Université et recherche en Afrique: La pensée de Ki-Zerbo pour faire face aux enjeux

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Dans le cadre des journées scientifiques et portes ouvertes de l’Université Pr. Joseph Ki-Zerbo, la Fondation Joseph KI-ZERBO ont organisée une conférence sur le thème « Le Professeur Joseph KI-ZERBO et les enjeux majeurs de l’université et de la recherche en Afrique », le samedi 30 décembre 2019, à Ouagadougou.

Revisiter la pensée et les réflexions du Pr.  Joseph KI-Zerbo sur l’éduction et la recherche africaines afin de trouver des pistes de solutions aux maux qui minent ses secteurs névralgiques du développement du continent noir. Tel est l’objectif de la conférence sur thème « Le Professeur Joseph KI-ZERBO et les enjeux majeurs de l’université et de la recherche en Afrique », le samedi 30 décembre 2019, à Ouagadougou. Organisée dans le cadre des journées scientifiques et portes ouvertes de l’Université Pr. Joseph Ki-Zerbo, à l’initiative de la Fondation Joseph KI-Zerbo, cette conférence a été animée par le professeur à la retraite, Fernand Sanou. D’entrée de jeu, le conférencier a souligné que Joseph Ki-Zerbo a été, cinquante années durant, l’infatigable et l’ardent défenseur d’une Afrique débout, d’une Afrique qui bouge et « gagne » « son identité », « sa véritable personnalité », qui « se développe » mais au sens authentique de « passage de soi à soi-même à un niveau supérieur ». Et d’ajouter qu’au centre de ses réflexions de Ki-Zerbo, premier noir africain à obtenir l’agrégation en histoire à la prestigieuse Université de la Sorbonne, l’identité culturelle africaine occupe une place de choix. Selon M. Sanou, le Professeur Ki-Zerbo est le véritable bâtisseur de l’université africaine intégrée régionalement et mondialement. Il a été à la base de la création du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), en 1968 ; mais aussi, en intellectuel visionnaire et organique de l’Afrique, il a réussi à convaincre les ministres et les responsables universitaires en 1966 de créer une structure de coopération interafricaine de promotion de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique avec un premier et important volet relatif à la pharmacopée traditionnelle, a fait le conférencier.

Pas de développement sans recherche

Joseph Ki-Zerbo était porteur d’une école africaine intégrée au service de la communauté, qui développe l’esprit critique des enfants, et aide les peuples, les pays à « comprendre les mutations qualitatives nécessaires ».

Le regretté Ki-Zerbo a toujours dénoncé une approche purement gestionnaire et quantitative de l’université et préconisé une « approche alternative qui est plutôt systémique et dynamique, pour l’édification d’une Université véritablement africaine, c’est-à-dire refaçonnée, réappropriée dans ses objectifs et finalités, dans ses programmes, dans son engagement patriotique à développer l’Afrique.

Pour Joseph Ki-Zerbo, il n’y a pas de développement sans recherche développée. Et pour répondre au caractère extraverti et insulaire de la recherche en Afrique par rapport au tissu social et intellectuel ambiant, il a toujours proposé d’accroître le volume de la recherche par un investissement qui rentabilisera les autres investissements et d’africaniser la recherche. Car, aujourd’hui, 95% de la recherche sur l’Afrique se fait hors
d’Afrique. Pour le conférencier, le mal de l’université burkinabè aujourd’hui s’explique par le choix politique, sur instruction de la Banque mondiale, de mettre l’accent sur l’éducation primaire au détriment des ordres secondaire et supérieur.

Pour M. Sanou, dans un pays où tout est prioritaire, il faut mettre l’accent sur ce qui peut jouer le rôle de levier pour les autres secteurs.  Et cela passe par une pensée autonome, une politique éducative autonome, a-t-il conclu.

Mahamadi SEBOGO

windmad76@gmail.com

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