Inquiétant rebond !

Faut-il craindre un retour des mesures exceptionnelles pour enrayer la nouvelle vague de la maladie à coronavirus ? L’évolution de la pandémie au Burkina Faso n’est pas très rassurante. Au regard des chiffres (en-deçà de la réalité, il faut l’admettre), et à la suite de la campagne de sensibilisation au respect des mesures-barrières, le gouvernement a instruit, vendredi dernier, la tenue, « dans les meilleurs délais » d’une session du Comité national de gestion de la crise de la pandémie de la COVID-19, afin de lui soumettre des projets de décisions. Le nombre de cas positifs, ces dernières semaines, ne peut laisser personne indifférent. Du 19 au 26 janvier 2021, 865 nouveaux cas ont été enregistrés et 15 décès, portant le total des cas à 10 217 et celui des décès à 120. Selon les données du ministère de la Santé, de décembre 2020 à la date du 19 janvier 2021, 6 432 nouveaux cas ont été enregistrés contre 2 920 au cours des neuf mois précédents. Le plus préoccupant est que cette augmentation du nombre de nouveaux cas est caractérisée par un accroissement des hospitalisations et un plus grand nombre de décès. Depuis la survenue, le 9 mars 2020 des premiers cas de contamination sur le sol burkinabè, et au lendemain du premier décès des suites de la COVID-19, le pays décrétait une batterie de mesures de restrictions (couvre-feu, fermeture des lieux de grandes fréquentations, suspension des transports interurbains…), qui ont permis de limiter la propagation du virus, jusqu’alors contenu dans la capitale et quelques villes secondaires où une quarantaine de personnes avaient été testées positives à la maladie. La levée progressive de la quarantaine et des restrictions, à la suite du constat d’une amélioration de la situation (mais aussi une pression populaire), a entrainé une hausse mécanique des nouvelles contaminations et de nouvelles localités touchées par l’épidémie. Malgré l’annulation de certains événements à caractère national (SIAO, SNC et FESPACO), le maintien d’autres rendez-vous nationaux, le relâchement voire l’abandon des mesures-barrières et un certain scepticisme par rapport à la maladie ont contribué à cette forte poussée de la COVID-19, relativement plus mortelle.
Un durcissement des contrôles du respect des mesures-barrières actuellement optionnelles (port du masque, lavage des mains, distanciation physique) est-il envisageable ? Si la tendance haussière de l’épidémie se maintenait, la réinstauration des mesures controversées de restrictions, à l’instar d’autres pays, sera-t-elle de trop ?
Une tolérance zéro au non-respect des mesures et gestes-barrières obligatoires, au-delà de son caractère pédagogique, permettra de freiner l’épidémie de plus en plus contagieuse et de plus en plus dangereuse.
Ce qui donnera aux autorités sanitaires, le répit nécessaire pour la grande réflexion sur le vaccin qui, en plus d’être actuellement l’objet d’une chasse au trésor entre grandes puissances, fait polémique sur le continent et au Burkina Faso. On le voit déjà, la concentration des efforts sur la pandémie semble se faire actuellement au détriment d’autres enjeux sanitaires du moment et d’autres maladies. En témoigne la réapparition de la lèpre dans certaines localités du Sud-Ouest, une maladie presque éradiquée et qui pourrait redevenir une autre préoccupation sanitaire, si les dispositions adéquates ne sont pas prises à temps.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

 

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