti-français en Afrique.

Au Bénin, le président Patrice Talon, élu en 2016 pour un mandat de cinq ans et réélu en 2021, est appelé à passer la main en 2026, puisque la Constitution ne lui autorise pas un 3e mandat. Le chef de l’Etat béninois s’est engagé à quitter le pouvoir au terme de cette échéance, mais tiendra-t-il parole, lui qui avait promis faire un seul mandat au départ ? Le Secrétaire général adjoint (SGA) et Porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, se dit convaincu que Patrice Talon respectera sa promesse. « Il y a déjà des appels à faire un 3e mandat. Même des Béninois qui n’ont pas voté Patrice Talon y sont favorables. C’est leur droit de le revendiquer, mais le chef de l’Etat a dit qu’il respectera la Constitution. Il reste attaché aux textes. Il n’y aura pas de 3e mandat pour Patrice Talon. Il cèdera le fauteuil à son successeur en 2026 et sait déjà ce à quoi il s’occupera après son passage à la tête du pays », a-t-il affirmé. Pour prouver la « bonne foi » du président Talon, le porte-voix de l’exécutif béninois a fait allusion à la révision de la loi fondamentale de 2019, qui n’a pas touché au verrou de la limitation des mandats présidentiels, mais l’a plutôt renforcé. « Il était mentionné auparavant que le président de la république est élu pour un mandat de cinq ans renouvelables une fois. Le président Talon a fait ajouter une nouvelle disposition qui stipule que nul ne peut de sa vie effectuer plus de deux mandats présidentiels. Que les mandats soient successifs ou discontinus, nul ne peut prétendre à la charge présidentielle pendant plus de 10 ans », a précisé M. Houngbédji. Si Patrice Talon envisage laisser le gouvernail au terme de son dernier mandat, qui pourrait bien être son dauphin, des noms comme ceux des ministres Abdoulaye Bio Tchané ou Romuald Wadagni circulant déjà ? « Rendez-vous en fin 2025 pour le savoir. Pour le moment le président et le gouvernement restent mobilisés pour relever les défis qui s’imposent au Bénin dans les différents secteurs », a rétorqué le Porte-parole.

Le Bénin ferme ses frontières avec le Niger

Tout comme la question du 3e mandat, celle des coups d’Etat fait l’objet de vifs débats sous nos cieux, le dernier en date étant le putsch au Niger. « Les coups d’Etat sont prohibés en matière d’accession au pouvoir en démocratie. Ces coups de force ne changent pas grand-chose à nos réalités. La démocratie reste le meilleur régime politique et nous l’expérimentons », a confié M. Houngbédji. Sur la situation au Niger où le chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, a été renversé, le 26 juillet dernier, par le patron de la Garde présidentielle, le général Omar Tchani, il est catégorique.

« Pour le Bénin, il n’y a pas de coup d’Etat au Niger. Il s’agit d’un kidnapping. Bazoum reste le président élu. Si l’ultimatum d’une semaine donné par la CEDEAO aux putschistes pour rétablir l’ordre constitutionnel, qui expire le dimanche 6 aout prochain, arrivé à terme, vous saurez ce que les différents pays, y compris le Bénin, feront pour la suite », a soutenu le SGA. D’ores et déjà, la CEDEAO a pris des sanctions financières et économiques contre le Niger, et en vertu desquelles, le Bénin a fermé ses frontières avec ce pays. Des centaines de camions contenant des denrées alimentaires à destination du Niger seraient bloqués au port de Cotonou, à la suite de cette décision, selon plusieurs sources. Mandaté par ses pairs de la CEDEAO pour discuter avec les gouvernements de Transition en Guinée, au Burkina Faso et au Mali, le président Talon qui s’apprêtait à aller dans ces pays a annulé ses déplacements, selon le Porte-parole du gouvernement, à cause de la crise au Niger. La situation au Niger s’est ajoutée à la mission de Patrice Talon, qui devait se rendre également dans ce pays, mais cela n’a pas été possible. « Les militaires, qui ont pris le pouvoir, n’ont pas voulu ouvrir les frontières, si bien que le président Talon n’a pas pu effectuer le déplacement. Si le Bénin peut aider à trouver des solutions à des problèmes dans la sous-région, il le fera sans hésiter », a soutenu M. Houngbédji. Il s’est, par ailleurs, prononcé sur la montée en puissance du sentiment anti-français en Afrique. « C’est un fait. Sur le caractère subjectif ou objectif de ce fait, le débat est posé. Il y a des tireurs de ficelles dans l’ombre, qui accusent telle ou telle autre puissance étrangère d’être la source de nos malheurs. Nous devons être responsables de nos actes. Les peuples africains doivent assumer leur destin. Aucune puissance étrangère ne le fera à leur place. Il faut changer les paradigmes de gouvernance, faire en sorte à ce que les ressources soient bien gérées au profit de tous », a réagi le Porte-parole du gouvernement béninois. Pour le reste, il est convaincu que l’Afrique dispose des compétences et des potentialités nécessaires pour assurer son rayonnement à l’échelle planétaire.

Entretien réalisé à Cotonou par Kader Patrick KARANTAO

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