Déclaration à l’occasion du sixième anniversaire de l’assassinat du juge constitutionnel Salifou Nébie:   Les causes oubliées parce que orphelines

Ce 24 mai 2020 correspond au sixième anniversaire de la disparition brutale du juge constitutionnel Salifou Nébié. Le Collectif créé au lendemain de cet événement douloureux et qui s’investit pour que lumière se fasse sur cette affaire constate que six ans après, le dossier stagne faute d’éléments significatifs enregistrés dans la procédure. Malgré les changements intervenus dans l’institution judiciaire consacrant son indépendance et en dépit des bouleversements politiques qu’a connu notre pays depuis octobre 2014, les affaires de crime, en particulier les plus emblématiques sont toujours en souffrance dans nos cours et palais de justice. La méfiance et la crainte de témoigner continuent de peser sur certains dossiers et en particulier sur celui du juge constitutionnel Salifou Nébié. Six ans après sa mort, la justice ne pipe mot de ses avancées ou de ses difficultés. C’est donc la chape de plomb sur le dossier. C’est dire que rien de nouveau n’est venu remettre en cause l’infamant rapport d’« expertise médicale » du docteur Chochois comme pièce essentielle dans le dossier judiciaire

Le sixième anniversaire de la mort du juge Salifou Nébié intervient dans un contexte de crise multiple : sanitaire, sécuritaire et sociale. La pandémie à coronavirus a plongé le monde entier dans un état végétatif. Au Burkina Faso, elle vient aggraver une situation déjà fort préoccupante en particulier au plan sécuritaire. Elle entraine comme conséquence la quasi paralysie de notre appareil judiciaire qui ne brillait déjà pas par ses performances. En effet sur le chapitre des dossiers de crime de sang, de nombreuses affaires sont en attente : dossiers Thomas Sankara, Dabo Boukary,  Salifou Nébié, les affaires liées au terrorisme telles Yirgou et plus récemment celle des 12 morts de la gendarmerie de Tanwalbougou dont la justice dit s’en être saisie.  Malheureusement toutes ces affaires pâtissent des maux de notre justice dont les acteurs ne semblent pas avoir pris conscience du moment historique particulier caractérisé par les fortes attentes des Burkinabé. Le juge Salifou Nébié dont nous commémorons l’anniversaire de la mort est doublement victime de la barbarie des « méchants » et du « silence des gens bien». Il est l’illustration parfaite des causes oubliées parce que orphelines.

En ce sixième anniversaire de l’assassinat du juge Nébié Salifou, le Collectif salue une fois de plus la mémoire de ce patriote illustre sacrifié à l’autel de l’intolérance et de la barbarie. Il déplore la lenteur voire l’inaction qui caractérise le traitement du dossier judiciaire et invite la Chancellerie à prendre tout acte de nature à perpétuer la mémoire de ce haut magistrat

Le collectif saisit également l’occasion pour saluer la mémoire de Issaka Luc Kourouma décédé le 26 mars 2020 des suites de maladie. Intrépide artisan du Collectif Justice pour Salifou Nébié, il a de son vivant œuvré à garder allumé le flambeau de la lutte contre l’impunité et l’oubli. Paix à son âme !

Pour le Collectif Justice pour Salifou Nébié

  • Germain Bitiou NAMA
  • Boukaré Conombo
  • Issaka Nignan
  • Djibril Didigui de Luglu

 

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