Avortements et grossesses non-désirées: L’autre regard des leaders communautaires

La Coalition des Associations pour la Promotion de la  Santé Sexuelle et de la Reproduction (CAPSSR), en collaboration avec l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) a organisé, les 12 et 13 avril 2019, à Ouagadougou, des séances de sensibilisation des leaders coutumiers, religieux et d’associations, sur la clarification des valeurs et la transformation des attitudes des leaders communautaires face aux grossesses non désirées et à l’avortement.

 L’Association Burkinabè pour le Bien Etre Familial (ABBEF) estime que les pesanteurs socioéconomiques (stigmatisation, honte, ignorance,  peur…) qui entourent l’avortement contribuent à dissimuler le problème de l’avortement à risque et constitue un obstacle majeur à l’accès aux services, aux droits à l’avortement et aux soins post-avortement pour les femmes et les jeunes filles.

En effet, pour clarifier les choses, l’ABBEF  et la Coalition des Associations pour la Promotion de la  Santé Sexuelle et de la Reproduction (CAPSSR), ont initié une série d’échanges et de sensibilisation avec des leaders coutumiers, religieux et des associations, dans la ville de  Ouagadougou. Ainsi les associations beneficiaires sont : Assosiation Ratta-Manégré à Cissin ; Coordination Sougr-Nooma de l’arrondissement 9 au secteur 38 et l’Association Namalgb-Zanga des chefs coutumiers de l’arrondissement de Bogodogo.

Selon la responsable du centre d’écoute pour jeunes de l’ABBEF à Ouagadougou, Adissa Konaté, ces séries d’échanges, ont été pour elle et son équipe, l’occasion d’échanger à bâtons rompus avec certains leaders religieux, coutumiers et associatif de la capitale burkinabè et de toucher du doigt l’importance et la contribution de la transformation  des attitudes de ces leaders dans la réduction des mortalités liés aux grossesses non désirées et aux avortements clandestins. Faire connaitre l’ampleur de l’avortement clandestin aux participants de ces ateliers, connaitre les lois nationales en rapport avec l’avortement, aider les participants à découvrir, à changer leurs réaction face à l’avortement, discuter avec les participants sur la stigmatisation et des services disponibles en soins après avortement, ont été, entre autres, les  grands axes des échanges qui ont duré deux jours avec les responsables de l’ABBEF et leurs différents interlocuteurs.  Pour Mme Konaté au Burkina Faso, 24 à 28% des décès maternels hospitaliers sont liés à l’avortement. Et cela est dû aux mauvaises attitudes d’incompréhension de certains parents qui expulsent leurs filles en cas de grossesses. Cette situation, a-t-elle dit, conduit la plupart des filles à des meurtres ou à l’avortement clandestin qui leur coute souvent leur vie ou une stérilité à vie. Les conséquences étant désastreuses, Mme Konaté a exhorté les parents à un changement de comportement surtout envers leurs filles. Donc, il est préférable d’être à leur écoute. Elle a d’ailleurs invité les parents à orienter les enfants, vers les centres d’écoute sur la santé sexuelles et reproductive des jeunes filles. Depuis 2008, le Projet de prise en charge complète des complications d’avortement(PPCCA) a été mise en place. « La mise en œuvre de ce projet se justifie par le fait que l’avortement a des conséquences dramatiques et d’énormes complications sur la santé des filles et des femmes burkinabè », a expliqué Mme Konaté. Et depuis 2014, lutte contre la stigmatisation des jeunes victimes de Grossesses non désirées (DGN), a-t-elle indiqué. Les débats sur les avortements et les grossesses non désirées ont été fructueux  avec tous les acteurs communautaires aussi que les leaders religieux et coutumiers, a –t- elle affirmé.

Au palais royal de Wemteng-Naaba, les interventions des jeunes, des femmes et de certains notables portent à croire que les conseils des membres de l’ABBEF ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Là-bas, le notable, le Maneguede-Naaba qui a pris la parole a embouché la même trompette que la responsable du centre d’écoute pour jeunes de l’ABBEF/Ouagadougou. « Il faut que nous les parents, nous nous donnions du temps souvent pour causer avec nos enfants afin de les prodigués des conseils et surtout les accompagner en cas de grossesse. Mois en tous cas, je n’expulserai point ma fille à cause d’une grossesse. Au contraire je vais l’accompagner dans la mesure du possible», s’est exprimé le Maneguede-Naaba. Car, a-t-il ajouté, c’est souvent le manque de ces mesures d’accompagnement, qui poussent certaines filles aux avortements clandestins qui se solde par des meurtres. Tout en saluant l’œuvre de l’ABBEF, il a demandé que les sensibilisateurs élargissent plus leurs terrains d’actions  vers les écoles et certains milieux publics en vue de cibler plus de jeunes filles.

L’un dans l’autre, les participants ont reconnu la responsabilité et le rôle que doivent jouer les parents pour mieux accompagner les enfants victimes de grossesses non désirées afin d’éviter les avortements à risques.

Mamourou BENAO

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