Cancer du col de l’utérus : La prévention par le dépistage précoce

Le gynécologue obstétricien, Pr Der Adolphe Somé : «Les femmes ne devraient pas avoir peur de se faire dépister. Puisque, c’est le seul moyen de prévenir ou de soigner à temps la maladie cancéreuse».

Au Burkina Faso, le cancer du col de l’utérus est le premier cancer féminin. Une situation qui a amené les spécialistes de la santé à le classer parmi les maladies qui constituent un problème de santé publique. Sur le plan mondial, ce cancer est le 3e, le plus fréquent. Pourtant, il est facile à éviter.

Le cancer du col de l’utérus correspond au développement d’une tumeur maligne de la muqueuse du col utérin. L’on considère ce cancer comme une affection tumorale d’origine infectieuse à évolution lente. Dans la majorité des cas, le cancer du col de l’utérus survient après une exposition prolongée au papillomavirus humain (HPV).

Selon le communiqué de presse N°263 du 18 septembre 2018 du centre international de recherche sur le cancer relayé par l’Organisation mondiale de la santé, l’on enregistre 528 000 nouveaux cas chaque année. Et dans ce lot, environ 80% des nouveaux cas de cancer du col surviennent dans les pays en voie de développement, a souligné le Pr. Der Adolphe Somé, gynécologue obstétricien, chef du service de médecine de la reproduction au centre hospitalier universitaire Souro-Sanou, par ailleurs enseignant-chercheur à l’Institut supérieur des sciences de la santé (INSSA) de l’université Nazi-Boni.

Il a déclaré que chaque année, l’on enregistre malheureusement approximativement 231 000 décès. Des décès que l’on aurait pu éviter. «Une fois les cellules touchées et la lésion précancéreuse installée, il faut au moins dix ans pour qu’elle se transforme en cancer du col de l’utérus. Durant ce laps de temps, si la femme se présente pour un dépistage, qui, d’ailleurs est gratuit dans tous les centres de santé publics, et que la lésion précancéreuse est détectée, elle est immédiatement prise en charge et la guérison est assurée à 100%», a-t-il affirmé.

De son avis, le dépistage des lésions est d’ailleurs un exercice facile et qui peut se faire partout, par un personnel pas forcément médical. A Bobo-Dioulasso par exemple, 2 499 femmes ont été dépistées dans le premier semestre de l’année en cours. A propos des facteurs de risque, il en a cité de plusieurs ordres. Il y a la précocité des rapports sexuels, le multi partenariat de la femme, mais aussi du conjoint, les grossesses précoces, les immuno-déprimées, le tabac, la multiparité (beaucoup d’accouchements), les infections sexuellement transmissibles comme l’herpès génital, l’absence de dépistage et la séropositivité au VIH.

Concernant les personnes qui peuvent se faire dépister, Pr Somé a parlé des femmes dont la tranche d’âge va de 20 à 65 ans, celles ayant une activité sexuelle, les femmes ayant eu une activité sexuelle et surtout celles exposés aux facteurs de risques. Il s’est surtout appesanti sur les conditions dans lesquelles le dépistage doit se faire. La première condition aux dires du spécialiste, est la liberté laissée à la femme de décider librement de se faire dépister. Une fois cette décision prise volontairement, le dépistage doit être fait en dehors des règles et la femme ne doit pas être sous traitement local de moins de trois jours.

Outre le fait de ne pas avoir de toilettes intimes dans les 48 heures avant le dépistage, la femme doit s’assurer qu’elle n’a pas eu un coït dans les 48h. Le Chef du service de médecine de la reproduction au Centre hospitalier universitaire Souro-Sanou a ajouté que la femme ne doit pas avoir une infection génitale en cours . Le cancer du col de l’utérus se développe souvent sans provoquer de symptômes particuliers, notamment à un stade précoce. C’est pour cette raison qu’il est indispensable d’avoir un suivi gynécologique avec réalisation de frottis cervico-utérin afin de le détecter le plus précocement possible.

Il existe également un ensemble de symptômes qui ne sont pas spécifiques du cancer du col de l’utérus, mais dont la persistance ou l’intensité peuvent évoquer une tumeur. Il s’agit des métrorragies provoquées (correspondant à un saignement par voie basse provoqué par un rapport sexuel), les métrorragies spontanées (des saignements apparaissant sans causes apparentes), des douleurs pendant les rapports sexuels, des pertes vaginales blanches, des douleurs dans le bas-ventre avec des difficultés pour uriner, une envie pressante et continuelle d’aller à la selle et des douleurs lombaires.

Gaspard BAYALA
gaspardbayala87@gmail.com

Laisser un commentaire