Wendkièta Isidore Yerbanga a soutenu sa thèse de PhD en parasitologie-mycologie, mercredi 30 juillet 2025, à l’Institut des sciences de la santé de l’Université Nazi-Boni (UNB). Ce travail de recherches inédit au Burkina Faso voire rarissime en Afrique a porté sur un ennemi microscopique mais redoutable : Aspergillus fumigatus, un champignon opportuniste qui s’attaque sans pitié aux personnes fragilisées.
Fruit de plusieurs années d’investigations entre les laboratoires de Bobo-Dioulasso et ceux de Louvain en Belgique en cotutelle entre l’Université Nazi-Boni (UNB) et l’Université Libre de Bruxelles (ULB) en Belgique, cette thèse de PhD en Sciences médicales et en parasitologie médicale a révélé pour la première fois, la présence sur le sol burkinabè, d’isolats d’A. fumigatus résistants aux triazolés, les antifongiques de première ligne utilisés en médecine humaine. Au résultat, 2 % des échantillons de sol et 3,23 % de l’air hospitalier analysés contenaient ces souches résistantes.
Il s’agit là d’un enjeu de santé publique majeur que Wendkièta Isidore Yerbanga vient de pointer du doigt. Si le grand public ignore souvent son nom, A. fumigatus, selon l’impétrant, est responsable chaque année de millions de cas d’aspergillose invasive dans le monde. C’est une infection pulmonaire souvent fatale chez les patients immunodéprimés. La recherche du Dr Yerbanga montre que la résistance aux triazolés, déjà redoutée en Europe et en Asie, s’installe aussi en Afrique de l’Ouest, « avec des conséquences potentiellement dramatiques pour les services hospitaliers ».
« Nous avons mis en évidence deux types de mutations, dont la fameuse altération TR34/L98H du gène cyp51A, connue pour conférer une résistance redoutable aux traitements », explique le jeune médecin qui a déjà à son actif divers parchemins. Il établit le constat que dans la plupart des hôpitaux africains, aucun test de sensibilité antifongique n’est pratiqué avant de prescrire un traitement. Ce qui réduit considérablement les chances de survie des malades. Déjà auréolé du titre du doctorat de médecine en santé humaine en 2011 à l’université de Ouagadougou, actuelle université Joseph-Ki-Zerbo, sur le thème : « Etude comparée de l’efficacité thérapeutique des combinaisons artémether-luméfantrine et amodiaquine-artésunate au Burkina Faso », Dr Wendkièta Isidore
Yerbanga est aussi titulaire d’un Diplôme inter-universaire (DIU) en Vaccinologie en 2016 et d’un Master en parasitologie-entomologie-mycologie en 2017 à l’INSSA/UNB.
Des avancées indéniables
Dr Wendkièta Isidore Yerbanga a mené ses recherches sous la direction de la professeure titulaire, Sanata Bamba de l’UNB. Elles ont été sanctionnées par un jury
international de haut niveau constitué des professeurs titulaires, Aboubacar Toguyeni de l’UNB (président), Marie Hallin de l’ULB (membre), Eby Ignace Hervé Menan de l’Université Félix-Houphouët-Boigny (UFHB) d’Abidjan en Côte d’Ivoire et Lassina Ouattara de l’UNB (examinateur). Les résultats des travaux présentés, mercredi 30 juillet 2025, à l’INSSA de Bobo-Dioulasso, représentent des avancées indéniables pour la science mondiale, selon le jury. Outre cette première alerte nationale, la thèse de PhD de Wendkièta Isidore Yerbanga ouvre des perspectives concrètes. Elle valide scientifiquement l’utilisation d’une méthode simple et peu coûteuse à savoir la diffusion sur disque pour détecter la résistance aux triazolés chez les espèces aspergillaires. Ce progrès pourrait révolutionner le diagnostic dans les pays à ressources limitées.
Les revues systématiques intégrées au travail de recherches dressent également un état des lieux sans précédent de l’aspergillose invasive en Afrique : une prévalence estimée à 27 %, avec un taux de létalité dépassant 60 %. Des chiffres qui imposent une mobilisation urgente des autorités sanitaires, du corps médical et des chercheurs. Le jury de haut niveau composé d’éminents universitaires belges, burkinabè et ivoiriens ont unanimement reconnu la pertinence du thème de l’impétrant et la portée de ses recherches dans le monde scientifique et médicale. Ils ont salué la thèse de PhD de wendkièta isidore Yerbanga comme une victoire académique et un message d’alerte.
Couronné de la mention « Très honorable », son travail est bien plus qu’un exploit universitaire. C’est un signal d’alarme sur la nécessité d’adopter une approche
« One health » liant santé humaine, santé animale et environnement, afin de freiner la propagation de ces souches résistantes qui menacent silencieusement la médecine moderne. En quittant l’amphithéâtre, le nouveau titulaire de PhD en Mycologie n’estime pas avoir triomphé seul : il porte avec lui l’espoir de tous les patients vulnérables du Burkina Faso et d’Afrique.
C’est la promesse que la recherche africaine peut, elle aussi, éclairer les zones d’ombre de la science mondiale. D’autant que Dr Wendkièta Isidore Yerbanga exerce depuis un certain nombre d’années comme un professionnel de haut niveau de la science et de la santé en tant que chef de la section parasitologie-mycologie du laboratoire d’analyses biomédicales du Centre hospitalier universitaire régional (CHUR) de Ouahigouya et enseignant hospitalo-universitaire à l’Université Bernard-Lédéa-Ouédraogo de la même ville.
Sidibé PAGBELEGUEM
joliv_et@yahoo.fr