Développement durable : l’Italie renforce ‘’le pont’’ avec l’Afrique

La troisième conférence ministérielle entre l’Italie et le continent africain, dénommée « Rencontre avec l’Afrique », tenue le 8 octobre 2021, à Rome, a été consacrée aux questions de développement durable.

L’Italie continue de multiplier les opérations de charme en direction de l’Afrique. Après les éditions de 2016 et 2018, la troisième conférence ministérielle entre le continent africain et la péninsule européenne s’est tenue, le vendredi 8 octobre 2021, à Rome (Italie). Une cinquantaine de pays d’Afrique, des organisations sous régionales africaines et internationales, des entrepreneurs et des acteurs de la société civile ont pris part à ce rendez-vous consacré au thème : «Population, planète, prospérité ».

Le président italien, Sergio Matarella, a indiqué que la Méditerranée et l’Afrique représentent les premiers domaines de référence de la politique étrangère de son pays. Pour lui, cette «Rencontre avec l’Afrique » est une opportunité pour faire un dialogue constructif entre son pays et le continent sur les questions urgentes que sont l’environnement, les énergies renouvelables et le développement durable. De son avis, l’Afrique est particulièrement vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les pénuries d’eau, les sécheresses et les incendies. « Nous voulons réaffirmer le désir de l’Italie d’être un partenaire actif du changement pour un monde meilleur. Sur le continent africain, nous souhaitons contribuer à créer du travail, former des jeunes et femmes et moderniser les infrastructures », a déclaré le président Matarella.

Le président de la Commission de l’Union africaine(UA), Moussa Faki Mahamat, a souligné que l’Afrique est une victime innocente du changement climatique. Selon lui, elle ne compte pour rien dans les émissions de gaz à effet de serre. «L’Afrique vit avec amertume une injustice insupportable », a-t-il confié. Il a précisé que les émissions de CO2 en tonnes métriques par an sur le continent sont estimées à 0,8 tonne alors qu’elles sont de 7 à 12 tonnes dans les pays industrialisés. Cette vulnérabilité, a poursuivi le président Mahamat, est aggravée par la COVID-19 dont les conséquences sont la fermeture d’unités de production de biens et services, le tarissement des investissements, l’augmentation du chômage et de la pauvreté.

Changer de paradigmes

l a dit espérer que l’Italie, qui assure cette année la présidence du G20, saura contribuer à lui donner vie et efficacité en permettant à l’Afrique et à son 1,3 milliard d’habitants d’avoir voix au chapitre dans ce forum mondial consacré aux grands enjeux mondiaux tels que la réduction de la pauvreté et la durabilité environnementale. La deuxième priorité du continent soulevée par Moussa Faki Mahamat est l’investissement dans la paix et la sécurité en Afrique. « Il est important que ce dialogue favorise une doctrine nouvelle et active sur cette question et un changement de paradigmes de la gouvernance financière », a-t-il déclaré. La troisième préoccupation africaine portée par M. Mahamat est la nature des projets structurants entre l’Union européenne et l’Afrique qui doivent avoir, selon lui, un impact significatif sur la croissance économique et le développement inclusif. Il a souhaité que l’Union européenne rompe avec la simple expression de vœux et de promesses afin de s’engager résolument aux côtés de l’Afrique pour des projets intégrateurs et innovants. Après la session plénière, quatre panels ont eu lieu sur les enjeux des énergies renouvelables, la transition énergétique, de l’environnement, de la finance verte et du développement durable.

Le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry a animé, aux côtés d’autres personnalités une table ronde sur les énergies renouvelables. Il a fait savoir que les défis énergétiques au Burkina Faso sont la problématique de l’accès des populations à l’électricité dans les ménages et dans les villes. « Aujourd’hui, le pays des Hommes intègres est à un taux de couverture de 45 % des populations. L’objectif est de porter ce taux à 75% d’ici à 2025 », a ajouté le chef de la diplomatie burkinabè. Il a également indiqué que le désert avance au Burkina Faso, du fait de la déforestation, en dépit des nombreux efforts de reboisement. « La reforestation n’est pas suffisante pour faire face à la dégradation », a-t-il soutenu. Pour inverser la tendance, le ministre Barry a souligné la nécessité d’avoir une énergie de substitution pour les populations. Parmi les solutions alternatives, il a cité le biodigesteur qui permet de transformer des déjections animales afin de produire de l’électricité pour la consommation des ménages. Il a également confié que le Burkina Faso investit dans les énergies renouvelables notamment la construction de centrales solaires pour combler son déficit énergétique.

Anselme KAMBIRE

(A Rome, en Italie)

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