L’interpellation des consciences

Dans son adresse-bilan portant sur les cinq derniers mois de la gestion des questions prégnantes de l’heure, principalement de la crise sécuritaire, le Président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a appelé une fois de plus, ses compatriotes à une introspection individuelle et collective, afin d’œuvrer à l’unisson, à l’éradication de ce fléau dans le droit fil des valeurs multiséculaires que nous ont léguées les figures totémiques et tutélaires de ce pays, et qui sont de nos jours foulées aux pieds sans émotion aucune par toutes les couches et classes sociales. Prenant appui sur la date symbolique du 4 septembre 1947 qui a vu la reconstitution de la Haute-Volta, il nous engage donc sur le chemin de l’honneur, de la dignité et de l’amour de la Nation burkinabè avant toutes considérations partisanes. Oser inventer l’avenir à l’aune de notre fond culturel plutôt que de se contenter de consolider les Etats-Nations hybrides hérités de la colonisation, voilà le credo.

Légataires de la perception occidentale de l’Etat, nous avons depuis (en dehors des révolutionnaires du 4 août 1983) calqué notre démarche vers le développement à travers celle de l’ancien maître avec à la clé ces crises multiples et ces travers démocratiques vécus jusque-là, avec nombre d’acteurs qui ont fait du mélange des genres leur spécialité. Maintenant que le pays est dans une situation préoccupante, il faut intérioriser ces soixante ans d’histoire trouble et complexe afin de repartir avec hardiesse à la conquête de la liberté et du progrès. L’enjeu est de passer d’une démocratie faite d’invectives, d’anathèmes et de haine à une démocratie citoyenne où les débats d’idées et les propositions intelligentes pour bâtir le Faso auront pignon sur rue. Il faut faire en sorte que le politique retrouve son rôle de serviteur, afin de renouer le lien entre gouvernants et gouvernés fortement distendu ces dernières années. Un sursaut patriotique qui permettra non seulement de faire face victorieusement à l’adversaire, mais aussi et surtout de redonner sa place et sa fierté à un peuple dont l’histoire démontre qu’il est grand dans tous les sens du terme. S’il est vrai qu’on “ne lapide pas la terre-mère avec des cailloux”, cet appel rédempteur du président Damiba devrait être entendu par tous les dignes fils du Burkina Faso. Peuple du Faso, ton destin est entre tes mains.

Boubakar SY

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