Ils convoquent le marabout qui devrait les rendre riches

B.S. est un jardinier domicilié au secteur 23 de Bobo-Dioulasso. Il a comparu devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso, le mardi 28 février 2023, pour répondre des faits d’escroquerie. En effet, le jardinier, âgé de 25 ans, était poursuivi pour avoir dit à S.P. et S.M. qu’il pouvait leur faire gagner beaucoup d’argent (par des procédés de maraboutage) et leur a escroqué la somme de 1 800 000 F CFA. Selon les deux victimes, tous des jardiniers, c’est courant novembre 2022 que l’accusé les a approchés pour leur dire qu’il pouvait les aider à gagner beaucoup d’argent par le biais de son maitre qui se trouve à Houndé. « Il a dit que son travail coûte deux millions.

Nous avons payé la première tranche de 800 000 F CFA. Il a fait des rites ce jour-là et il nous a donné rendez-vous dans deux semaines », raconte S.P., l’une des victimes. A en croire ce dernier, après deux semaines d’attente sans gain de cause, B.S. leur a demandé d’envoyer chacun 62 000 F par deux fois, plus 30 000 F pour « réconcilier » les génies qui devraient leur remettre l’argent. « Il nous a dit d’attendre dans une maison pendant trois jours que les génies allaient passer (entre 15 h et 18 h) nous donner l’argent, mais rien ! », a ajouté la victime. Aux dires de S.M., c’est après le délai de trois jours qu’ils ont perdu espoir et décidé de le traduire en justice. Interrogé sur les faits, B.S. nie avoir pris de l’argent avec les deux victimes.

Pour lui, ce sont les victimes qui l’ont approché pour qu’il les aide à devenir riches, mais il aurait décliné l’offre, car sa spécialité était de soigner les enfants. C’est ainsi qu’il a décidé de les mettre en contact avec un ami d’enfance pour qu’il fasse le « travail ». Chose qui contredit les déclarations des victimes qui disent ne pas connaitre cet ami et n’ont eu affaire qu’à B.S. Selon le procureur du Faso près le TGI de Bobo-Dioulasso, le prévenu a fait savoir aux victimes qu’il travaillait avec des génies et leur a fait consommer une potion mélangée à du lait.

Il leur a ensuite intimé l’ordre de garder le silence au risque de subir la foudre des génies. Pour lui, il y a escroquerie dès lors que des manœuvres ont été utilisées pour amener les victimes à débourser des sommes d’argent. Le ministère public a, de ce fait, demandé au tribunal de l’en déclarer coupable et de le condamner à 36 mois de prison et à une amende d’un million F CFA, le tout ferme.


Il vide les comptes mobile money de ses collègues

M.K., la vingtaine, est ouvrier dans une entreprise, domicilié à Bobo-Dioulasso. Le mardi 28 février 2023, il a comparu devant la chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso, pour répondre des faits de vol. Le prévenu a immédiatement reconnu les faits, mais soutient qu’il a posé cet acte pour soigner sa mère qui se trouvait à l’hôpital au moment des faits.

En effet, il était poursuivi pour avoir soustrait des sommes d’argent de plus de 80 000 F CFA dans les comptes mobile money (portables) de M.C. et S.L., tous des collègues de travail. Son mode opératoire consistait à surveiller ses victimes pour les surprendre pendant qu’ils essaient de recharger des unités via leur compte mobile money afin de voler leur code. « Une fois le code obtenu, je prends leur téléphone à leur absence (quand les téléphones sont en charge) et je transfère l’argent sur mon compte.

Ensuite, je supprime le message sur leur téléphone », a-t-il expliqué aux juges. Les victimes, elles, ignorent comment il a fait pour rentrer en possession de leurs codes secrets. Pour le ministère public, les faits de vol sont suffisamment constitués, car le prévenu a transféré à son profit des sommes d’argent sans avoir l’accord de ses victimes.

Cependant, il estime que le prévenu est un délinquant primaire et plaide pour que le tribunal lui accorde une seconde chance. Il a, de ce fait, requis une peine d’emprisonnement de 18 mois et une amende de 500 000 F, le tout assorti de sursis. Statuant publiquement, contradictoirement, en matière correctionnelle et en premier ressort, le tribunal a suivi le parquet dans sa réquisition. Le tribunal l’a également condamné à payer 86 900 F aux victimes et a fixé la durée de la contrainte à 21 jours.


En voulant sauver sa sœur de la prostitution, il se retrouve en justice

S.O. est un employé de commerce domicilié au secteur 17 de Bobo-Dioulasso. Il était devant les juges du TGI de Bobo-Dioulasso, le mardi 28 février 2023, pour répondre des faits de grand banditisme. En effet, il était accusé d’avoir fumé de la drogue et participé à des coups et blessures volontaires sur la personne de D.L. Le prévenu a nié catégoriquement les faits qui lui sont reprochés, mais il reconnait avoir participé à une bagarre dans une buvette la nuit des faits (la nuit du 4 au 5 février 2023).

Selon le récit du mis en cause, le jour des faits, il s’est rendu dans une buvette non loin du lieu d’agression de D.L. pour tirer sa sœur du milieu de la prostitution. « Ma sœur m’a dit que c’est sa vie et je l’ai giflée. C’est en ce moment, les vigiles du bar s’en sont pris à moi et m’ont molesté », a-t-il ajouté.

A l’écouter, il n’a aucune idée de la manière dont il est arrivé à la police, car il était inconscient. Chose contredite par la victime qui l’a formellement identifié parmi ses agresseurs. « C’était aux environ de 00 heure quand je suis tombé sur un groupe de jeunes (13 personnes) qui fumaient de la drogue. Je leur ai dit d’arrêter de fumer cette substance. Ils m’ont remercié gentiment et je suis parti », a-t-il expliqué.

C’est après avoir fait quelques mètres que les agresseurs, au nombre de 7, s’en sont pris à lui et l’ont poignardé au dos. Pour le ministère public, s’il est évident que la victime a été agressée la même nuit, il y a un doute quant à la participation de l’accusé à cette agression car ce dernier a été molesté dans une autre buvette. Pour ce faire, il a demandé à la cour de le relaxer.

Il a été suivi par le conseil du prévenu qui clame l’innocence de son client. Pour lui, si son client est coupable, ce ne sont pas des faits pour lesquels il est poursuivi, mais d’avoir essayé de tirer sa sœur d’un milieu de débauche et d’avoir giflé cette dernière à cause de son refus d’obtempérer.

« Ma conviction c’est qu’il est non coupable des faits qui lui sont reprochés », a-t-il martelé. Statuant publiquement, contradictoirement, en matière correctionnelle et en premier ressort, le tribunal a renvoyé S.O. des faits au bénéfice du doute.

Noufou NEBIE

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