UACO 2019: savoir communiquer en période de crise

A l’occasion de la 11e édition des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO), deux communications sur l’information et la communication en période de crise ont été données, le lundi 25 novembre 2019.

Comment communiquer et informer sans faire l’apologie du terrorisme ? C’est la question qui a été débattue, lors de la 11e édition des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO), le lundi 25 novembre 2019. La directrice de recherche et professeur à l’université libre de Bruxelles, Marie-Soleil Frère a développé le thème : « Information et communication en période de crise : plaidoyer pour une réhabilitation de la vérité ». Elle a indiqué que le public a droit à une information rigoureuse, fidèle, traitée en fonction du fait, pour se protéger ou prendre des précautions. « La boussole du journaliste doit tendre vers l’exactitude et prôner le pluralisme », a-t-elle affirmé. Mme Frère a ajouté qu’il a le devoir de faire ressortir les failles. A son avis, les conflits divisent les opinions légitimes et illégitimes. C’est pourquoi, pour elle, la vérité est importante dans le travail des journalistes et communicants. «Une journaliste du New York Times a donné la parole à des terroristes au cours d’une enquête. Elle a été critiquée parce que d’aucuns ont estimé qu’elle a donné de la visibilité à des terroristes », a-t-elle étayé, avant d’interpeller les participants sur l’éthique et la déontologie du journalisme. Pour elle, il faut la vérité et éviter les commentaires enflammés qui dressent les uns contre les autres. «La responsabilité du journaliste doit être de mise », a-t-elle insisté. A la question de savoir si le journaliste doit être un artisan de la paix, la directrice de recherche a argué qu’il est au service de l’information du public. «Il doit être conscient de l’impact du message qu’il diffuse. Mais il peut relater les opinions, les commenter, les éclairer dans le pluralisme. », a-t-elle lancé. Un journaliste de paix utilise, a-t-elle poursuivi, les mots qui apaisent et amènent les belligérants à dialoguer. En sus, Mme Frère a souligné que l’image de l’Afrique doit s’articuler autour d’une communication basée sur la vérité.

Mettre en avant les informations positives

A ses dires, les médias peuvent mettre en avant les informations positives, notamment les différentes réalisations au lieu d’attaquer les points négatifs. « Les journalistes s’intéressent plus au train qui déraille qu’à celui qui arrive à l’heure», a-t-elle dit. Elle a aussi regretté le fait que les journalistes travaillent souvent dans des contextes difficiles les empêchant d’aller sur le terrain pour vérifier les faits. Le deuxième exposé a été livré par le directeur de la communication du ministère de la Communication du Niger et enseignant à l’Institut de formation aux techniques de l’information et de la communication (IFTIC), Seyni Djingarey. Il a porté sur la « Problématique de la communication en période de crise : l’expérience nigérienne». De prime abord, le panéliste a invité les participants à toujours vérifier les sources d’information avant publication. Il a rappelé que le Niger a connu deux crises armées et pendant ces rebellions la presse ne faisait pas de couverture. « Elle reprenait les informations sur les chaînes internationales avec les mêmes erreurs, faute d’aller sur le terrain afin de vérifier l’information », a souligné M. Djingarey. Il a précisé qu’au Niger, les hommes de presse ont été sensibilisés à la communication sensible aux conflits. Toute chose qui, selon lui, est nécessaire car les médias peuvent promouvoir la haine ou cultiver la paix. « Le journaliste doit livrer des informations crédibles. Il ne doit pas divulguer des propos injurieux et diffamatoires. Celui qui est sensible au conflit choisit soigneusement ses mots vus comme une arme capable de tuer », a-t-il déclaré. En plus, a-t-il soutenu, il doit rechercher la nature et les causes du conflit, les points sur lesquels les protagonistes s’accordent ou pas. En termes de couverture, a expliqué le directeur de communication, en privilégiant le nombre de morts et le bilan, il devient, la caisse de résonnance des protagonistes. «Face au danger qui menace l’unité d’un pays, il doit mesurer l’impact de ses écrits sur la population. La presse doit assurer une fonction de veille, dire sans choquer, dénoncer sans condamner », a-t-il conseillé.

Mariam SOMDA

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