A vaincre sans péril

A l’issue d’un scrutin peu couru, le Président ivoirien sortant, Alassane Ouattara, est quasiment sûr de rempiler pour un quatrième quinquennat à la tête de son pays. Alors qu’il avait indiqué urbi et orbi il y a cinq ans qu’il ne serait plus candidat à la magistrature suprême, Ouattara s’est donc parjuré et est parti pour une présidence « à vie », tout comme celui qu’il présente comme son modèle et « père spirituel », Félix Houphouët-Boigny, premier Président du pays.

Si Ouattara et son camp ont commencé à jubiler, la morosité ambiante constatée lors du scrutin ainsi que les escarmouches souvent mortelles qui l’ont précédé illustrent à souhait que la Côte d’Ivoire rentre en période de forte houle et que la paix et la concorde civile risquent d’être les choses les moins partagées durant ce quatrième mandat.
Une grande partie de la population se sent en effet ostracisée depuis 15 ans et ce sentiment est allé crescendo avec l’exclusion de ceux qu’elle considère comme ses champions naturels.

C’est « un braquage électoral », s’est du reste exclamé l’un d’eux, l’ex-Président Laurent Gbagbo en l’occurrence. Renchérissant, son compagnon d’infortune et candidat du PDCI-RDA, Tidiane Thiam a promis de tout faire pour « pourrir », la vie à Ouattara et son camp au cours des 5 ans à venir.

C’est vrai que la politique est le champ de tous les possibles et que l’on pourrait assister à des retournements de veste specta-culaires, mais Gbagbo, pas plus que Thiam, nous semble-t-il, n’acceptera pas de cheminer avec le camp présidentiel. Le premier a du reste annoncé sa retraite politique tandis que le second hypothéquerait ainsi toute chance de gouverner le pays à l’avenir. Restent les « candidats accompagnateurs » du président, avec Jean Louis Billon dans le rôle de favori et Simone Ehivet Gbagbo dans celui d’outsider. L’ex de Laurent Gbagbo est en effet devenue une « égérie » de Ouattara, et, à défaut d’y aller franco, elle pourrait déléguer quelques-uns de ses lieutenants au gouvernement pour élargir la base sociale de Dramane Ouattara et tenter ainsi de calmer un tant soit peu la grogne sociale.

Des calculs d’épicerie qui seront cependant vains tant que le pouvoir ne s’attaquera pas aux maux qui minent le pays et qui ont pour noms l’inflation et le chômage qui paupérisent les franges jeunes de la population et mettent les pères de famille dans le désarroi et le désespoir. En politique comme partout ailleurs, quand on dort sur la natte d’autrui, on dort par terre. Pour l’heure Abidjan « dort » d’un sommeil trompeur. Il y a un temps pour tout.

Boubakar SY

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