
Passer de longues heures assis au bureau, dans les transports ou devant un écran est devenu la norme pour beaucoup. Pourtant, ce mode de vie sédentaire a des conséquences préoccupantes sur la santé. Les experts alertent et proposent des solutions simples pour réduire les risques.
Dans de nombreux secteurs d’activité, ceux du tertiaire notamment, la posture assise est une posture de travail couramment rencontrée. Elle est d’ailleurs souvent décrite comme la posture de travail idéale. Toutefois, cette posture peut avoir des conséquences négatives sur la santé, dès lors qu’elle est maintenue dans le temps, particulièrement lorsqu’elle est associée à une très faible dépense énergétique.
Rester assis huit à dix heures par jour n’est plus une exception, mais bien une réalité pour la majorité des adultes. Entre le travail, les déplacements et les loisirs, certains employés de bureau accumulent jusqu’à onze heures de sédentarité quotidienne. Selon des statistiques récentes, près de 80 % des personnes passent plus de deux heures d’affilée assises, sans pause ni étirement. Un constat jugé alarmant par les spécialistes de la santé.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la sédentarité constitue aujourd’hui le quatrième facteur de risque de mortalité dans le monde, responsable de plus de trois millions de décès par an.
Les effets d’une telle immobilité sont immédiats : ralentissement de la circulation sanguine, augmentation de la pression sur les disques vertébraux, douleurs lombaires et sciatiques, baisse de l’activité des muscles posturaux, sans oublier une réduction de la dépense énergétique pouvant atteindre 80 % par rapport à la marche.
A long terme, les conséquences sont encore plus lourdes. La posture se détériore, les muscles s’affaiblissent et les déséquilibres corporels s’accentuent. Le risque cardiovasculaire grimpe en flèche, avec une probabilité de maladies cardiaques ou d’hypertension accrue de 147 %. Le métabolisme ralentit également, favorisant l’apparition du diabète.
Bouger pour mieux vivre : des solutions simples
Pour y remédier, les spécialistes en ergonomie du travail recommandent la règle dite du « 20-8-2 » : alterner 20 minutes en position assise (avec le dos bien soutenu et les pieds à plat), 8 minutes debout pour des tâches légères comme la lecture ou un appel téléphonique, puis 2 minutes de mouvement, consistant à marcher, s’étirer ou pratiquer quelques exercices simples. Cette alternance, loin d’être contraignante, permet d’oxygéner le cerveau, d’activer la circulation et de prévenir les douleurs.
La prévention des risques liés aux postures sédentaires est devenue un véritable enjeu de santé au travail. Dans de nombreux secteurs, les salariés passent l’essentiel de leur journée assis, souvent immobiles, ce qui réduit considérablement leur dépense énergétique. Identifier ces situations professionnelles à risque est une étape essentielle pour les entreprises qui souhaitent protéger leurs employés et améliorer leurs conditions de travail.
Une fois ce diagnostic posé, différentes pistes peuvent être explorées. L’organisation du travail, par exemple, peut être repensée afin de favoriser l’alternance entre les tâches nécessitant une position assise et celles permettant de se lever ou de se déplacer. Les espaces de travail eux-mêmes jouent un rôle déterminant : une imprimante installée à l’écart, une salle de réunion conçue pour encourager la station debout ou un espace de convivialité aménagé pour varier les postures contribuent déjà à réduire l’immobilité.
Les postes de travail, enfin, peuvent être adaptés pour offrir plus de souplesse.
Des bureaux réglables en hauteur ou encore des dispositifs comme les ergocycles permettent d’alterner entre assise et mouvement tout en restant productif. Mais la prévention ne se limite pas à l’équipement. L’information et la sensibilisation des salariés demeurent indispensables pour les inciter à rompre régulièrement la monotonie des longues heures assises et à intégrer, dans leur quotidien, des moments de pause et de mobilité. Ainsi, lutter contre la sédentarité au travail ne relève pas seulement du confort, mais bien d’une démarche globale de protection de la santé et de la performance.
Les individus, de leur côté, peuvent aussi changer de petites habitudes telle que se lever pour prendre un appel ou aller voir un collègue au lieu d’envoyer un message, utiliser les escaliers plutôt que l’ascenseur, prendre quelques minutes pour s’étirer toutes les heures, marcher pendant la pause déjeuner.
En somme, rester assis n’est pas un mal en soi. C’est l’excès de sédentarité qui représente une menace silencieuse mais bien réelle. L’enjeu est de trouver le juste équilibre entre position assise, station debout et mouvements pour préserver sa santé. Car bouger un peu chaque jour, c’est investir dans son bien-être futur.
Wamini Micheline OUEDRAOGO
Source : inrs.fr, Capsule du
Christian Napon, Neurologue