Attention, ils arrivent !

Top, c’est parti ! Ce n’est pas encore la campagne, mais ils promettent déjà de faire bouger la montagne. Ils sont de retour, les troubadours, faiseurs de cour au discours plein de détours et de sales tours. Ces discours du compte à rebours, lourds de mensonges et pauvres en contenu. De toute façon, ce sont les mêmes discours : on accuse les uns d’être la cause du problème et on se présente comme la solution au problème ; on se chamaille en détail, on se traite de racaille dans une pagaille digne de marmaille, juste pour être au-devant de la scène des ripailles. On baratine les plus sensibles avec quelques centimes pour détourner et dérober leur choix intime. Avec un T-shirt et une casquette on peut donner une place à une certaine jeunesse au soleil.

On fera croire aux désabusés déçus que cette fois, leur candidature est celle de la rupture pour un futur qui rassure malgré le chant des oiseaux de mauvais augure. Forfaiture ! Ils viennent à chaque campagne dire la messe aux promesses. Ils caressent la masse dans le sens de ses faiblesses. Avec souplesse, ils bernent le peuple en détresse avec le beurre de la noblesse. La main sur le cœur, ils jurent en chœur par-dessus les parjures d’être le mur et l’armure du peuple. Dès les premières escarmouches, ils volent aux éclats comme des mouches. En vérité, au fond, ils ne croient même pas à leur propre baratin.

Racontez-leur vos pépins et ils feront semblant de noter dans leurs calepins vos pétrins et autres chagrins. En retour, ils vous brandiront le bulletin du scrutin qui changera votre destin. En vérité, c’est ce bulletin qui leur ouvrira les portes des festins républicains. Le bulletin qui lui garantira un strapontin, pour assouvir ses appétits mesquins et boulimiques avec une clique d’éthyliques sans éthique. C’est ça le hic en politique ! Un politicien, c’est comme un magicien, d’illusion en illusion, ils vous détournent de la réalité, contournent la vérité pour vous servir des banalités aux bourratifs, sans apéritifs. Une fois élu, il tourne le dos aux badauds hâblés pour somnoler au parlement et voter selon ses humeurs des lois, sans la moindre foi. Ce sont les mêmes qui feront des lotissements sous fond d’arrangements et de détournements, ces lotissements où même les fœtus et les bébés ont des parcelles, sans oublier les prête-noms, pendant que les légitimes et permanents résidents sont des SDF dans le domaine qui couve leur placenta.

Dans quelques mois et durant des jours et des jours, ils vont crever nos écrans et saturer les ondes pour vendre leur programme. Ces programmes qui ne pèsent même pas plus d’un gramme. Et on en verra de toutes les tronches sous les projecteurs. Ah la démocratie ! Quel gâchis ! Il y aura des discours creux, du verbiage inutile, des habillages subtils pour des causes futiles. Tant pis si c’est à vos risques et périls. Mais le dernier mot appartient au peuple et à lui seul. Mais combien sauront résister aux feuilles distribuées, combien sauront dire non au riz gras politique, au T-shirt de la pauvreté et aux casquettes de misère ? Combien sauront décider dans l’isoloir en âme et conscience et transcender les influences ? Et combien iront voter, de gré, malgré le tapage. Nous sommes loin de l’évidence et le choix ne sera pas de toute foi. Pourquoi des partis prêchent et défendent-ils la même cause, la même idéologie, parfois ont la même effigie et le même discours, sans être en odeur de sainteté ? Certains préfèrent être la queue d’un lion plutôt que la tête d’un rat. C’est peine perdue. Et ils parlent de changement ! Voilà pourquoi le pays compte plus de cent partis politiques, donc plus de 100 programmes politiques, plus de 100 visions, plus de 100 modes de gouvernance.
En réalité, c’est plutôt plus de 100 intérêts divergents et plus de 100 illusions convergentes.

Cette chronique n’est pas un discours de campagne. Elle ne s’adresse ni à la majorité ni à l’opposition. Elle s’adresse à tous ceux qui se sentent morveux mais qui refusent de se moucher. Il faut repenser la politique, de sorte à ce qu’elle soit au service de la cité et selon les nobles principes de la nécessité et de la vérité. Drôle d’utopie ! De quoi donc je me mêle dans ce marché de dupe appelé démocratie, où tout est jeté pêle-mêle ? De quoi je me mêle quand, à la pelle, ils iront se faire ramasser pour des besoins sommaires, primaires et primitifs. Finalement, à quoi sert donc de crier au loup, puisqu’il est déjà dans la bergerie !

Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr

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