Pied d’athlète : « La pathologie parait banale, mais on peut avoir des complications très graves », Dr Angèle Ouangré

Dr Angèle Ouangré au service Dermatologie et Vénérologie au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo: « il existe des traitements des espaces inter-orteils en application locale pendant 4 à 6 semaines » .

Le pied d’athlète est une infection dermatologique courante qui touche principalement les adultes, les sportifs et les personnes âgées. Cette mycose est provoquée par des champignons, les dermatophytes, qui affectionnent les milieux chauds et humides pour se développer. Le Dr Angèle Ouangré, au service dermatologie et vénérologie au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo, donne des précisions sur les symptômes, les causes et les complications de la pathologie.

Le pied d’athlète est dû à la prolifération d’un champignon microscopique appartenant à la famille des dermatophytes. Ces derniers ont la particularité de se développer en présence de kératine, un composant essentiel de la couche cornée de la peau. C’est le Trichophytum rubrum qui est à l’origine de cette mycose du pied. Contrairement aux candidoses, une dermatophytose ne peut pas infecter le sang ni un organe interne.

Selon le Dr Angèle Ouangré, cette pathologie est appelée “pied d’athlète” parce que ce sont souvent les sportifs dont les pieds macèrent dans des baskets qui sont atteints de cette infection cutanée. Elle affirme que le pied d’athlète est une infection de la peau des espaces entre les orteils par des champignons. Et de préciser que toutes les maladies des espaces inter-orteils ne sont pas dues aux champignons.

Le pied d’athlète peut toucher tout le monde, quel que soit son âge, son mode de vie ou son état de santé. Cependant, certains facteurs et comportements peuvent favoriser le risque d’une personne à développer la maladie. Il s’agit, selon Dr Angèle Ouangré, d’un excès de transpiration des pieds, d’un mauvais séchage des orteils après la douche, du port de chaussures mal aérées, des pieds permanemment dans des chaussures fermées et de certaines maladies telles qu’un diabète mal équilibré, un système immunitaire.

Angèle Ouangré affirme que l’« athlétic foot » est favorisé par la macération, la transpiration, l’humidité et le port de chaussures en caoutchouc. La transpiration des pieds crée un milieu idéal à la prolifération des champignons : humide, chaud et sombre. De plus, relève-t-elle, la marche pieds nus sur un plancher mouillé dans un lieu public (par exemple, dans le vestiaire d’un centre sportif ou au bord d’une piscine) accroît aussi le risque de contracter l’infection. Cependant, il n’est pas nécessaire d’être sportif ou de fréquenter des salles d’entraînement pour l’attraper.

Pour elle, les personnes à risque de contracter le pied d’athlète sont les athlètes, les miniers, les électriciens, les militaires, le personnel de santé avec les bottes. Elle souligne que ces personnes sont risquées du fait de l’environnement avec le port permanent de chaussures de sécurité ou de protection. D’autres personnes à risques sont les personnes diabétiques, celles immunodéprimées et celles dont la morphologie des pieds ont des orteils serrés.

Cette pathologie qui concerne les adultes surtout, touche préférentiellement les 3e et 4e espaces (physiologiquement les plus fermés), sous l’aspect. Mme Ouangré confie que cette maladie se manifeste par une simple desquamation sèche ou suintante, associée ou non à des fissures ou à des vésiculo-bulles sur la face interne des orteils et au fond du pli, des lésions débordent souvent sur la face plantaire et la face dorsale du pied et des orteils sous forme d’un processus vésiculeux et desquamatif représentant ce qu’on appelle « athlétic foot » et un prurit est variable.

Selon le Dr Angèle Ouangré, la pathologie parait banale, mais on peut avoir des complications très graves. Elle explique que, non traité, un pied d’athlète peut être à l’origine de pénétration de germes divers (porte d’entrée bactérienne) à l’origine d’érysipèle de jambe ; de lymphangite ; d’adénite ; de phlegmon et même de septicémie. Et d’ajouter que cette infection peut se diffuser à l’ensemble du pied ou à d’autres régions du corps (peau, ongles et grands plis). Elle peut contaminer pied-main possible, en particulier avec T. rubrum : « two feet, one hand ». « Toute maladie des espaces inter-orteils n’est pas pied d’athlète. Il existe d’autres causes », confie-t-elle.

Pour prévenir la pathologie, le Dr Angèle, Ouangré conseille quelques gestes préventifs. Il s’agit notamment d’avoir une bonne hygiène des pieds en les lavant régulièrement, de bien se sécher les pieds après la toilette, spécialement entre les orteils, d’utiliser du talc dans les chaussures ou une poudre antifongique. Elle préconise également de changer régulièrement de chaussures pour permettre une aération de celles-ci ; de porter des chaussettes en coton (elles absorbent mieux la transpiration) ; et d’éviter de marcher pieds nus (porter des claquettes en milieu public (plage, piscines, vestiaires) et de prendre en charge certaines maladies générales comme le diabète et l’immunodépression.

 Wamini Micheline OUEDRAOGO

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