Palais du Mogho Naaba Baongo : le vice-chef des armées intronisé

Lin Désiré Tapsoba est le nouveau Gounghin Naaba. Il a porté son bonnet de vice-chef des armées, le mardi 5 juillet 2022, au palais du Mogho Naaba à Ouagadougou.

Au palais du Mogho Naaba dans le quartier Samandin de Ouagadougou, la journée du mardi 5 juillet 2022 a été particulière. Elle a été marquée par l’intronisation du 36e Gounghin Naaba, mais aussi, celle du Dapoya Naaba. Cérémonie solennelle que nul ne voulait se faire conter. Ministres du Mogho Naaba accompagnés de leurs sujets, les différents prétendants également et leurs sujets, amis, connaissances et spectateurs, tous étaient à ce rendez-vous particulier. Comme le soleil qui apparait à une heure précise, 8h00 était l’heure annoncée pour la cérémonie. Assis dans leurs véhicules, les ministres attendent la sortie du Mogho Naaba Baongo. 7h58mn, un émissaire vient annoncer la sortie imminente du chef suprême. Les ministres prennent place comme il est de coutume. Les autres accompagnants sont invités à prendre place derrière ces derniers. « Les chaussures et coiffes sont interdites ici, donc, veillez les ôter», rappelle un des gardes. En effet, selon les anciens, nul n’a le droit d’être plus élégamment habillé que le roi. C’est pourquoi face à lui, coiffes et chaussures sont interdites.

8h00, le Mogho Naaba Baongo fait sa sortie. Il prend place face à la population à environ 150 m. Prosternés les coudes au sol à trois reprises, les ministres, par ces gestes, font allégeance au roi et présentent leurs civilités. A pas lent, les quatre ministres avancent vers leur chef pour une concertation. Si pour la désignation du Gounghin Naaba, le choix ne souffrait d’aucun débat puisqu’étant le fils héritier, cela n’a pas été le cas du Dapoya Naaba où deux camps étaient aux prises. Celui du nouveau chef disparu en la personne de son fils et le camp de son grand-frère qui détenait le pouvoir dont le fils espérait reprendre la place de son père. Après le conclave, le Mogho Naaba Baongo avant de se retirer tranche : le fils du nouveau chef disparu prend les rênes. Les quatre ministres sont chargés de porter la décision à la connaissance du public. Leur retour vers les prétendants et leurs sujets est accompagné de sons de tam-tam qui font leurs éloges. Quelques minutes plus tard, une acclamation retentit dans la foule. Les deux chefs sont intronisés. Accompagnés des siens, ils font trois fois des va-et-vient vers le siège du Mogho sous les acclamations de leurs sujets. Ils terminent le rituel devant le hangar dressé au milieu de la place. Devant le collège de sages, leurs noms de guerre sont définis. A chaque fois, sous des acclamations. Des conseils sont prodigués aux nouveaux chefs sur l’attitude qu’ils doivent avoir et comment gérer leurs sujets.

Des portes pleines de sens

Toujours en compagnie de ces derniers, les deux chefs vont vers la deuxième porte. Là, des tantes et quelques notables sont désignés pour aller présenter leurs civilités à la grande reine. Enfin, les deux chefs et leurs sujets sont invités à prendre place vers la sortie. Deux chevaux attendent devant la porte. Dans la cour, des concertations sont en cours pour désigner des griots qui vont accompagner chaque chef dans son quartier (un à Gounghin et l’autre à Dapoya). Durant toute la cérémonie, les photos et les appels téléphoniques sont aussi interdits. La raison, les réseaux sociaux. « Jadis, les prises de vue étaient autorisées. Mais de nos jours, avec les réseaux sociaux, certaines images qui circulent sur la toile suscitent des commentaires indignes. C’est pourquoi c’est interdit », confie une source proche de la cour royale.

Enfin, tout est rentré dans l’ordre. Le Gounghin Naaba sur son cheval prend la route de Gounghin, tandis que le Dapoya Naaba décide de reprendre le chemin à pied avec ses sujets. En route vers son domicile, le vice-chef des armées fait une halte dans la cour de son tuteur, puis réjoint sa cour. Il s’installe sur son trône. Tour à tour, ses sujets, amis, connaissances, collègues viennent le féliciter. Docteur en sociologie, Naaba Sanem, Lin Désiré Tapsoba à l’état civil, est détenteur de plusieurs diplômes : DEUG niveau II, Licence, Maîtrise, DEA en sociologie, Doctorat de 3e cycle (option développement rural). Il a, à son actif, trois études-recherches univer-sitaires à savoir : « Le rôle de la femme dans le ménage » ; « Le métier d’agriculteur aujourd’hui » ; « Les migrations des Mossé du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire ». Le dernier poste occupé est celui de directeur adjoint de la valorisation économique de 2013 à 2021.

Donald Wendpouiré NIKIEMA

tousunis.do@gmail.com

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