
La Journée de l’Afrique à la COP30 a été organisée conjointement par la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement, l’Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, mardi 11 novembre 2025, à Belém, au Brésil. Au cours de cette journée, les leaders africains ont appelé à un autre financement climatique pour le continent.
L’Afrique a réaffirmé sa position en faveur d’un financement climatique fondé sur une nouvelle architecture financière, à l’occasion de sa journée à la COP30 tenue, le mardi 11 novembre 2025, à Belém, au Brésil.
Organisé conjointement par la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD), l’Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD (AUDA-NEPAD) la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), cette journée était placée sur le thème : « L’Afrique à l’avant-garde de l’action pour le climat : Financement durable pour une croissance verte résiliente et inclusive ».
Au nom du président de la Commission de l’UA, le Commissaire Moses Vilakati, a indiqué qu’il s’agit d’un moment de fierté continentale et de signification mondiale. Pour lui, il s’agit d’une plateforme où l’Afrique parle d’une seule voix, pour exiger la justice climatique et partager des expériences sur des actions climatiques tangibles afin d’offrir des solutions audacieuses et évolutives à la crise climatique.
Depuis sa déclaration d’Addis-Abeba en septembre 2025 à Addis-Abeba, en Ethiopie, l’Afrique appelle à un passage du financement des projets à des partenariats tangibles à long terme qui atteignent les communautés, les entrepreneurs et les écosystèmes sur le terrain. Elle exige une réforme systémique de la finance mondiale. L’Afrique invite aussi le monde à reconnaître le continent non pas comme une victime, mais comme un fournisseur de solutions et ce conformément au principe de responsabilité commune mais différenciée.
Mobiliser au moins 50 milliards de dollars par an

« L’Afrique abrite 20 % des puits de carbone du monde, y compris le bassin du Congo, qui à lui seul stocke 60 milliards de tonnes de CO₂. Pourtant, nous gagnons moins de 1 % des revenus mondiaux du marché du carbone. Ce n’est pas seulement une injustice économique, c’est une injustice climatique. Nous devons réformer les marchés du carbone pour les aligner sur les réalités africaines, réduire les fuites de revenus et autonomiser les communautés locales », a souligné le commissaire Vilakati.
Avec un continent qui reçoit moins de 10 % du financement mondial pour l’adaptation, malgré sa vulnérabilité, avec plus de 600 millions d’Africains exposés aux chocs climatiques, il y a lieu de changer de fusil d’épaule. « Nous devons intensifier les solutions basées sur la nature, du bassin du Congo à l’agroforesterie du Sénégal et mobiliser au moins 50 milliards de dollars par an pour l’adaptation d’ici à 2030. Nous devons également rediriger une partie de nos 350 milliards de dollars de fonds souverains et de pension, actuellement investis à l’étranger, vers des projets nationaux transformateurs »,
a-t-il soutenu.
Le continent appelle également la communauté mondiale à rediriger 30 % du financement climatique vers des initiatives menées par l’Afrique, à soutenir le Fonds pour les pertes et dommages avec un financement prévisible et basé sur des subventions, à reconnaître et récompenser les solutions basées sur la nature de l’Afrique et la biodiversité.
Le vice-président de la BAD chargé de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte, Dr Kevin Kariuki, représentant du président de la BAD, Dr Sidi Ould Tah, a insisté sur la position commune du continent à cette COP30 historique.
« A la COP30, l’Afrique est unie pour réaffirmer son engagement en faveur de l’action climatique mondiale, avec clarté et détermination. Nous ne sommes pas ici pour susciter la compassion, nous sommes ici pour affirmer l’équité, l’égalité des chances et le partenariat. L’Afrique est déjà à l’avant-garde de l’action climatique mondiale, façonnant des solutions à la fois ancrées localement et pertinentes à l’échelle mondiale », a-t-il martelé.
Moins de 3 % du financement climatique pour l’Afrique

Dr Kariuki a déploré la situation actuelle de l’Afrique. « Avec ses richesses écologiques parmi les plus précieuses au monde, qui constituent un puits de carbone essentiel pour la planète, l’Afrique reçoit moins de 3 % du financement climatique mondial. Un paradoxe qu’il faut urgemment corriger », a-t-il poursuivi. Kevi Kariuki a relevé que selon les estimations récentes, sur les 1 400 milliards de dollars de financement climatique mondial mobilisés en 2023, l’Afrique subsaharienne n’en a reçu que 47 milliards de dollars. Moins de
2,5 % du total. un montant bien inférieur aux 277 milliards de dollars, nécessaires chaque année jusqu’en 2030 pour relever efficacement les défis climatiques et mettre en œuvre les Contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays africains.
Il a rappelé la place qu’occupe la lutte contre le changement climatique dans la nouvelle vision du président de la BAD, visant à recentrer l’action de la Banque sur quatre priorités stratégiques, appelées les “Quatre Points Cardinaux”. L’ambition de cette nouvelle orientation de Dr Ould Tah est de libérer le potentiel financier de l’Afrique, renforcer la souveraineté financière du continent, transformer les défis démographiques en atouts et construire des infrastructures résilientes, tout en créant une réelle valeur ajoutée.
Parlant au nom des acteurs non étatiques africains et des millions d’Africains qui subissent au quotidien les conséquences de l’injustice climatique, le Directeur exécutif de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), Dr Mithika Mwenda, a invité les dirigeants mondiaux à un changement de paradigme fondé sur l’action transformatrice et impactante.
« Nous ne cherchons pas la pitié, nous exigeons la justice. Le financement climatique doit évoluer : de l’aide à l’investissement, des promesses aux résultats », a-t-il martelé. Le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell, a reconnu l’urgence de lever des financements pour l’Afrique qui perd 9% de son PIB du fait des effets du changement climatique.
Mahamadi SEBOGO
(Depuis Belém, Brésil)




















