Tout est communication !

Il ne suffit pas d’avoir un stylo et une feuille blanche pour savoir bien écrire. Il ne suffit pas d’avoir un micro ouvert pour savoir dire le mot juste au bon moment. Il ne suffit pas de bien paraître à l’écran pour être visible. On peut entendre sans écouter. Il ne suffit pas d’être le chef ou le patron pour savoir bien parler et convaincre. Bref, communiquer, au-delà des connaissances accumulées est un art. Et ceux qui savent manier la langue savent aussi la tourner sept fois dans la bouche avant de dire ce qu’ils pensent. D’ailleurs, on ne dit pas toujours ce que l’on pense quand on est attentif au contexte. Souvent, le plus important ne se trouve même pas dans ce que l’on dit mais plutôt dans la manière de le dire ; dans l’atmosphère qui entoure ce que l’on veut dire. Finalement, on ne dit pas toujours tout n’importe comment, n’importe où, n’importe quand et à n’importe qui. Chaque message nous engage et nous colle à la peau parfois pour l’histoire. Parce que « les mots sont des œufs, une fois éclos, ils ont des ailes ». De nos jours, de nombreux responsables pensent que leur seule casquette de chef suffit pour faire de leur rhétorique le chef des idées. Pourtant, comme prévenait déjà le philosophe Lacan, « l’idée n’appartient à personne »! Tout ce que l’on dit aujourd’hui n’est que partielle et provisoire, par le simple fait de la dialectique. Il n’y a pas de vérité absolue dans l’imperfection. Il n’y a que des parts de vérités à proposer et à défendre au besoin. Mais personne n’a la science infuse. D’où tout l’enjeu de savoir communiquer. De nos jours, presque toute l’administration publique est dotée de service en charge de la communication. Mais à y regarder de près, on se rend compte que ses services ne sont que des officines oubliées d’un système de cacophonie organisé. Le service ou la direction de la communication n’est rien d’autre que la boîte de résonance d’une hiérarchie plus volubile que subtile. Le chargé de communication n’est parfois rien d’autre qu’un agent de course à bout de souffle qui trimbale le sac de DG ou de monsieur le ministre. Le communicateur au sein du service public est parfois un pudique employé sans tunique à peine vu et écouté. Il ne peut même pas donner un bon conseil en communication. De toute façon, il n’est pas suffisamment considéré pour être écouté. Parfois c’est mérité, parce que le quidam a fait des pieds et des mains pour avoir le poste. Souvent, c’est juste le neveu ou la cousine d’un ou d’une amie du boss qui est allègrement propulsé dans le fauteuil de la communication. Sa principale activité consistera à appeler la presse et à envoyer un communiqué pour publication. Sur papier, ses attributions lui confèrent de l’autorité en matière de communication. Il est même le garant de l’image et de la notoriété de son organisation. Dans les faits, il n’a même pas de silhouette quand il marche dans la cour. C’est un illustre inconnu qui rase les murs et tourne le pouce sans moyen ni respect. Quand on lui fait recours, c’est pour lui faire faire des choses qu’il devait faire lui-même, mais déjà faites par d’incultes grands penseurs à tout faire. Sur la vie de son institution, il n’est souvent pas plus informé que le lambda citoyen de la rue qui conjecture. En cas de crise, c’est la galopade à la débandade. Puisqu’il n’est pas suffisamment impliqué dans la gestion des affaires de son organisation. Comment donc voulez-vous qu’il assiste le premier responsable dans ses différents actes de communication si lui-même n’est pas la bonne personne à la place qu’il faut ? Comment peut-il être efficace, s’il est le parent pauvre qui ne pèse même pas un gramme dans l’organigramme ? Pourquoi attendre de lui des exploits quand il n’est même pas capable d’être à la hauteur d’une bonne phrase, d’un discours bien écrit ou d’un plan de communication qui force le respect ? Quand il ne peut pas oser dire avec respect et élégance : « non, monsieur le ministre ! » Cela va donc de soi que l’autorité balbutie quand elle doit convaincre et faire adhérer. Cela va de soi quand le premier responsable utilise le verbe des maux au lieu de peser chaque mot, mot à mot, mot pour mot. Le chef n’a pas besoin d’être autoritaire pour avoir de l’autorité ; il doit savoir faire preuve de tact pour faire de chacun de ses actes un impact positif dans sa quête d’idéal. Tout comme on ne redresse pas un bois déjà sec…

 

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