CPI : un terroriste malien face à son passé!

Les défenseurs des droits de l’homme et des familles de victimes des actes terroristes à Tombouctou ont les regards tournés vers la Haye au Pays-Bas où comparait le chef djihadiste Mohamed al-Hassan, commissaire de la police islamique de Tombouctou. Poursuivi pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis entre 2012 et 2013 au Nord-Mali, le terroriste devrait être situé sur son sort à l’issue de l’audience de confirmation de charges, tenue hier lundi 8 juillet 2019 devant la Chambre préliminaire. Mohamed al-Hassan s’était illustré dans la commission d’actes d’horreur dans la ville aux «333 Saints» où il usait de toutes les violences pour imposer la charia, la loi islamique, aux habitants. A la tête de la police du groupe Ansar Dine, il menait lui-même les patrouilles dans les quartiers pour traquer les éventuels contrevenants aux nouvelles règles islamiques.

«Il utilisait la torture pour extorquer des aveux à certaines personnes», relève le rapport de la CPI. Des centaines de coups de fouets étaient donnés en public aux uns et des amputations pures et simples infligées aux autres, selon ses humeurs et le degré de transgression de la charia. La destruction des mausolées, lieux historiques qui abritaient des tombes de hauts dignitaires de l’Islam ainsi que de nombreux enlèvements et viols dans les foyers sont des crimes commis sous l’autorité de l’ex-commissaire al-Hassan. Les habitants de Tombouctou qui se souviennent de ces horreurs inhumaines ne font pas de doute sur le sort de malfaiteur. Ces derniers, qui avaient célébré son arrestation comme une victoire d’étape, attendent fermement de voir le responsable d’Ansar Dine mis face à ses horreurs. Cela pourrait servir de leçons à d’autres groupes armés qui continuent d’écumer le Nord-Mali et par-delà toute la sous-région ouest africaine.

Le commissaire de la police islamique de Tombouctou avait fui la ville en 2013 avant d’être arrêté et transféré le 31 mars 2018 à la prison de Scheveningen à la Haye. Les audiences devront se poursuivre jusqu’au 16 juillet 2019 date à laquelle les juges devront se prononcer sur le dossier. Si les chefs d’accusions venaient à être confirmés par la Chambre préliminaire, le chef djihadiste devrait se préparer pour un procès où il justifiera les amputations, les lapidations et bien d’autres crimes.

En attendant de connaître l’issue de la procédure en cours, il y a de quoi se réjouir de la détention de ce terroriste. La CPI, noyée ces derniers temps dans des polémiques sur ces missions, devrait saisir cette occasion unique pour redorer, un tant soit peu, son blason. En recentrant sa mission sur les crimes terroristes, elle renforcera sa légitimité et obtiendra le consensus tant souhaité au sein des Etats.

D’autant plus que le terrorisme est un phénomène mondial qui menace l’équilibre et la stabilité des nations. A côté du chef de la police islamique, il y a l’ex-chef de guerre congolais, Bosco Ntaganda qui a été reconnu coupable par la CPI de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ce même lundi. Surnommé Terminator, Ntaganda, aujourd’hui âgé de 45 ans, a joué un rôle déterminant dans les atrocités commises entre 2002 et 2003 en Ituri, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), région instable et riche en minéraux, selon les juges de la CPI. Il lui est notamment reproché des viols et esclavage sexuel de mineurs, l’enrôlement d’enfants soldats, des pillages organisés et les répressions sanglantes. Au total 18 chefs d’accusations sont retenus contre l’ex-chef de l’Union des patriotes congolais et de son bras armé, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC). Selon certains ONG, plus de 60 000 personnes ont perdu la vie depuis l’éclatement en 1999 de violences dans cette partie de la RDC. Comme quoi, on ne peut pas échapper éternellement à la justice!

Beyon Romain NEBIE

nbeyonromain@yahoo.fr

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