Procès Thomas Sankara et compagnons : la demande d’expertise psychiatrique de l’accusé Elisé Yamba Ilboudo rejetée

Le procès de l’affaire Thomas Sankara et des 12 victimes s’est poursuivi, le mercredi 27 octobre 2021, à Ouagadougou avec l’interrogatoire de l’accusé Yamba Elisé Ilboudo.

L’accusé Elysé Yamba Ilboudo, ex-chauffeur de l’adjudant-chef, Hyacinthe Kafando, était à son deuxième jour de comparu-tion devant le tribunal militaire, le mercredi 27 octobre 2021. Il répond notamment pour des faits « de complicité d’attentats à la sureté de l’Etat et d’assassinat ». A l’entame de l’audience qui a débuté autour de 9 heures, la parole a été donnée à la partie civile. Elle a voulu avoir des éclaircissements sur la présence du général Gilbert Diendéré, au Conseil de l’entente, le 15 octobre 1987, aux moments des faits. Avez-vous vu Gilbert Diendéré, sur le lieu des faits ? S’est adressé, Me Olivier Badolo, à l’accusé. Ce dernier s’est voulu être amnésique après un silence. Alors qu’il avait déclaré devant le juge d’instruction avoir vu le général Gilbert Diendéré au conseil sous un hangar s’entretenant avec des éléments.

34 ans après les faits, Elysé Yamba Ilboudo âgé de 62 ans, ne veut pas dire certaines choses, a déploré, Me Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles. « Dès lors qu’on parle du général Gilbert Diendéré, vous ne vous souvenez plus de rien », a réagi le tribunal, à l’endroit de l’accusé, en lui faisant savoir que « les conséquences de son silence peuvent être tirées ». A la question de maitre Prospère Farama, de savoir quels étaient les moyens utilisés pour se rendre au Conseil de l’entente ? L’ancien soldat à la retraite depuis 2004, a répondu qu’ils étaient à bord de deux véhicules et c’est lui qui a conduit Hyacinthe Kafando et trois autres personnes. Il a avoué que c’est sur instruction du chef de garde rapproché de Blaise Compaoré qu’il s’est rendu au conseil. Pour lui, étant son supérieur il ne pouvait qu’obéir. Quand vous avez commencé à tirer, vous revoyez comment le président Thomas Sankara est tombé ? Elisé Yamba Ilboudo est dubitatif face à cette question tantôt c’est oui quelque temps après c’est non.

« Il ne sait ni lire ni écrire »

La partie civile a néanmoins loué son courage parce qu’il est « pratiquement le seul à avoir dit avec détail ce qui s’est passé ». La défense de l’accusé, maître Eliane Kaboré, à son tour a relevé que les enquêtes n’ont pas été bien poussées jusqu’au bout. Parce que son client a eu un accident et il a des difficultés. Pour elle, ce sont des problèmes qui peuvent expliquer « l’absence » de son client quant aux réponses aux questions. Avant la suspension autour de 13heures 40 minutes, l’avocat Kaboré a soumis une requête demandant une expertise sur la santé psychique de son client, Yamba Élysée Ilboudo.

« Des informations, des documents que j’ai reçu à la dernière minute avec la famille, il a subi un traumatisme crânien et c’est pour cela que j’ai demandé à la juridiction d’ordonner l’expertise », a-t-elle fait savoir. Une requête qui a été rejetée par le tribunal qui trouve injustifiée, à la reprise. A la suite de cela, maître Eliane Kaboré a entamé un interrogatoire avec son client. Qui a tué Thomas Sankara ? Yamba Élysée Ilboudo dit ne pas commettre l’acte. Pourtant la veille, il avait reconnu les faits à lui reprochés. Pour l’avocat, son client ne sait ni lire ni écrire. « N’a-t-il pas fait de confusion entre reconnaître les faits et reconnaître avoir été au Conseil de l’Entente, le 15 octobre 1987 ? », a-t-elle posé à son client qui affirme n’avoir pas été à l’école, hormis les cours de soir qui n’ont eu de succès. Me Eliane Kaboré a donc plaidé non coupable pour son client. Elle fait remarquer que son client n’a reçu aucune grâce de la part de qui que ce soit « il fait ses premiers pas dans l’armée en tant que soldat de première classe et a été admis à la retraite avec le même grade », a-t-elle informé. Le procès reprend demain 9 heures avec la comparution à la barre d’un autre accusé, du nom de Idrissa Sawadogo.

Aly SAWADOGO

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