Retrait du Burkina de la liste des juridictions sous surveillance renforcée : une équipe d’évaluation séjourne à Ouagadougou

Dans le cadre du processus de retrait du Burkina Faso de la liste des juridictions sous surveillance renforcée, communément appelée la « liste grise », une équipe d’évaluation du Groupe d’action financière (GAFI) séjourne à Ouagadougou du 7 au 9 août 2025, pour examiner le dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. La cérémonie de lancement des activités a eu lieu le jeudi 7 août 2025.

Les autorités burkinabè entendent démontrer leur engagement dans la protection de l’économie nationale, la coopération avec la communauté internationale, ainsi que la lutte efficace contre les flux financiers illicites. C’est dans cette optique que le pays des Hommes intègres accueille, du 7 au 9 août 2025 à Ouagadougou, une mission d’experts du Groupe d’action financière (GAFI). Cette visite vise à évaluer le dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, en vue de permettre au Burkina de sortir de la liste grise du GAFI. La co-présidente du Groupe conjoint Afrique du GAFI, Yonesha Sahye, a souligné que cette visite constitue une occasion pour les autorités burkinabè de mettre en lumière les progrès significatifs réalisés depuis l’adoption de leur plan d’action. Ce plan, qui selon elle, comprend 37 mesures clés visant à renforcer durablement le dispositif national de Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Pour elle, cette visite va permettre d’évaluer deux points clés. Il s’agit selon elle, premièrement, de confirmer si les réformes et les mesures importantes que le Burkina a prises au cours des dernières années sont pleinement en place et durables. «Deuxièmement, il faut déterminer s’il existe un engagement politique de haut niveau pour continuer à mettre en œuvre, améliorer et maintenir le cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme du pays », a-t-elle ajouté.

Selon Mme Sahye, au cours de cette évaluation de 72h, son équipe va rencontrer des représentants de diverses agences gouvernementales, des autorités de surveillance financière, des forces de l’ordre et des représentants d’institutions financières, d’entreprises et de professionnels non financiers désignés.

En outre, elle a soutenu qu’après cette visite sur place, le Groupe conjoint, sur la base des résultats recueillis, présentera un rapport à la plénière du GAFI en octobre 2025 pour appréciation. « Si, la plénière détermine que les réformes et les mesures requises sont effectivement en place, et que le Burkina aura démontré un engagement politique de haut niveau pour maintenir les réformes avancées et poursuivre l’améliorer de son cadre de LBC/FT, il sera retiré de la liste des juridictions sous surveillance renforcée également appelée liste grise. Cette décision sera formalisée dans une déclaration publique à la fin de la plénière d’octobre », a-t-elle expliqué.

Des progrès salués par le GIABA

Pour sa part, le directeur général du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), Edwin Harris, a rappelé que lors de la réunion plénière de juin 2025, au cours de laquelle, le 11e rapport de progrès du Burkina a été examiné, le GAFI avait salué, les avancées substantielles réalisées par le pays. Parmi les progrès notables, il a cité, entre autres, la mise en œuvre de mécanismes de suivi pour la stratégie nationale, l’amélioration de l’assistance juridique mutuelle et de la coopération internationale, le renforcement du système de sanctions en cas de non-respect des obligations de transparence, ainsi que l’augmentation du nombre de déclarations de transactions suspectes. «Sur la base de ces progrès, la plénière du GAFI a validé la tenue de cette visite sur le terrain afin de vérifier la solidité et la pérennité des réformes engagées, et d’évaluer la volonté politique des autorités burkinabè à poursuivre dans cette dynamique», a-t-il poursuivi. Le ministre de l’Economie et des Finances, Aboubakar Nacanabo a affirmé que depuis l’inscription du Burkina sur la liste grise du GAFI en février 2021, ils ont entrepris d’importantes actions pour améliorer le dispositif de la LBC/FT afin de sortir de cette liste. « Le Burkina a choisi d’être cohérent. Nous avons posé les bases d’une supervision efficace des assujettis. Nous avons renforcé les capacités de nos structures d’enquête et de poursuite. Nous avons systématisé la saisie et la confiscation des avoirs criminels. La cellule nationale de traitement de l’information financière est aujourd’hui pleinement opérationnelle, connectée aux chaînes pénales, et respectée pour la qualité de son renseignement financier », a confié M. Nacanabo. Il a en outre, signifié que ce que les experts vont examiner durant ces trois jours n’est pas qu’un ensemble de procédures et de textes. « C’est aussi la preuve qu’un pays, même en guerre, peut se battre sur plusieurs fronts et tenir ses engagements. C’est la démonstration que l’intégrité, quand elle est portée par la volonté politique, n’est pas un luxe, mais un choix assumé», a rassuré le responsable du département des Economies.

Cédric BOLOUVI

(Collaborateur)

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