Un renfort venu du Ghana

Le Burkina Faso se remet progressivement du coup de massue qu’il a reçu à Solhan dans le Yagha avec à la clé, plus de 130 morts dans la nuit du 4 au 5 juin 2021. De par le monde, la communauté internationale lui a traduit sa compassion et sa solidarité. C’est dans ce cadre que le président de la république du Ghana, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a effectué, hier mercredi, une visite de travail et d’amitié dans notre pays. Plus important, le président ghanéen a rappelé la nécessité de conjuguer les efforts pour faire face à l’hydre terroriste.

Il n’est, certes, jamais tard pour bien faire, mais cette solidarité dans l’action militaire contre le terrorisme semble la chose la moins partagée sous nos cieux. En effet, contrairement aux guerres conventionnelles où deux armées peuvent se combattre jusqu’à ce que l’une d’entre elles prenne le dessus sur l’autre, le terrorisme a cette particularité d’être une guerre asymétrique qui échappe à cette règle. Pire, dans l’histoire de la lutte contre cette hydre, aucune armée n’est arrivée à elle seule, à vaincre le terrorisme. Pour qui connaît la force de feu, la formation et l’équipement des armées sahélo sahariennes, nul besoin de penser le contraire. Il est donc évident que si nous n’unissons pas nos forces, cette gangrène continuera de se propager et de conquérir de nouveaux territoires. Le cas le plus éloquent c’est lorsque les groupes terroristes écumaient le Nord du Mali, le Burkina Faso dormait le poing fermé avant d’être réveillé de la plus douloureuse des manières en 2015. La suite, on la connaît avec aujourd’hui plus de 6 ans d’attaques les unes plus meurtrières que les autres et plus du million de personnes déplacées internes. Les récentes attaques en Côte d’Ivoire, loin d’être anodines, sont interpellatrices que quand la case du voisin brûle, il est plus sécurisant pour son alentour de l’aider à éteindre le feu au risque de voir la sienne partir en flamme.

En lisant leur évolution, les groupes terroristes et leurs acolytes de trafiquants et de contrebandiers visent les côtes de l’Afrique de l’Ouest comme l’aboutissement de leurs couloirs de trafics de tous genres. En y accédant, ils pourront plus aisément importer la drogue, la cigarette, les armes et mêmes les humains et par la même occasion, exporter le fruit de leur trafic, notamment l’or et le bétail. Il est clair que le Ghana, le Benin et la Côte d’Ivoire sont dans leur viseur. Etant donné que les Africains accusent de plus en plus les puissances occidentales de « sécuriser » leurs intérêts et non de lutter contre le terrorisme sous nos tropiques, il revient donc aux pays de la sous-région ouest africaine notamment, d’unir leurs forces, pour faire face au mal. Cela nécessite la multiplication d’opérations militaires conjointes, le partage des renseignements et des expériences, mais aussi et surtout, le renforcement des effectifs du G5 Sahel. Personne, en dehors des Africains eux-mêmes, ne viendra les sauver des griffes du terrorisme. Le mal est suffisamment profond et continue de gagner du terrain. Le renfort venu du Ghana apporte donc de l’eau au moulin des chefs d’Etat burkinabè, malien, mauritanien, nigérien et tchadien qui peuvent témoigner que seule l’union fait la force.

Jean-Marie TOE

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