Mandat d’arrêt contre un célèbre «démarcheur»

Le tribunal correctionnel de Banfora a condamné à l’issue de son audience du mardi 23 février 2021, Daouda, l’une des figures emblématiques des transactions de parcelles dans la « Cité du Paysan Noir ». Le tribunal l’a condamné à une peine d’emprisonnement de six mois de prison ferme et à une amende de 500 000 F CFA. Un mandat a été émis contre lui. Le péché de ce dernier est sa non-comparution à la barre, ce qui a entraîné un report du procès à plusieurs reprises. Daouda était accusé de complicité de stellionat pour la vente d’une parcelle au secteur 7 de Banfora au profit du sieur Dramane. En clair, il a été poursuivi pour complicité dans la vente d’une parcelle à usage d’habitation dont la propriété était disputée. Selon les faits exposés à la barre, Daouda a été l’intermédiaire (démarcheur) dans l’affaire de l’achat de la parcelle. Après son acquisition, il s’est posé un problème de propriété entre Dramane et une autre personne ayant ses documents et qui avait même commencé à investir sur le terrain. Après des démarches pour comprendre cette double attribution, le problème restera dans une impasse. Plusieurs mois après, le sieur Dramane en difficulté financière pour cause de maladie, a encore fait recours à Daouda, pour revendre la même parcelle. Sans hésiter, Daouda qui était bel et bien au courant du litige de propriété de ce terrain, est parvenu à trouver un acquéreur pour Dramane. Le tribunal a donc condamné Daouda par contumace. Quant à Dramane qui a comparu librement, il a écopé d’une peine d’emprisonnement d’un an avec sursis et une amende de 500 000 F CFA.

« C’est la première fois que je vole»
Agé de 21 ans et domicilié à Fada N’Gourma, D.S. est célibataire sans enfant. Poursuivi pour vol, il a comparu, hier mercredi 24 février 2021, devant le tribunal correctionnel de Fada N’Gourma. Le prévenu aurait soustrait un bélier d’un troupeau de moutons, dans les broussailles à la sortie-Est de la ville. Alors qu’il tentait de vendre l’animal au marché de bétail à 27 500 F CFA, il a été interpellé par des Kolgweogos. Ceux-ci auraient été alertés par un homme qui a trouvé curieux qu’un tel bélier puisse coûter seulement 27500 F CFA. A la barre, l’accusé a reconnu les faits avant d’implorer la clémence du tribunal. « C’est ma première fois de voler », a-t-il juré. « Faux ! », a rétorqué T.C., un responsable Kolgweogo. « Il ment. Ce n’est pas la première fois. Il a déjà volé un mouton et nous l’avons attrapé », a avancé T.C. Pour le parquet, l’infraction est bien constituée. Il a requis, à l’encontre de D.S., une peine d’emprisonnement ferme de 12 mois et une amende de 500 000 F CFA. A sa suite, le tribunal a reconnu le prévenu coupable. En répression, il l’a condamné à 24 mois de prison assortis de sursis et une amende de 500 000 F CFA. Le président du tribunal a saisi la balle au bond pour conseiller D.S. « Vous devez en profiter pour vous resocialiser », l’a-t-il averti.

Des démarcheurs voleurs
T.N. et C.S. sont deux jeunes célibataires domiciliés à Fada N’Gourma. Tous nés en 2002, ces deux adolescents étaient devant les juges pour répondre des faits de vol. Selon les explications de T.N. et de C.S., un étranger en quête d’une maison à louer a sollicité leur aide. « D’abord, il nous a demandé si nous ne connaissions pas un endroit dans lequel il pourrait trouver de la drogue pour acheter. Nous lui avons dit que nous n’en avons aucune idée. Ensuite, il nous a signifié qu’il est à la recherche d’un logement pour deux semaines avant de continuer au Ghana », a relaté T.N.
A l’entendre, son ami et lui se sont proposés de l’aider, moyennant une contrepartie pécuniaire. Le marché conclu, les deux jeunes auraient immédiatement conduit leur hôte dans une cour commune. « Le bailleur était absent et nous avons sollicité son contact téléphonique avec une dame qui habite la cour. Quand nous l’avons appelé, il nous a proposé de revenir le soir », a poursuivi TN. Selon toujours ses propos, la victime, après avoir dévoilé le contenu du sac à la locatrice, l’a déposé dans l’une des pièces inhabitées de la maison pour aller faire une course. C’est à ce moment, que l’idée de dérober le sac contenant des vêtements est venue aux deux jeunes. A son retour, la victime s’est rendue compte que ses bagages avaient disparu. Et la locatrice aurait témoigné que le sac a été emporté par C.S. Le lendemain, la victime a réussi à mettre la main sur les deux jeunes avec l’intervention des Kolgweogo. A la barre, T.N. a affirmé qu’il a été l’instigateur du vol. Les deux prévenus ont reconnu les faits qui leur sont reprochés, avant d’affirmer avoir restitué le sac et son contenu à son propriétaire. Pour le procureur du Faso, en ce qui concerne C.S., l’infraction de vol est suffisamment constituée parce qu’il y a eu soustraction frauduleuse d’un bien appartenant à autrui. Par contre, s’agissant de T.N., le parquet a souhaité que l’infraction soit requalifiée en complicité de vol. De ce fait, il a requis que les deux « copains » soit chacun condamné à une peine d’emprisonnement de 12 mois avec sursis et à une amende de 500 000 F CFA. Pour T.N., dans le sens de la requalification des faits, il a requis qu’il soit condamné à la même peine que son co-prévenu. Le tribunal a suivi le ministère public dans sa réquisition.

Des proxénètes à la barre
E.O., D.N. et C.F., tous de nationalité étrangère comparaissaient, hier mercredi 24 février 2021, à Ouagadougou pour faits de traite de personnes, de proxénétisme et de viol de mineures. Leurs déboires ont débuté quand E.O., danseur dans son pays, a décidé de déposer ses valises au Burkina Faso pour continuer son « boulot ». C’est ainsi que trois filles, des prostituées, l’on supplié, selon ses propres termes, de le suivre au pays des Hommes intègres.
Mais, ni E.O. ni les filles ne connaissaient le Burkina. L’une des filles lui aurait même complété son transport pour convaincre E.O. de leur soif de venir poursuivre leur « travail de sexe » en territoire burkinabè. Une fois au Burkina Faso, c’est une certaine C.F., que E.O. avait pris le soin de contacter, qui a hébergé les trois filles. Selon le ministère public, le comble est que les trois « étrangères » ont été « distribuées » par la suite comme des cacahuètes à des individus. C’est dans ce cadre que D.N. va « enlever » l’une des filles pour avoir des relations sexuelles avec elle sous contrainte et sous prétexte qu’il veut en faire sa femme. Le parquet en a retenu le viol contre lui du moment où la fille ne pouvait refuser à cause de sa situation de vulnérabilité. Dans l’ensemble, les trois accusés ont été condamnés à 24 mois de prison fermes pour traite de personnes, proxénétisme et viol.

Le commerçant et les 550 boîtes de peinture
Né le 18 avril 1992, P.T. est commerçant à Ouagadougou. Il a comparu hier mercredi 24 février 2021, pour abus de confiance et a écopé 26 mois de prison fermes. En effet, P.T. devait des millions F CFA à O.T., un commerçant de peinture et d’autres marchandises, pour avoir reçu de ses mains, 550 boîtes de peinture à crédit sur la base d’une fausse identité, en septembre 2020. Comme d’habitude, il prenait les peintures à crédit avec O.T. pour payer dans un délai de deux mois, après avoir livré ces produits à une société de la place. Mais, les relations entre les deux commerçants, qui se sont connus il y a trois ans, ont volé en éclats. Et pour cause, O.T. s’est volatilisé.
Dans sa recherche, P.T. l’a déniché et a porté plainte contre lui. Et l’accusé d’expliquer que les derniers produits ont été livrés hors du Burkina Faso. A ce propos, le tribunal lui a demandé pourquoi il n’a pas réuni les preuves de vente des peintures à l’étranger, par exemple le bordereau d’envoi. P.T. a répondu qu’il a oublié les justificatifs à la maison. Et le tribunal, à son tour, de lui rappeler qu’il devrait au moins donner les preuves à son conseil. Dans sa défense, son avocat a mentionné que son client n’est pas malveillant, parce qu’il peut livrer les peintures à qui il veut pourvu que O.T. rentre en possession de l’argent qu’il lui doit. Son avocat a relevé que la malchance de son client, c’est la vente des produits à l’étranger qui ne lui a pas permis d’avoir l’argent tôt pour « régler » O.T. Malgré la plaidoirie de relaxer P.T. pour qu’il aille chercher les « sous » pour son collègue commerçant, le tribunal a reconnu que celui-ci. a utilisé une fausse identité pour rouler son « camarade » et l’a condamné à la peine évoquée plus haut.

Rassemblés par
Mamadou YERE
Joanny SOW
Boukary BONKOUNGOU

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