Cameroun : en attendant le procès Martinez Zogo

Et on reparle de l’affaire du journaliste camerounais, Martinez Zogo, enlevé et assassiné en janvier 2023, à l’âge de 50 ans. Le vendredi 2 mars dernier, le tribunal militaire de Yaoundé a annoncé le bouclage de l’information judiciaire sur ce dossier qui ne finit pas de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Aussi, cette juridiction a-t-elle annoncé l’ouverture du procès Martinez Zogo dans les semaines à venir. Aucune date n’a été arrêtée pour l’instant, mais cette nouvelle rassure à tout point de vue les proches de l’illustre homme de média, qui piaffent d’impatience de connaitre la vérité. Qu’est-ce qui est arrivé au patron d’Amplitude FM et animateur de l’émission à succès, « Embouteillage », dont le corps avait été retrouvé mutilé ? Les auditions de la vingtaine de personnes inculpées pour divers chefs d’accusation dans l’affaire pourront contribuer, on l’espère, à lever les zones d’ombre et à situer clairement les responsabilités.

Au banc des accusés figurent des éléments et cadres du service de contre-espionnage, la DGRE, à l’image de l’ex-patron, Léopold Maxime Eko Eko et de l’ancien directeur des opérations, le lieutenant-colonel Justin Danwe. Certains d’entre eux sont poursuivis pour assassinat, d’autres pour complicité d’assassinat. Egalement trempé dans l’affaire, le sulfureux homme d’affaires, Jean-Pierre Amougou Belinga est appelé à répondre des faits de « complicité de torture ». En attendant d’être édifié, il faut saluer l’engagement au plus haut sommet de l’Etat camerounais et la célérité avec laquelle la justice a mené l’instruction dans ce dossier. Dans l’entourage du défunt, certains ne pariaient pas un sou sur une instruction dans des délais raisonnables, à plus forte raison s’attendre à un jugement. Sous d’autres cieux, des affaires pareilles ont trainé pendant des décennies, avant de connaitre un dénouement ou pas du tout. Au Burkina Faso, le cas du journaliste de renom, Norbert Zongo, sauvagement assassiné en 1998, en est un exemple. Après la chute de l’ancien Président Blaise Compaoré, trois soldats ont été inculpés. De même que le frère cadet de celui-ci, François Compaoré, poursuivi pour « incitation à assassinats ». Mais depuis lors, il n’y a pas encore de procès Norbert Zongo, la justice burkinabè ayant jusque-là échoué à obtenir l’extradition de François Compaoré. Par comparaison à ce dossier, les proches de Zogo ont de la chance, surtout dans un pays où de nombreux analystes considèrent l’impunité comme une pratique plus ou moins ancrée. Il faut espérer que la vérité sur l’assassinat du journaliste éclate au terme du procès annoncé. Les assassins de Zogo doivent payer pour leur crime odieux.

De par les dénonciations des pratiques maffieuses au sommet de l’Etat camerounais, le célèbre journaliste contribuait à la promotion de la culture de la bonne gouvernance. Au point de paraitre comme la « voix des sans voix ». En fauchant la vie de Zogo, ses bourreaux ont anéanti un espoir pour une jeunesse camerounaise en quête de repères. Ils doivent être punis à la hauteur de leurs actes ignobles.

Kader Patrick KARANTAO

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