Le « come-back » de Mahmoud Ahmadinejad

Alors qu’on l’avait presque oublié, l’ancien président de la République islamique d’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, 67 ans, revient de plus belle au-devant de la scène politique. L’ancien maire de Téhéran, qui a dirigé son pays de 2005 à 2013, a déposé, le week-end écoulé, sa candidature à la présidentielle anticipée du 28 juin prochain. Ce scrutin, consécutif au décès récent du chef de l’Etat iranien, Ebrahim Raïssi, dans un crash d’hélicoptère, attire bien des convoitises.

A quelque chose malheur est bon, dit l’adage. Mahmoud Ahmadinejad trouve, une fois de plus, l’occasion d’afficher sa volonté de revenir aux affaires. En soumettant sa candidature, l’ancien président iranien a affiché son engagement, entre autres, à résoudre les problèmes vitaux de ses compatriotes, à lutter contre la corruption et à améliorer le climat des affaires. Même s‘il n’est plus très actif politiquement depuis son départ du pouvoir, occupé certainement à assumer ses fonctions de membre du Conseil de discernement, l’ex-président iranien est déterminé à briguer encore la magistrature suprême.

Tombé en disgrâce auprès des autorités iraniennes, Mahmoud Ahmadinejad a tenté à deux reprises et sans succès de se porter candidat aux élections présidentielles de 2017 et 2021. A ces deux rendez-vous électoraux, le Conseil des gardiens de la Constitution avaient purement et simplement rejeté sa candidature. L’ancien président ultra-conservateur aura-t-il la chance d’être en lice, cette fois-ci ?

Il faut attendre le 11 juin prochain, date à laquelle, le Conseil des gardiens de la Constitution annoncera la liste des candidats autorisés à concourir au scrutin, pour se faire une idée. D’ores et déjà, on peut émettre des doutes sur la validation de la candidature de Mahmoud Ahmadinejad, tant il n’est plus vraiment en odeur de sainteté avec ses parrains et soutiens politiques, qui l’avaient permis d’accéder au pouvoir à la surprise générale.

Au premier rang de ces mentors, le Guide suprême de la Révolution iranienne depuis 1989, l’Ayatollah Ali Khamenei, avec qui les relations de l’ex-président se sont totalement détériorées vers la fin de son règne. Mahmoud Ahmadinejad s’était engagé dans une guerre de pouvoir ouverte avec l’Ayatollah Ali Khamenei. Ce conflit n’aurait pas dû avoir lieu, puisque le Guide suprême, titre placé au-dessus de la charge de président de la république, est le poste le plus important en Iran.

Il ne fait pas bon contester l’autorité du Guide suprême et les Iraniens le savent bien. Depuis lors, Mahmoud Ahmadinejad est devenu comme une sorte de paria dans son propre camp, à telle enseigne qu’il a du mal à rebondir ou à se faire valoir politiquement. S’il n’est pas forcément porté en estime en Iran, Mahmoud Ahmadinejad n’est pas non plus considéré comme un enfant de chœur en Occident.

Ayant inscrit son action dans la pure tradition de combat contre les ennemis existentiels, tels les Etats-Unis et Israël, son passage à la tête de l’Iran a été un cauchemar pour les Occidentaux. On se rappelle des vives tensions avec les pays occidentaux au sujet du programme nucléaire iranien et des propos controversés sur Israël. Mahmoud Ahmadinejad n’avait-il pas dit, que l’Etat hébreu devait être « rayé de la carte » ? En bon conservateur, l’ancien président iranien reste également à lui-même et ne devrait pas changé, s’il venait à retrouver le gouvernail. Mais va-t-il réussir à cocher la case « validation de candidature » ?

Kader Patrick KARANTAO

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