Accueil SOCIETE CHRONIQUE DE VENDREDI Ce monde est à «refaire»!

Ce monde est à «refaire»!

Le pauvre voisin lui, nest quun damné de la terre en pleine expiation de ses péchés antérieurs dans les griffes du karma. Pour toi, chacun vit la vie quil mérite, la sentence qui lui revient de droit. Tu prêches la générosité mais tu presses la misère des pauvres pour étancher ta soif de liquidité.
Quand tu pries, cest toujours devant les autres et personne nose profaner ta place de choix avec ses séants malséants. Devant les Hommes, tu cries le nom de Dieu dans toutes les langues et sur tous les toits en scandant ta foi cent fois mais sans loi. Tu nes pas capable de tendre une pièce de 100 F CFA à un mendiant dans la rue mais tu es à même de toffrir un «voyage pieux» à hauteur de millions en «terre sainte» comme si chez toi, Dieu avait quitté ou ny a jamais été.
A ton retour, on taccueille en grande pompe comme on accueille un héros et on taccompagne dans le tintamarre indiscret de la vanité glorifiée. Tu auras le respect de tes fiers comparses ébahis et des badauds ahuris, mais sans la grandeur méritée qui va avec, parce qu’on ne laisse pas ce qui est omniscient et omnipotent chez soi pour aller le chercher ailleurs en villégiature chez les autres.
Il n »y a point de regard divin que celui d’un enfant affamé qui pleur en vain; il n’y a rien de plus divin que le silence assourdissant du marginalisé qui soupire sans fin ; dans le regard larmoyant du déplacé interne qui garde sa dignité entre les dents serrées, il y a un Dieu qui attend un geste d’amour.
Mais de quel amour parle-t-on quand on peut enjamber la misère du voisin grabataire pour aller offrir des vivres aux malades nécessiteux de l’hôpital, sous le regard écarquillé des caméras de la démesure. De quel amour nous nous vantons tant quand nous sommes capables de chasser les orphelins du frère défunt pour aller faire des selfies avec les pensionnaires de l »orphelinat? On peut construire une villa pour sa maîtresse et laisser sa propre mère dans un taudis. Comme c »est inédit!
Il suffit parfois de lire chaque matin et soir les dix commandements pour se rendre compte que Dieu n »est pas loin de nous. Il suffit de se mettre à la place de l’autre qui souffre pour se rendre compte que l’empathie est un sentiment divin et sans cet élan du cœur, nous nous prosternons devant le vide.
Cette chronique est peut-être trop débile pour être un évangile. Elle na pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit. Elle ne pèse même pas plus que le bout de verset que tu récites mille fois sans te taire. Elle pose les questions de l’enfant qui apprends à parler: «qu »est-ce que le bien et à quoi ressemble-t-il? Qu’est-ce que le mal et comment peut-on le reconnaître ?
Qui est vraiment Dieu et que nous veut-il en un mot entre deux maux? Quelle est le sens de notre présence sur terre et pourquoi sommes-nous là? Qu’est-ce que l’amour du prochain et qui est-il ce prochain? Pourquoi y a-t-il des riches et à quoi servent les pauvres? Qu’est-ce que la richesse et à quoi renvoie la pauvreté ? A quoi sert l’argent et quelle est son utilité? Bref, c »est peut-être un peu trop enfantin de poser ces questions de plaisantins, mais qui peut y répondre sans verser dans le baratin?».
En vérité, il ny a pas de grandeur dans la taille élancée ou arrondie des hommes. Il ny a point de valeur dans lexubérancequi enfle. Il ny a que de la vanité qui se complait dans la publicité mensongère. Le bien na pas besoin de bruit pour être, seul le mal use de stratagème pour paraître bien et plaire. Souvent, la grâce ou le salut tant cherché est à portée de main, mais nous préférons gesticuler dans tous les sens pour nous donner en spectacle. Sinon chaque matin, nous rencontrons Dieu dans la main tendu du gueux qui larmoie en se lamentant.
Chaque jour, Dieu frappe à notre porte mais seul le chien méchant répond. Chaque soir, le silence douloureux du voisin affamé sentend mais, seule la poubelle de légoïste repu sétouffe et déborde de superflu. Cest drôle de voir que lon peut prier Dieu toute la nuit et rencontrer son voisin le matin sans lui dire bonjour. Sous dautres cieux, on priera Dieu, la main sur la gâchette et dans le collimateur, une croix sur une cible humaine, prête à être massacrée sur une Terre promise par Dieu lui-même mais ensanglantée par une guerre fratricide entre les «Elus ciel» et les «intrus de la terre». Ce monde est à «refaire»!
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr

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